En images: le ciel, le soleil et la rivière des ribeirinhos
Au Brésil, on les appelle les ribeirinhos, «le peuple des rivières». Cette dénomination, qui pourrait évoquer le titre d’une fable, reflète pourtant la manière de vivre, bien réelle, de communautés profondément intégrées à l’écosystème amazonien.
La saga des ribeirinhos, reconnus comme peuple traditionnel par l’Etat brésilien en 2007, remonte au XIXe siècle, à l’époque de la ruée vers le caoutchouc. En pleine révolution industrielle, le monde s’arrache le latex, principalement extrait de l’hévéa, espèce endémique d’ Amazonie. De nombreux habitants du nord-est du pays viennent alors y chercher fortune et exercent comme seringueiros, les «saigneurs d’arbres».
Il se raconte qu’ au début du XXe siècle, des milliers de graines d’hévéa furent embarquées clandestinement hors du pays par un explorateur anglais. Le monopole cassé, la filière brésilienne du caoutchouc s’effondra. Les seringueiros, abandonnés par leurs employeurs, se dispersèrent le long de l’Amazone et de ses affluents, dont le rio Negro, où ils subsistent encore aujourd’hui grâce à un mode de vie en harmonie avec l’environnement.
Durant la saison des pluies, les forêts sont inondées par le fleuve en crue. Le quotidien des autochtones se résume à des sorties en pirogue et à des activités diverses, pratiquées dans leurs habitations sur pilotis. L’ autre moitié de l’année, ils réinvestissent leurs terres fertilisées par les alluvions. Naître et grandir ici a appris aux ribeirinhos à dépasser la dichotomie entre l’homme et la nature. Pour eux, une sorte d’osmose relie l’ensemble des espèces dans le grand concert du vivant. Une féerie que même les plus anciens ne se lassent pas de contempler. C’est ainsi qu’à la nuit tombée, certains ont pris l’habitude de se poster sur le perron de leur maison pour observer le spectacle des petits singes-écureuils qui, chaque soir, quittent la forêt pour traverser leur village, sautant de palmier en palmier.
Avec le soutien de Lauriane Mouysset (CNRS, université de Paris-Saclay, Fondation Yves Rocher).
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