Le réchauffement climatique a créé des conditions météo plus favorables aux incendies au Canada, selon une étude
Le réchauffement climatique a rendu au moins sept fois plus probables les conditions météo extrêmes derrière la saison des feux qui fait rage dans l’est du Canada cette année, selon une étude publiée par un réseau de scientifiques.
Les chercheurs du World Weather Attribution (WWA) ont déterminé que le changement climatique, provoqué par l’activité humaine, a augmenté la probabilité de températures élevées et de faibles taux d’humidité notamment, ce qui a joué un rôle majeur dans la propagation du brasier.
Le Canada connaît cette année la saison des feux la plus dévastatrice de son histoire. « L’augmentation des températures crée des conditions semblables à celles d’une poudrière dans les forêts du Canada et du monde entier », a déclaré dans un communiqué l’une des chercheuses ayant participé à ces travaux, la climatologue britannique Friederike Otto. « Tant que nous ne cesserons pas de brûler des combustibles fossiles, le nombre d’incendies de forêt continuera d’augmenter. »
Pour leur étude, 16 chercheurs du WWA se sont concentrés sur des feux survenus entre mai et juillet au Québec, afin d’étudier une zone homogène en matière de climat et de végétation. Quantifier l’impact du changement climatique directement sur le nombre de feux ou leur superficie est très difficile, ont-ils expliqué, notamment à cause du rôle d’autres facteurs, comme la cause directe d’un départ de feu ou encore les stratégies employées pour protéger les forêts. C’est pourquoi ils se sont concentrés sur l’effet du changement climatique sur les conditions météo propices aux incendies.
« Véritable brasier »
Les chercheurs ont étudié une mesure appelée « indice forêt-météo », qui combine la température, la vitesse du vent, l’humidité et les précipitations, afin d’estimer le risque de feux de forêts. Ils ont ensuite isolé la période de sept jours durant laquelle les conditions météo étaient les plus favorables aux feux, entre mai et juillet. Selon leur analyse, ces conditions extrêmes ont été rendues deux fois plus susceptibles de se produire à cause du changement climatique. Ce dernier a aussi rendu ces conditions 20% plus intenses, selon l’étude.
Dans un deuxième temps, les chercheurs ont voulu évaluer la sévérité des conditions météo sur toute la saison écoulée. Ils ont pour cela pris en compte les valeurs quotidiennes dérivées du même indice, de janvier à juillet. La probabilité que de telles conditions favorables aux incendies surviennent sur cette durée a été multipliée par sept par le réchauffement climatique, ont-ils déterminé. Elles ont en outre été rendues 50% plus intenses.
« Le changement climatique augmente considérablement l’inflammabilité du combustible disponible pour les incendies de forêt, ce qui signifie qu’une simple étincelle, quelle qu’en soit la source, peut rapidement se transformer en un véritable brasier », a expliqué Yan Boulanger, chercheur pour le ministère canadien des Ressources naturelles, qui a participé à ces travaux. La période de mai à juin a été la plus chaude enregistrée au Canada depuis le début des relevés en 1940. Les fortes températures ont entraîné la fonte rapide de la neige au mois de mai, permettant aux feux de se développer de façon précoce.