Politique climatique belge: le manque d’ambition de la Flandre pointé du doigt
Le ministre bruxellois de l’Environnement, Alain Maron (Ecolo), qui préside actuellement la Conférence nationale climat, a annoncé qu’il envoyait le dossier de la politique climatique belge au Comité de concertation entre les gouvernements fédéral et des entités fédérées.
Motif invoqué par le ministre dans un communiqué: les ambitions et actions climatiques « faibles » de la Flandre au regard des objectifs européens à atteindre par la Belgique dans le cadre du Fit for 55, l’ensemble des propositions et initiatives à mettre en oeuvre pour rencontrer l’objectif de l’Union européenne visant à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030; ainsi que les nouvelles exigences institutionnelles et financières de la Flandre concernant les politiques énergétiques et climatiques, « Le refus de la Flandre d’endosser l’objectif de -47% de gaz à effet de serre et sa volonté de régionaliser les accises et la fiscalité énergétique rendent les négociations entre entités très complexes », a ajouté lundi le ministre bruxellois de la Transition climatique.
Alain Maron a également précisé avoir décidé en juillet dernier de ne pas remettre de projet de Plan belge à l’Union Européenne et de continuer les discussions sur la répartition équitable des objectifs contraignants et recettes provenant de l’échange de droits d’émission après avoir constaté que le projet de plan national énergie-climat (PNEC) n’atteignait alors pas les objectifs contraignants, faute à une ambition trop basse et des mesures trop faibles de la part de la Flandre.
D’après lui, la Région bruxelloise et la Wallonie se sont engagées dans leur contribution respective à viser une réduction de 47% des émissions, le Fédéral quant à lui, s’est engagé à prendre des mesures complémentaires pour soutenir les Régions. En revanche, la Flandre affiche un objectif bien inférieur et vise une réduction de maximum 40% de ces émissions. Cela se traduit par un déficit de réduction de 13,7 Mt Co2 en 2030. Soit un coût potentiel de plus de 1,2 milliard d’euros d’acheter les flexibilités prévues par la réglementation européenne en cas de déficit.
Les différents ministres belges du Climat et de l’Energie se sont réunis « et force est de constater que, malgré le travail intense des derniers mois, les ambitions de la Région flamande ne sont toujours pas à la hauteur des enjeux climatiques et des objectifs assignés à la Belgique par la Commission européenne. Du reste la Flandre réitère son opposition de principe à atteindre l’objectif, pourtant contraignant, des -47%, tout en acceptant néanmoins un principe de responsabilisation financière pour les entités. La Flandre demande aussi, dans le cadre de ces discussions, une régionalisation complète de la fiscalité énergétique, ce qui est estimé inacceptable par les autres entités, a encore dit le ministre.
« M. Maron ne semble réaliser que maintenant que la Flandre est sérieuse dans sa position« , a réagi lundi soir la ministre flamande de l’environnement, Zuhal Demir. « Depuis le début, j’ai clairement indiqué que la Flandre ne participerait pas à l’appel d’offres pour des pourcentages inférieurs à -47 %. Les gouvernements dominés par les écologistes et Groen dans notre pays l’ont fait et se sont entendus contre la position flamande, je suppose donc qu’ils accepteront également les conséquences de leur politique climatique. Ne pas le faire serait hypocrite », estime le ministre de la N-VA. « Mais si Ecolo ressent le besoin d’une nouvelle explication lors d’un comité de concertation, je le ferai volontiers. J’ai promis aux Flamands et aux entrepreneurs de les protéger contre les sottises et je n’ai pas l’intention d’y renoncer », a-t-elle conclu.