Didier Vanderbiest
Nagui et les vaches à hublot
Lorsqu’un animateur populaire met sa subjectivité au service d’organisations animalistes radicales.
Voir un animateur télé profiter de sa situation pour faire passer des idées n’est pas nouveau. Certains peuvent parfois en faire les frais. C’est une démarche risquée lorsque le message que l’on veut diffuser ne cadre pas avec la bien-pensance contemporaine. Le cas qui nous occupe est celui de Nagui qui pratique un rapprochement très tendancieux entre le fait de pratiquer une ruminotomie avec placement d’un couvercle amovible que certains appellent « hublot » et la maltraitance animale.
Je vais d’abord revenir sur ce qu’est la ruminotomie. Ce terme désigne une intervention chirurgicale qui représente la fixation de la paroi du rumen, deuxième estomac des ruminants sur quatre, le quatrième étant l’équivalent de notre estomac à nous, à la peau. Cela s’apparente de manière assez semblable à ce qui est pratiqué chez les humains lorsque l’ablation d’une partie d’intestin a dû être pratiquée. On abouche alors une portion saine à la peau et on place une « poche » afin de récolter les matières fécales court-circuitées de leur sortie naturelle. Cet acte chirurgical est pratiqué habituellement lorsque la vie de l’animal est en jeu. L’exemple le plus souvent rencontré est le tympanisme ou « ballonnement » chronique. Il faut savoir qu’un rumen de vache est une énorme cuve à fermentation qui contient des milliards de bactéries qui émettent ainsi des quantités colossales de gaz dont le fameux méthane bien connu de tous. Parfois survient un dysfonctionnement avec surproduction de gaz et si on ne permet pas à ce dernier de sortir par un trou béant laissé ouvert, l’animal gonfle et meurt d’asphyxie. Le rumen qui peut déjà naturellement avoir une capacité de 100 à 200L chez les plus grosses vaches pousse tellement sur le diaphragme qu’il comprime les poumons et l’animal ne sait plus respirer. Cette opération chirurgicale est donc indispensable à la survie de l’animal.
Ce que Nagui dénonce, pour commencer, se pratique sur un nombre très très faible d’animaux et s’apparente en effet à de la recherche scientifique. Mais pas du tout à de la maltraitance ! L’objectif de cette recherche est d’optimiser certains aliments, voir ce qu’il se produit au niveau de la flore ruminale lorsqu’on donne tel ou tel aliment, mais aussi de faire en sorte que nos vaches tant décriées à tort produisent moins de méthane et ainsi participent moins au réchauffement climatique.
Est-il nécessaire de redéfinir ce qu’est la maltraitance ? Je ne le pense pas. Il me semble que tout individu sait juger par lui-même ce qu’est la maltraitance. Pour revenir à la « vache hublot », c’est simplement le fait de suturer la paroi du rumen, naturellement très proche de la peau avec cette dernière. Et cela dans un cadre aseptisé parfait par des chirurgiens spécialisés à cette technique. S’il devait y avoir maltraitance ou souffrance animale, cela se verrait. Il suffirait déjà d’analyser le cortisol sanguin pour s’en rendre compte. On constate que les animaux qui ont subi cette intervention se portent à merveille ! Un chien battu se porte bien !? Un cheval laissé à l’abandon sans boire ni manger, ça ne se voit pas au premier coup d’oeil !?
Le jugement de Nagui, grand défenseur des animaux, et sans doute végane en devenir s’il ne l’est pas encore, est totalement subjectif et démontre sa méconnaissance du sujet. Qu’il pense ce qu’il dit est son droit le plus strict, mais qu’il utilise sa position publique pour faire passer des idées fausses et influencer l’opinion publique est inacceptable. Je le répète, le placement de ce bouchon amovible qui permet de pratiquer des prélèvements de « jus » de rumen est une opération bénigne qui n’a strictement rien à voir avec de la maltraitance animale.
Un autre argument utilisé par les opposants à cette pratique est qu’elle s’utilise à des fins de recherche pour ensuite développer des vaches toujours plus productives et que cela va à l’encontre d’un nouveau modèle sociétal environnementaliste anti-productiviste dont les près sont peuplés de coquelicots, le tout dans une économie circulaire, locale et durable. Là, nous ne sommes plus dans la maltraitance. Et Nagui en émettant son jugement sert en fait les intérêts de certaines organisations toujours plus puissantes qui veulent influencer par tous les moyens notre mode de pensée.
Nagui rentre dans un rôle d’idiot utile en allant à l’encontre de toute objectivité dans une matière qu’il ne maitrise absolument pas. Comme on dit… quand on n’y connaît rien, on la ferme.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici