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Feux de forêt précoces en Australie: « Ce n’est pas la nouvelle norme, c’est bien pire »

Alors que l’Amazonie est toujours en feu, l’autre côté du monde brûle. Les « feux de forêt printaniers » en Australie ne présagent rien de bon pour cet été.

La saison des feux de forêt en Australie, où le printemps approche, a commencé remarquablement tôt et de façon dévastatrice cette année. C’est le pire démarrage de l’histoire et on craint que cela ne présage la pire saison d’incendies de forêt de l’histoire de l’Australie.

Aux antipodes, ils sont habitués aux feux de forêt, mais cette année, ce n’est pas comme d’habitude. Dans l’État du Queensland et dans le nord de la Nouvelle-Galles-du-Sud, les pompiers combattent depuis plusieurs jours plus de 140 feux de forêt violents. De plus, la situation ne va probablement pas s’améliorer de sitôt : environ 65% du Queensland et 98% de la Nouvelle-Galles-du-Sud sont actuellement confrontés à la sécheresse, et les vents forts alimentent les incendies.

Un autre problème est que la saison des feux de forêt peut coïncider avec la saison des cyclones. Et même si les incendies ne font que commencer, on peut déjà se demander si l’Australie est suffisamment équipée pour faire face à des conditions aussi extrêmes. « Ce qui se passe actuellement est historique », déclare Andrew Sturgess, responsable de la prévision des feux de forêt dans le Queensland. « Les incendies n’ont jamais été aussi intenses et si tôt au printemps. »

Forêt tropicale et changement climatique

Les experts attribuent le début précoce des incendies, entre autres, au changement climatique. Si le changement climatique n’est pas une cause directe, il augmente le risque d’incendies plus fréquents et plus intenses. Le fait que les feux de forêt aient maintenant atteint la forêt tropicale subtropicale en plus de l’intérieur sec montre également que les incendies prennent une nouvelle dimension.

Normalement, les incendies ne se propagent pas aux forêts tropicales si tôt dans la saison. « C’est déconcertant de voir ces forêts tropicales généralement fraîches et humides en feu », confie la climatologue australienne Joëlle Gergis au New York Times. « Bien que ces remarquables forêts tropicales humides existent depuis l’époque des dinosaures, les zones humides commencent à s’assécher sur de longues périodes de l’année en raison de la hausse des températures et de la diminution des précipitations, ce qui accroît le risque d’incendies de forêt dans ces écosystèmes fragiles. »

Le Premier ministre australien Scott Morrison reconnaît également qu’il est « assez inhabituel que les forêts tropicales soient en feu » et que le changement climatique « est l’un des nombreux facteurs de tels incidents ». Il rejette la critique selon laquelle son gouvernement ne prend pas suffisamment de mesures pour régler le problème. « Le gouvernement est convaincu que nous devons prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique et nous continuerons de le faire », a-t-il déclaré lors d’une visite dans la région touchée. « Nous sommes l’un des rares pays qui dépasseront même l’objectif de Kyoto de 2020. » Cependant, la coalition conservatrice de Morrison est prudente quant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de peur de nuire à l’industrie charbonnière australienne et par conséquent à la croissance économique.

Des villes menacées de pénurie d’eau

Des dizaines de villes situées en l’Australie pourraient se retrouver complètement sans eau d’ici Noël. S’il n’y a pas de pluie durant ce printemps, plusieurs villes de Nouvelle-Galles-du-Sud devront compter sur de l’eau potable acheminée par camion pour leurs résidents, a fait savoir WaterNSW, la société chargée de la gestion de l’eau dans cet État australien.

Plusieurs rivières devraient s’assécher en novembre, au début de l’été, et, selon l’institut météo local, il n’y a aucun signe que la sécheresse va bientôt se terminer. La ministre de l’Eau pour la Nouvelle-Galles-du-Sud Melinda Pavey estime la situation « critique ». Si ces conditions se poursuivent, bien plus d’autres villes intérieures de l’État se retrouveront dans la même situation d’ici fin 2020.

Sydney a aussi un besoin urgent de pluie. Le niveau d’eau à ses barrages est en effet tombé en dessous de la moitié par rapport à la normale, selon les autorités locales. Le plus long fleuve d’Australie, le Murray, a généralement 5.000 gigalitres (GL) par an entrant dans son système. Au cours des 12 derniers mois, il n’a cependant reçu que 901 GL.

Records de chaleur

En mars, l’Australie a enregistré un record de chaleur pour le quatrième mois consécutif. La température moyenne nationale était 2,13 degrés Celsius plus élevée que la moyenne mensuelle. En janvier, au milieu de l’été australien, une température moyenne de plus de 30 degrés a été mesurée pour la première fois.

Au cours des 50 dernières années, le nombre de journées chaudes en Australie a même doublé et les vagues de chaleur sont devenues plus longues et plus chaudes. Les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les inondations et les cyclones, sont également devenus plus intenses et plus fréquents. « Nous voyons des records battus à droite et à gauche », déclare Robert Glasser, l’ancien chef du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe, au Times. « Ce n’est pas la nouvelle norme. Nous allons assister à bien pire. Le rythme du changement va s’accélérer. »

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