En Roumanie, la cohabitation précaire entre l’homme et l’ours (reportage)
Attaques contre les troupeaux et les habitants d’un côté, volonté de préserver les ours de l’autre: aux abords des forêts du nord de la Roumanie, la cohabitation entre l’homme et l’espèce sauvage reste précaire.
Un reportage d’Hugo Nazarenko.
La brume recouvre presque entièrement les cimes des Carpates. Un museau sort du sous-bois. Pour les ours, ces forêts de pins et de hêtres constituent la plus grande tanière d’Europe: y vivent entre six mille et dix mille spécimens. Des chiffres qui diffèrent selon que l’on se place du côté des ONG qui oeuvrent à leur protection ou de celui des chasseurs, farouchement favorables à une réduction drastique de cette population, même si la chasse aux ursidés, autrefois très répandue, est interdite depuis 2016. Alors que les attaques contre les troupeaux et les hommes se multiplient, le gouvernement a promis, en août dernier, de lancer une vaste campagne de recensement. « La Roumanie n’a pas vocation à être le zoo de l’Europe », clamait alors le ministre de l’Environnement.
« Les ours nous terrorisent! Ils m’ont pris un porc l’autre nuit, ils ont dévoré les vaches du voisin et, hier, les poules de ma mère. Les enfants n’en dorment plus! », raconte une mère, rencontrée au lendemain d’une attaque nocturne à Vatra Dornei, en Bucovine. Dans cette région du nord du pays, quatorze attaques sur des troupeaux ont été recensées au cours de la seule année 2020. Les ours, présents depuis toujours dans les montagnes, ont modifié leur comportement au contact de l’homme qui a colonisé la forêt et l’exploite désormais en toutes saisons, habituant la bête à sa présence constante. Certains hôteliers des zones touristiques rusent même pour attirer l’animal sauvage au plus près des villes. Nombreux sont les acteurs qui tirent profit de sa présence et chacun défend ses intérêts. En résulte une épineuse question sur laquelle le gouvernement ne parvient pas à faire consensus.
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