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Les centrales à charbon allemandes polluent-elles l’air belge ?

Marie Gathon Journaliste Levif.be

La Belgique a connu un important pic de pollution cette semaine. Dans le même temps, l’ONG belge Transport & Environnement publiait un rapport sur les dix plus gros émetteurs de gaz à effet de serre en Europe, dont trois centrales à charbons allemandes situées à moins de 100 km de notre frontière.

Les centrales à charbon produisent aujourd’hui 38 % de l’électricité mondiale, 17 % à l’échelle européenne. En Belgique, la dernière centrale à charbon, située à Genk, a été fermée en 2016. Nous ne produisons donc plus d’électricité avec du charbon.

Cette énergie, très polluante, est problématique à plusieurs égards. Elle contribue pour une large part aux émissions mondiales de CO2, mais elle est également émettrice de nombreuses particules ultrafines, très nocives pour la santé. Sur le long terme, les particules fines ont un impact sur l’espérance de vie (maladies cardio-vasculaires et cancer du poumon), selon l’IR Céline, la Cellule Interrégionale de l’Environnement.

Les voitures sont connues pour émettre un grand nombre de ces particules nocives. « Le trafic est le principal coupable des impacts sur notre santé, surtout sur celle de nos enfants. Nous sommes, en effet, exposés plus souvent et de beaucoup plus près à la pollution des pots d’échappement des voitures qu’à l’air vicié des cheminées du port d’Anvers », rappelle Joeri Thijs, expert en qualité de l’air chez Greenpeace. Mais une nouvelle étude menée par des chercheurs rattachés à l’université de Flinders (Australie) conclut que les centrales à charbon constituent, depuis de nombreuses années, « les sources de particules ultrafines les plus puissantes au monde ».

Or, l’ONG belge Transport & Environnement vient de lister les dix plus gros pollueurs de gaz à effet de serre d’Europe. Si Ryanair est la première compagnie aérienne à entrer dans le classement, le charbon reste toutefois la première source de pollution sur le Vieux Continent, même si ses émissions ont diminué de 11.6 % depuis 2013.

Parmi les 9 centrales à charbon les plus émettrices en Europe, 7 sont allemandes. Trois de ces centrales à charbon occupant respectivement la deuxième, la troisième et la cinquième place de ce classement sont situées dans la région de Cologne, soit à moins de 100 kilomètres à vol d’oiseau de notre frontière. Celle de Weisweiler (cinquième du classement) est située à moins de 30 km à vol d’oiseau de la frontière belge.

Est-il possible que ces fortes émissions impactent la qualité de l’air en Belgique ? Le pic de pollution que nous avons connu en début de semaine a eu lieu pour deux raisons selon l’IR Céline. D’abord les conditions météorologiques et ensuite la concentration de particules fines venant, pour cet épisode-ci, du trafic routier et de l’ammoniac venant des épandages de l’agriculture.

Ce n’est pas pour autant que l’industrie allemande, voire même polonaise, liée au charbon n’a pas d’impact sur l’air que nous respirons en Belgique, rappelle l’agence. Selon ses experts, 70 % de l’air pollué que nous respirons en Belgique provient de l’étranger, mais la Belgique « exporte » également 70 % de sa pollution, via les déplacements de masses d’air liées au vent.

Toutefois, si l’Allemagne décidait de supprimer toutes ses centrales à charbon demain, l’impact immédiat serait assez faible sur la qualité de notre air, affirme IR Céline. « On pourrait quand même éviter quelques épisodes de pics de pollution. Mais l’intérêt serait surtout sur le long terme », affirme l’agence.

Quoi qu’il en soit, la suppression des centrales à charbon en Allemagne, ce n’est pas pour demain. La priorité du pays étant de sortir du nucléaire pour 2022. La sortie du charbon est quant à elle prévue pour 2038, a annoncé le pays en janvier dernier. La combustion au charbon représente aujourd’hui 38 % de la consommation allemande, le nucléaire produit toujours 13.3 % de l’électricité, le gaz représente 7.4 %, tandis que le renouvelable a passé la barre des 40 % en 2018.

En Belgique en 2017, le nucléaire représentait encore près de la moitié de l’électricité produite, 30 % pour les énergies fossiles et 20 % seulement pour le renouvelable, selon les statistiques de la Febeg. À cause d’avaries liées au nucléaire en 2016 et 2017, la Belgique a dû importer 7.4 % de son électricité. En 2018, ce chiffre est passé à 22%, soit trois fois plus que les années précédentes.

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