Les microplastiques nuisent à la croissance des vers de terre
Encore une mauvaise nouvelle pour la nature : les microplastiques affectent les vers qui vivent dans la couche arable de la terre. Or, stabilisateur de sol, le ver de terre représente un véritable arsenal oeuvrant pour la bonne santé de la biodiversité.
« La contamination environnementale par les microplastiques est maintenant considérée comme une menace émergente pour la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes « , préviennent des chercheurs dans une étude publiée dans la revue Environmental Science and Technology. Elle est la première à examiner comment les microplastiques affectent les vers qui vivent dans la couche arable de la terre (NDLR : terre qui peut être labourée ou cultivée).
Les scientifiques ont découvert que la croissance des vers était ralentie par ce matériau. Le ver ne parvient tout simplement plus à prospérer dans une terre polluée par les microplastiques. Il perdrait même du poids. Une situation qui pourrait, à terme, avoir de graves répercussions sur des écosystèmes entiers, mais aussi impacter la bonne santé de nos cultures. « Les terres agricoles ont été reconnues comme l’un des principaux puits de microplastiques« , précise l’étude.
Le ver, instrument nécessaire à la fertilité des sols
On distingue trois types de lombrics qui agissent sur trois niveaux de profondeur du sol :
- les épigés, vers de petite taille, exercent une action en surface : ils se nourrissent de matières organiques et de débris végétaux. Bref, ils jouent le rôle d’éboueurs.
- les endogés, vers de taille moyenne, exercent une action un peu plus profonde : ils creusent des galeries et mélangent ainsi les matières organiques à la terre avant de s’en nourrir.
- les anéciques, vers de plus grosse taille, agissent encore plus en profondeur : ils récupèrent leur nourriture à la surface, puis l’enfouissent en profondeur. Pour ce faire, ils creusent des galeries verticales.
Le ver serait capable de consommer chaque jour près de 30 fois son volume de terre. En agissant sur ces trois niveaux de profondeur, il permet notamment :
- la stabilisation du sol ;
- la diminution du ruissellement des eaux ;
- la protection du sol contre le phénomène d’érosion ;
- une bonne aération de la terre ;
- l’accroissement des racines végétales grâce aux galeries qu’il creuse en permanence ;
- un meilleur apport nutritif aux végétaux ;
- une meilleure infiltration de l’eau dans le sol ;
- un recyclage des matières organiques ;
- un excellent enrichissement des sols.
Perte de poids
Pour leur étude, les universitaires de l’Université Anglia Ruskin ont ajouté différents types de microplastiques (acide polylactique biodégradable), de polyéthylène haute densité classique (PEHD) et de fibres microplastiques d’habillement (acrylique et nylon) dans un sol contenant des vers de terre à bout rose et des ray-grass anglais (NDLR : des plantes herbacées vivaces).
Après une période de 30 jours, les vers ainsi exposés au plastique perdaient environ 3,1 % de leur poids. En comparaison, des vers placés dans un sol similaire, sans plastique ajouté, ont vu leur poids augmenter de 5,1 %. Si les raisons spécifiques de cette perte de poids doivent encore être élucidées, « on pourrait éventuellement comparer les mécanismes de réponse aux microplastiques chez les lombrics à ceux des vers aquatiques (NDLR : les arénicoles), qui ont déjà été étudiés. Ces effets incluent l’obstruction et l’irritation du tube digestif, limitant l’absorption des nutriments et ralentissant la croissance « , explique le Dr Bas Boots, professeur de biologie et auteur principal de l’étude.
Outre la santé des lombrics, cette pollution pourrait avoir des effets en cascade sur d’autres aspects de l’écosystème du sol, tels que la croissance des plantes. L’étude a d’ailleurs révélé que la présence de microplastiques dans le sol entraînait une diminution du pH du sol, mesure qui influe sur la croissance des plantes. Même du plastique soi-disant « biodégradable » a suscité à une réduction de la hauteur des pousses de ray-grass, tandis que d’autres plastiques ont causé une diminution de germination des graines.
De nombreux sols sont déjà en grande partie contaminés par les microplastiques, qui s’y sont déposés via les eaux usées, les eaux naturelles ou même l’air. L’étendue réelle de cette pollution reste pourtant à ce jour un mystère, malgré plusieurs études européennes déjà effectuées à ce sujet.
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