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Le risque de canicule multiplié par dix à cause du réchauffement climatique

Le réchauffement climatique multiplie par dix le risque d’étés extrêmement chauds en Europe, alors que le risque était seulement doublé il y a dix ans, selon une étude parue lundi dans la revue Nature Climate Change.

En 2004, des experts du Met Office Hadley Centre, au Royaume-Uni, avaient calculé que les émissions de carbone dues à l’homme avaient doublé le risque d’enregistrer une vague de chaleur extrême en été, par rapport à la moyenne historique. Statistiquement, un tel événement –des températures dépassant de 1,6°C la moyenne constatée sur la période juin-août de 1961 à 1990– interviendrait tous les 52 ans, c’est à dire deux fois par siècle.

Dans la nouvelle étude, la même équipe de scientifiques a modifié le scénario, à la lumière du réchauffement climatique intervenu depuis et en utilisant de meilleurs modèles informatiques. Dans les conditions actuelles de réchauffement climatique, on enregistrerait deux vagues de chaleur tous les dix ans, et non plus deux par siècle, ont-ils constaté.

Comme la précédente, l’étude s’est concentrée sur la France, l’Allemagne et l’Italie, les pays les plus touchés en 2003 par l’été le plus chaud jamais enregistré en Europe.

En 2008, une étude de l’Inserm a suggéré que plus de 70.000 personnes étaient décédées dans 16 pays, victimes de la vague de chaleur.

Dans leur évaluation de 2004, les experts britanniques avaient découvert que, statistiquement, un événement comme la canicule de 2003 –un dépassement de 2,3°C des températures moyennes à long terme– avait une probabilité de se répéter tous les mille ans, ou plus. Désormais, ils estiment cette probabilité à quasiment une fois par siècle (tous les 127 ans).

Durant la décennie 2003-2012, les températures en Europe occidentale ont dépassé de 0,81°C celles observées durant la période 1990-1999, une hausse due essentiellement aux émissions de gaz carbonique par l’homme.

L’étude s’est basée sur quatre modèles pour prévoir le réchauffement climatique global d’ici à 2100, chacun fondé sur des niveaux différents d’émissions de gaz à effet de serre.

« L’été 2003 sera considéré comme un épisode extrêmement froid d’ici à la fin du siècle »

Même dans l’hypothèse la plus optimiste, « d’ici aux années 2040, un été aussi chaud que celui de 2003 sera très banal », estiment les chercheurs.

Dans l’hypothèse d’émissions importantes –la tendance actuelle–, « l’été 2003 sera considéré comme un épisode extrêmement froid d’ici à la fin du siècle », écrivent-ils.

« La perception des étés extrêmement chauds va manifestement changer au cours des décennies à venir », soulignent les scientifiques.

L’Organisation météorologique mondiale définit une vague de chaleur comme une période de cinq jours consécutifs au minimum durant lesquels la température dépasse la moyenne locale maximale de 5°C.

La publication de cette étude intervient alors que des négociations internationales se tiennent à Lima avec l’objectif de parvenir à un accord pour limiter le réchauffement à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

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