Les navires doivent ralentir pour protéger les baleines
Lors d’un récent sommet international sur la protection de l’environnement, des écologistes ont lancé l’alerte : si on veut protéger les océans et ses habitants, il faut que les navires ralentissent.
Des délégations de plus de 100 pays se sont réunies à Londres pour un sommet organisé par l’OMI (organisation maritime internationale). La question à l’ordre du jour : comment rendre le secteur du transport maritime plus respectueux de l’environnement ? Selon les experts, le bruit des bateaux qui naviguent à pleine puissance est nocif pour la santé des baleines. D’un côté, il augmente le stress des mammifères marins, de l’autre, il réduit leur capacité à se diriger sous l’eau, et à localiser leurs proies.
Lire aussi notre article : Les jardins en pleine ville, un environnement nocif pour les oiseaux
En passant en vitesse de croisière, les navires contribueront non seulement à la protection des baleines, mais aussi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution atmosphérique. Un point positif pour notre santé et celle de l’écosystème.
Baleines en danger
Dans l’eau, le son se propage à environ 1 500 m/s, soit quatre fois plus vite que la vitesse du son dans l’air. Ce bruit, qui peut sembler banal pour un être humain, a pourtant des conséquences sur la vie marine…
« Le bruit sous-marin, causé par les navires, augmente les niveaux d’hormones liées au stress chez les baleines » explique Regina Asmutis-Silvia, directrice exécutive de Whale and Dolphin Conservation North America. « Cela peut avoir une incidence sur leur capacité à se reproduire et aussi détériorer leur système immunitaire« .
« Parce que les baleines et les dauphins sont fortement dépendants du son pour communiquer, naviguer, socialiser et localiser leurs proies, un océan bruyant est un océan dans lequel leur champ de vision se rétrécit, obligeant les baleines à augmenter l’amplitude de leurs appels « , ajoute l’experte. Or, l’utilisation à outrance de leur capacité vocale a un prix pour les cétacés… Ils abîment non seulement leur organe « sonar », mais augmentent aussi leur stress et perdent peu à peu leur capacité à localiser leurs parents et leurs proies.
Déboussolés, certains mammifères marins entrent parfois en collision avec des navires. « Des vitesses plus basses peuvent réduire les niveaux de bruit sous-marins et, par conséquent, aider certaines populations de cétacés à se rétablir« , conclut Regina Asmutis-Silvia.
Lire aussi notre article : Une baleine échouée sur la plage du Coq
Les multiples avantages du contrôle de la vitesse
Dans une lettre ouverte, 10 organisations (dont la WWF) demandent le contrôle imposé de la vitesse des navires et conseillent au comité de l’environnement de l’OMI de mettre en place une étude d’impact avant d’adopter la règle. Une règle qui, selon eux, présente « de multiples avantages ».
« Le contrôle de la vitesse pourrait être un outil précieux pour l’OMI, en matière de climat, de santé humaine et de vie marine« , indique la lettre. En effet, « la gestion de la vitesse des navires constituerait un levier politique utile » pour :
- Réduire les nuisances sonores sous-marines ;
- Réduire le nombre de collisions de baleines ;
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre ;
- Réduire la pollution de l’air, qu’elle provienne de SOx, de NOx, de particules ou de carbone noir.
L’exemple du Canada
Au Canada, une loi sur le contrôle de la vitesse des navires est passée en 2017 afin de protéger une espèce en voie de disparition, la baleine noire. Le gouvernement a en effet imposé une limitation temporaire de la vitesse des bateaux de plus de 20 mètres à 10 noeuds, lors de leur passage dans le golfe du Saint-Laurent. Une réduction de près de la moitié de la vitesse habituelle d’un navire.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici