Arnaud Zacharie
La Belgique doit assumer sa juste part du financement climat (carte blanche)
Le sommet international du 12 décembre prochain, marquant les cinq ans de l’Accord de Paris, représente un moment clé pour la justice climatique et le financement climat international. La Belgique, qui s’était présentée les poches vides il y a cinq ans, doit assumer sa juste part du financement climat.
Comme un mauvais souvenir
Il y a cinq ans, à l’ouverture de la COP21, la Belgique est arrivée les mains vides, ou presque, à Paris. L’absence d’accord suffisamment clair et ambitieux, notamment concernant le soutien envers les pays en développement, avait vu la Belgique décrocher un prix déplorable : celui de Fossile du jour, décerné aux pires cancres de la COP21 et ce, dès le premier jour du sommet. Et pour cause, au-delà du flou qui entourait cet imbroglio belge, la contribution annoncée pour le financement climat était (et est toujours) largement en deçà de ce qu’on peut attendre d’un pays aussi riche et d’un émetteur aussi important que la Belgique.
Une responsabilité et une capacité
Cinq ans plus tard, la même situation se profile : l’engagement belge pour le financement climat expire à la fin de cette année et rien n’est encore prévu pour la suite. Or, selon l’Accord de Paris, 2020 est l’année à partir de laquelle les pays développés doivent honorer collectivement l’objectif de 100 milliards de dollars annuels pour soutenir les pays en développement, via le financement climat international. Afin de respecter ses engagements internationaux, la Belgique doit donc rapidement adopter une nouvelle contribution, juste et équitable. La contribution actuelle de 50 millions d’euros annuels, promise depuis 2010, est loin d’être suffisante. L’argument selon lequel nous sommes un « petit pays » n’est pas valable : notre responsabilité historique et notre capacité nous obligent à en faire dix fois plus.
Pas de réelles ambitions climatiques sans solidarité
Le financement climat n’est pas uniquement une question de justice et de solidarité. C’est également la clé pour faire de l’Accord de Paris un succès et assurer une limitation du réchauffement global au seuil vital de 1,5°C. En effet, si les pays développés n’assument pas leur part du contrat, les pays en développement ne respecteront pas leurs engagements climatiques et les objectifs de l’Accord de Paris ne seront dès lors pas atteints. Par ailleurs, la crise mondiale de COVID-19 n’a pas seulement des conséquences sanitaires, elles sont aussi économiques et sociales. Les pays en développement, qui sont les principales victimes du changement climatique, ont vu leur situation de vulnérabilité empirer avec la pandémie. Plus que jamais, des ressources suffisantes sont nécessaires pour lutter contre les inégalités mondiales, qu’elles soient climatiques ou économiques.
La complexité institutionnelle ne peut être un éternel prétexte à l’inaction
L’inaction de la Belgique découle de sa complexité institutionnelle, mais ce n’est pas une fatalité. En 2015, les gouvernements fédéral et régionaux avaient fini par réussir à s’entendre sur un engagement national, conclu sous la forme d’un accord politique. L’accord du nouveau gouvernement fédéral affirme vouloir « honorer les engagements dans le cadre des Accords de Paris en ce qui concerne le financement climatique« . L’opportunité est là : le 12 décembre prochain, un important sommet international est prévu à l’occasion du 5ème anniversaire de l’Accord de Paris. Cependant, la condition sine qua non pour qu’un Etat puisse y prendre la parole est qu’il communique un nouvel engagement.
Une occasion unique de joindre le geste à la parole
Le message est clair : sans le respect des engagements financiers des pays développés à l’égard des pays en développement, les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris ne pourront être atteints. Le gouvernement fédéral, conjointement avec les Régions, doit saisir ce momentum pour annoncer une nouvelle contribution nationale pour le financement climat international, à la fois suffisante et équitable aux regards des enjeux et de l’urgence de la situation.
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