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Les ravages de l’élevage industriel

Aujourd’hui, la quasi-totalité de la production de viande dans les pays industrialisés est issue de l’élevage intensif, une industrie hautement rentable, mais qui fait bien souvent l’impasse sur le bien-être des animaux, et en fin de compte, de ses consommateurs, sans oublier ses effets dévastateurs sur l’environnement. Au menu de cette Journée Sans Viande : les pratiques écoeurantes de l’élevage industriel.

Quelle différence y a-t-il entre un morceau de viande provenant d’une petite exploitation et un autre issu de l’élevage industriel ? En apparence, aucune. Mais leur parcours avant d’arriver dans les rayons de nos supermarchés est quant à lui bien différent. Si les animaux de ferme vivent paisiblement au grand air et disposent d’une nourriture équilibrée jusqu’à ce qu’ils soient fin prêts pour l’abattage, le sort de leurs compagnons d’infortune dans l’industrie de la viande est nettement moins enviable. Âmes sensibles, s’abstenir.

Avant de finir dans nos assiettes, les volatiles – comme les poulets, les poules, les dindes et les canards – passent leur vie les uns sur les autres, dans une obscurité quasi totale et sont souvent amputés d’une partie du bec avec une arme chauffée à blanc afin d’éviter qu’ils ne s’entre-dévorent. Les scientifiques ont beau dire que les volatiles ne souffrent pas trop, une grande partie d’entre eux meurent après la débècquetage.

Ces oiseaux, qui vivent au milieu de leurs déjections, tombent souvent malades et meurent sans que personne ne remarque rien, ce qui signifie aussi que les oeufs frais roulent aux côtés des animaux malades et des cadavres jusqu’à ce que quelqu’un les aperçoive au milieu des animaux entassés dans les cages.

Quant aux millions de poussins qui ne présentent aucun intérêt pour la production d’oeufs (autrement dit, les mâles), ils sont hachés vivants juste après l’éclosion ou meurent peu à peu d’asphyxie dans les poubelles des entreprises.

Par ailleurs, il n’est pas rare que les animaux soient encore conscients au moment de l’abattage, par électrocution ou ébouillantage notamment.

D’autre part, la viande que nous consommons est souvent bourrée d’antibiotiques, qui ont été administrés aux animaux afin de les garder en bonne santé dans des conditions tellement insalubres qu’elles les rendraient malades autrement – comme le fait de vivre au beau milieu de leurs déjections, d’animaux malades ou morts – ou, dans certains pays, pour accélérer artificiellement leur croissance et ainsi obtenir un meilleur rendement.

Une fois ingérés, ces médicaments ne protègent pas le consommateur, bien au contraire : ils entraînent en effet toute une série de dysfonctionnements dans l’organisme. De plus, on ignore tout de l’effet d’une accumulation de ces substances pour l’organisme humain. Ils contribuent par ailleurs à la prolifération de bactéries mortelles résistantes aux antibiotiques chez l’animal, mais aussi chez l’homme.

Dans les élevages industriels porcins par exemple, où sévit la pneumonie, les animaux sont traités avec de la tétracycline. Mais l’administration d’antibiotiques à ces porcs vivant au milieu de l’urine et des selles qui dégagent des gaz toxiques responsables des maladies pulmonaires est-elle réellement la solution ?

Les truies, utilisées comme de véritables machines à produire, mettent bas chaque année à bien plus de porcelets qu’elles ne le feraient dans la nature. Et, à leur sortie des « cases de gestation », ces stalles métalliques individuelles où elles restent immobilisées pendant les quatre premières et la dernière semaine de gestation environ (quand les lois sont respectées), elles souffrent d’abcès, d’ulcères et de déformations des pattes et des pieds dus à l’espace confiné et au sol en béton ou en métal qui les empêche de bouger et parfois de se coucher.

Du côté des élevages bovins, la situation n’est pas brillante non plus. Si les vaches peuvent, à l’état naturel, vivre jusque 20 ans environ et produire du lait pendant 12 à 15 ans, elles sont tellement usées par les traites intensives qu’elles sont généralement envoyées à l’abattoir avant d’atteindre l’âge de 5 ans.

Leurs veaux doivent quant à eux porter de lourdes chaînes qui les empêchent de devenir hyperactifs dans leurs cages. Ils sont également maintenus dans l’obscurité et souffrent d’une anémie entretenue dans le seul but de rendre leur viande pâle et attrayante.

À cela s’ajoutent la castration à vif des porcelets, l’amputation à vif des queues, le gavage ou au contraire la privation de nourriture afin d’accroître leur fertilité, et les innombrables autres dérives de cette industrie inhumaine dont le seul but est le profit.

Parallèlement à cela, la consommation de plus en plus importante de viande dans les pays industrialisés est à l’origine de nombreux problèmes de santé, dus à un apport excessif en protéines animales, mais a également des conséquences néfastes sur l’environnement et la gestion des ressources.

Selon la FAO, l’élevage serait la deuxième source de gaz à effet de serre. Par ailleurs, l’industrie des élevages déverse chaque année des milliards de tonnes d’effluents, d’hormones, d’antibiotiques et d’autres substances chimiques dans la nature. La déforestation et la désertification, et par voie de conséquence, la disparition des espèces, sont d’autres conséquences du nombre croissant de terres destinées à faire paître le bétail ou cultiver sa nourriture.

Aujourd’hui, la plus grande partie des terres cultivées, et donc de l’eau et des engrais, nécessaires aux cultures, sert en effet à nourrir les animaux destinés à la consommation humaine. L’élevage intensif est donc étroitement lié à l’agriculture intensive dont les effets polluants des produits chimiques comme les pesticides sur les eaux, les sols et l’air ne sont plus à prouver.

La moitié des récoltes mondiales de céréales est ainsi consacrée à la nourriture des animaux. Pour produire 1 kilo de boeuf par exemple, il faut 10 kilos de nourriture alors qu’avec un hectare de légumineuses on produit dix fois plus de protéines… ce qui permettrait de nourrir l’humanité. Un triste constat quand on sait que près 850 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde.

Le sujet n’est pas neuf, mais il peut parfois être bon de taper sur le même clou dans un monde où persistent des pratiques inhumaines, où le coût de la santé constitue un problème majeur et où les ressources sont de plus en plus menacées.

Puisqu’il est l’élément-clé au centre du système, il appartient dès lors au consommateur de réfléchir à sa (sur)consommation de viande et à choisir ses produits de manière éthique et responsable afin de paver la voie vers une industrie aux pratiques plus humaines, plus saines et plus durables.

Pour plus d’informations, voir les sites du CIWF, d’Animal Cross, de OneVoice et de la Protection Mondiale des Animaux de Ferme (PMAF).

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