Pascal Canfin © Belga

Loi européenne de restauration de la nature: libéraux et socialistes prêts à soutenir à Strasbourg la position du Conseil

Le groupe libéral Renew Europe a déposé au Parlement européen des amendements reprenant l’approche approuvée au Conseil (États membres) le 20 juin dernier sur la « restauration de la nature », afin d’accroître les chances d’un vote favorable mercredi prochain en plénière, sur ce dossier combattu par le Parti populaire européen (PPE). Les socialistes de S&D sont disposés à suivre cette voie, ont-ils indiqué jeudi.

Une semaine après avoir constaté le rejet d’une proposition de compromis (sur une rare égalité de 44 voix contre 44), le président de la commission de l’Environnement du Parlement européen, Pascal Canfin, a annoncé ce mercredi que son groupe des libéraux et macronistes (RE), le 3e en importance dans l’hémicycle, avait déposé l’orientation générale du Conseil.

« Ce faisant, nous espérons que nous nous donnerons plus de chances de remporter le vote en plénière la semaine prochaine. Cette toute première loi européenne pour restaurer la nature signifie aussi plus de résilience face au changement climatique« , a souligné le Français, dont le groupe reste divisé sur ce dossier.

Lors d’une conférence de presse jeudi matin, le vice-président du groupe des socialistes et démocrates (S&D) en charge du Pacte vert, le Néerlandais Mohammed Chahim, et le négociateur S&D sur ce dossier, l’Espagnol César Luena, ont indiqué que leur groupe, le 2e en importance, était disposé à soutenir lui aussi cette orientation générale du Conseil, tout en avançant encore une douzaine d’amendements. Poussé par son chef de groupe Manfred Weber (CSU bavaroise), le premier groupe de l’hémicycle, celui des conservateurs pro-européens du PPE, a quitté il y a quelques semaines les négociations entre groupes politiques, bien décidé à faire échouer ce dossier du vice-président de la Commission en charge du Pacte vert, le socialiste néerlandais Frans Timmermans, au prix d’une alliance avec les conservateurs eurosceptiques (CRE) et l’extrême droite (ID), et d’un relatif désaveu de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen (CDU allemande).

La proposition de règlement vise à restaurer les écosystèmes, les habitats et les espèces dans l’ensemble des zones terrestres et marines de l’UE. Le texte initial de la Commission demande notamment aux États membres de mettre en place des mesures de restauration couvrant, d’ici à 2030, au moins 20% des zones terrestres et marines de l’UE et, à terme, d’ici à 2050, l’ensemble des écosystèmes ayant besoin d’être restaurés.

Ses détracteurs y voient une menace pour le développement de projets économiques, industriels ou de logement, ainsi que pour les agriculteurs et la sécurité alimentaire, tandis que ses partisans crient à la désinformation et soulignent que c’est bien le changement climatique et la perte de biodiversité qui menacent la sécurité alimentaire et l’agriculture.

Au Conseil du 20 juin dernier, les ministres de l’Environnement de l’UE avaient dégagé une majorité qualifiée pour un mandat de négociation « qui va dans la bonne direction« , selon les ministres de l’Environnement de Belgique (la N-VA Zuhal Demir pour la Flandre et les Ecolo Zakia Khattabi, Céline Tellier et Alain Maron pour le Fédéral, la Wallonie et Bruxelles). Le Conseil attend maintenant que le Parlement trouve une position commune pour engager les négociations en « trilogue » sur un texte de compromis final.

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