Peindre les villes en blanc : Une révolution énergétique ?
L’idée de peindre les bâtiments en blanc, testée dans des métropoles américaines ainsi qu’à plus petite échelle en France est une solution écologique et économique ainsi qu’un moyen simple de combattre les îlots de chaleur dont souffrent nombre de villes.
Réduisant le besoin de climatisation et en conséquence la dépendance énergétique, les peintures thermiques et leur réfléchissements solaires prouvent être une solution. Cependant, à quel coût ?
Les peintures thermiques ne sont pas nouvelles : en 1996 déjà la NASA développe pour des technologies de revêtement aéronautique une peinture céramique qui inspirera les revêtements actuels. Permettant de réduire la quantité de chaleur transférée à l’intérieur du bâtiment et diminuant la température interne entre 2 et 5 degrés Celsius tout en augmentant la réflexion solaire, le projet n’est désormais plus à son stade d’expérimentation.
En 2008 le physicien Steven Chu, secrétaire énergétique dans l’administration d’Obama, promouvait les bénéfices énergétiques de peindre les villes en blanc. La couleur blanche et son plus grand pouvoir réfléchissant rendant la planète plus réfléchissante, mitigeant l’effet d’îlot de chaleur urbain.
De l’Amérique à l’Europe : un problème commun
Depuis 2010, plus de 10 millions de mètres carrés de toits ont d’ores et déjà été repeints à New York par des milliers de bénévoles, permettant l’utilisation moindre de climatiseurs.
Initiateur de la démarche, le New York White Roof Project affirme sur son site « Un projet de toit blanc est peu coûteux, facile à mettre en oeuvre, soulage le réseau électrique, réduit le smog et crée des changements concrets pour les individus, nos communautés ainsi qu’au niveau mondial. »
À Los Angeles, ville où l’utilisation de la voiture est ancrée dans les habitudes quotidiennes et où les routes jouent un rôle majeur dans la planification urbaine, les autorités publiques ont peint celles-ci en 2018 dans l’objectif de contrer les îlots de chaleur tout en réduisant l’absorption de chaleur. Contrairement au bitume noir qui absorbe 80 à 95 pour cent des rayons solaires, le revêtement blanc CoolSeal réfracte la chaleur et permet de faire chuter les températures ambiantes qui en été peuvent atteindre les 50 degrés.
À plus petite échelle, c’est à Quimper en Bretagne que fût initié le mouvement sur une toiture d’un E.Leclerc. En 2015 la société bretonne Cool Roof, repeint 7.000 mètres carrés de la toiture du supermarché, réduisant de 6 degrés Celsius la température moyenne intérieure et évitant l’émission de 4 tonnes d’émissions de CO2 par an.
Coûts et alternatives
Les avantages énergétiques et écologiques de ces pratiques nécessitent cependant d’être nuancés. Les revêtements blancs, non seulement sont coûteux, mais ils ont une durée de vie généralement limitée à sept ans. Certaines recherches scientifiques démontrent désormais le déplacement de l’impact environnemental. Bien que les maisons nécessitent moins de refroidissement, la chaleur reflétée dans l’atmosphère serait captée par la suie et autres microparticules polluantes qui réchaufferaient l’atmosphère. De même que durant l’hiver les surfaces réfléchissantes solliciteraient davantage de chauffage.
La solution idéale semblerait alors être les panneaux solaires, qui eux, plutôt que de refléter la lumière, l’absorbent. Les « cool roof » ou « toits froids » sont donc davantage adaptés aux régions chaudes et arides.
Pour lutter contre les îlots de chaleur que sont devenues nos villes, ce n’est pas seulement la couleur de nos habitations qui doit être repensée, mais plus globalement, l’usage du béton et notre dépendance aux routes asphaltées.
Jean Castorini
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