Plan climat américain: la Belgique met en garde les Etats-Unis contre un affaiblissement de l’UE
« Je suis ravie de voir les États-Unis s’engager dans cette voie-là (du plan climat, ndlr), mais si celui-ci affaiblit le partenaire européen, cela fera le jeu de nos rivaux », a indiqué la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib mardi.
La cheffe de la diplomatie belge effectue une visite de travail Outre-Atlantique jusqu’à vendredi. Des rencontres bilatérales se sont tenues mardi, avec, outre la secrétaire d’État adjointe Wendy Cherman, le sous-secrétaire au commerce Don Graves et la représentante au Commerce Katherine Tai.
La question du plan américain sur le climat et contre l’inflation IRA (Inflation Reduction Act) a été évoquée par la ministre belge. « Nous sommes un partenaire important et nous poursuivons les mêmes objectifs : diversifier notre économie, nos partenaires, et assurer la transition énergétique dans un contexte géopolitique mouvant« , a-t-elle confié. « Tout cela nécessite de prendre des mesures discutées ensemble ».
La ministre des Affaires étrangères a ajouté avoir effectué cette mise en garde au nom des 27, étant la première cheffe de la diplomatie d’un État membre de l’UE à se rendre à Washington après le sommet informel des ministres du Commerce extérieur de Stockholm de la semaine dernière.
Mardi, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a lui aussi affirmé que « les solutions doivent toujours respecter les règles du commerce international, (…) et il est clair que ce qui a été présenté par les États-Unis, sur de nombreux points, ne les respecte pas ».
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’était aussi personnellement rendue à Washington le 10 mars pour une rencontre avec le président Joe Biden, au cours de laquelle un engagement a été pris d’éviter une concurrence délétère dans la course à la transition énergétique. Ce plan semble néanmoins continuer à préoccuper les capitales européennes.
L’IRA est un énorme plan d’aides à la transition énergétique lancé par Joe Biden, soutenant sans complexe le « Made in America » notamment via des incitations fiscales à l’achat de véhicules électriques, et dont les industriels européens redoutent les effets.
Selon Hadja Lahbib, le message a été entendu côté américain. « Il y a un momentum qui arrive avec, en 2024, avec la 13e conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du Commerce. Nous tenons à cette plateforme, même si nous devons rénover l’outil. »
La concurrence que se livrent la Chine et les États-Unis a aussi été abordée. « La déconnexion (avec la Chine) n’est pas réaliste », a-t-elle indiqué. « Elle reste un partenaire commercial important », même si le pays est désormais considéré à la fois comme « un partenaire, un concurrent et un rival systémique. »
« Nous devons absolument éviter une reconnaissance du régime taliban »
« Nous devons absolument éviter une reconnaissance du régime taliban », a déclaré la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib, mardi en marge de sa visite de travail menée cette semaine aux États-Unis.
Outre des rencontres bilatérales, la cheffe de la diplomatie belge a déjeuné à Washington avec des femmes issues de la société civile afghane, « une demande personnelle », a-t-elle confié en fin de journée.
« L’Afghanistan est tenu par des traités qu’elle a signés par le passé, même si c’était avant le régime taliban », a observé Hadja Lahbib, qui a salué le travail de la société civile, son « expertise de terrain » et sa manière de réfléchir « à toutes les manières possibles de contourner » les règles édictées par le régime. « Des femmes travaillent ainsi dans le textile, donnent des cours en ligne, etc. », a-t-elle énuméré. Néanmoins, « le taux de suicide dans le pays est alarmant ». (Belga)
La ministre a aussi relayé la demande formulée par la société civile de développer le lobbying auprès des organisations de coopération islamiques « pour faire pression » sur le régime taliban.