Et si… les abeilles disparaissaient ?
Avec des » si « , on pourrait refaire le monde. Refaisons-le !
Battant de leurs ailes délicates, elles butinent d’une plante à l’autre, assurant ainsi le transport du pollen. Un geste qui peut sembler anodin mais qui permet aux abeilles d’assurer la reproduction de très nombreuses plantes cultivées et sauvages, labeur indispensable à la biodiversité et à la production agricole. Selon Greenpeace, environ 4 000 variétés de fruits et légumes n’existeraient pas sans la pollinisation ; 75 % de la production mondiale de nourriture dépend donc des abeilles. Et comme si ce n’était pas assez, cette main-d’oeuvre gratuite rapporte 265 milliards de dollars par an.
Mais ce déclin des pollinisateurs est donc alarmant. Toujours à en croire l’ONG internationale, les populations d’abeilles domestiques ont chuté de 25 % en Europe entre 1985 et 2005. Sur le banc des accusés : les pesticides et les néonicotinoïdes (catégorie d’insecticides extrêmement nocive pour les pollinisateurs), les pratiques agricoles intensives, la hausse des températures et la monoculture. Les uns empoisonnent les abeilles, les autres les laissent mourir de faim. Depuis les années 1990, un autre phénomène, dont le nom devrait plaire aux adeptes de la collapsologie, provoque la mort massive des butineuses : le syndrome d’effondrement de leurs colonies. Le varroa, un acarien parasite, serait le principal coupable de la décimation de ruches entières durant l’hiver.
Concrètement, à quoi ressemblerait un monde sans abeilles ? Sans surprise, ce serait un désastre. Notre écosystème en prendrait un fameux coup, avec des zones où la nature deviendrait tout bonnement stérile. L’offre de nombreux fruits et légumes diminuerait drastiquement et leurs prix exploseraient. En 2014, pour matérialiser la pénurie alimentaire qui découlerait de la disparation des pollinisateurs, l’enseigne bio américaine Whole Foods Market a retiré de ses rayons l’ensemble des denrées qui, sans eux, ne seraient plus disponibles. Verdict : le magasin était vidé à 52 %. Un coup de com qui met en lumière deux conséquences. D’une part, la diminution du rendement agricole et la rareté, voire la disparition, de certains aliments entraîneraient une insécurité alimentaire. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, si la tendance actuelle se poursuit, » les cultures nutritives telles que les fruits, les noix et autres légumes se verront remplacées par des cultures vivrières comme le riz, le maïs et les pommes de terre, favorisant ainsi les régimes alimentaires déséquilibrés « . La seconde conséquence, elle, est économique. D’après un rapport de 2016 de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), le coût estimé de la fin des abeilles au niveau mondial est évalué à 150 milliards d’euros, soit 10 % de la valeur marchande de la nourriture destinée à la consommation humaine. Concrètement, la production de plusieurs denrées baisserait : les fruits (23,1 %), les légumes (12,2 %), le café et le cacao (39 %), ainsi que les fruits à coque (31 %).
Depuis le 20 mai 2018, les abeilles ont leur journée mondiale. Elles y ont bien droit…
Loïs Denis
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