L’herbe à éléphant au secours des sols pollués
La stabilisation des polluants métalliques dans la terre grâce aux végétaux, c’est le but du projet Wallphy, débuté en 2017 qui propose de recourir à la phytostabilisation.
En raison de son passé industriel, la Wallonie compte de nombreuses terres polluées. Pour résoudre le problème, le projet Wallphy, débuté en 2017, propose de recourir au phytomanagement, notamment à une de ses déclinaisons: la phyto- stabilisation. Entendez: la stabilisation des polluants métalliques dans la terre grâce aux végétaux. Un essai grandeur nature est en cours à Ciney. Au printemps 2020, quelque 16 000 rhizomes de miscanthus ont été plantés dans une ancienne décharge de remblais d’environ un hectare. Ils donneront de nouvelles pousses pendant au moins vingt-cinq ans.
Le miscanthus, aussi appelé herbe à éléphant, n’a pas une fonction dépolluante en soi. « Par contre, cette plante confine la pollution métallique au niveau de sa rhizosphère, c’est-à-dire de son système racinaire. Cela permet de limiter le lessivage des métaux vers les eaux, telles que les rivières et les nappes phréatiques. Mais aussi de réduire l’érosion du sol, et donc le risque de dispersion des polluants dans l’air », explique Aricia Evlard, cheffe du projet Wallphy chez Valbiom, une asbl dont la mission est la valorisation de la biomasse.
Culture peu exigeante en intrants, peu sensible aux maladies, le miscanthus est connu pour son aspect attrayant, avec ses gros pompons beiges et soyeux, mais aussi pour son gigantisme. D’ici à 2022, les tiges des graminées plantées à Ciney mesureront trois mètres de haut. Elles seront alors coupées et valorisées en carburant vert. Brûlée dans une chaudière à biomasse, la récolte de tiges sur un hectare équivaut à l’énergie fournie par environ 7 000 litres de mazout.
Et l’intérêt économique du miscanthus ne s’arrête pas là: ses longues feuilles, séchant naturellement et tombant sur le sol en un épais tapis, peuvent servir de litière pour animaux ou de paillage dans les potagers pour éviter au terrain de rester nu et ainsi limiter l’évaporation de son eau. Ou encore être transformées en matériaux destinés à l’écoconstruction.
Dans le cadre du projet Wallphy, deux autres sites pilotes ont été sélectionnés pour des expériences de phytomanagement. L’un à Hensies, l’autre à Charleroi. Là-bas, ce sont des arbres de différentes essences qui sont plantés, afin de déterminer leurs capacités à confiner les polluants dans la terre – voire à les en extraire – et à reconstruire des sols déstructurés. En vue de les utiliser, ensuite, sur d’autres terrains pollués.
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