Des insectes par millions pour nourrir nos animaux
Ynsect, une entreprise française, lance, avec des partenaires belges, l’une des plus grandes fermes d’insectes. On va y élever des scarabées qui vont finir dans les écuelles de nos chiens et chats.
Cette start-up française veut devenir le leader du secteur et vient de récolter 110 millions d’euros pour se développer. Parmi les fonds d’investissement, on retrouve deux acteurs belges: Bois Sauvage (à hauteur de 10 millions) et Finasucre. Antoine Hubert, 36 ans, a créé Ynsect en 2011 et compte aujourd’hui une centaine de salariés et un carnet de commandes fourni avec une estimation de 70 millions de dollars de chiffre d’affaires sur les quatre prochaines années.
Des scarabées Molitor
Sur un seul site, on va élever les scarabées Molitor, appelés aussi vers de farine. Leurs larves seront ébouillantées avant de les transformer en « une poudre qui va entrer dans la composition des croquettes pour chiens et chats, ou les granulés pour les poissons », précise Hubert sur FranceInter.
Les fermilières
Dans ces fermes à insectes, les larves vivent dans des « fermilières », des structures verticales qui maintiennent l’empreinte écologique à un faible niveau et s’inspirent des termitières peut-on lire dans De Standaard. A l’aide de capteurs, la température et l’humidité sont maintenues constantes. Les animaux sont nourris de façon automatisée et dès qu’ils atteignent leur taille maximale, 95 % sont tués, stérilisés et traités à la vapeur chaude. Les 5 pour cent restants sont utilisés pour la reproduction. La réponse à la question avec laquelle les larves sont nourries déterminera également le prix de revient tout en sachant que celles-ci ne sont autorisées comme ingrédients pour l’alimentation des poissons qu’à condition qu’elles ne soient nourries qu’avec des matières végétales.
« Le marché commence à démarrer sérieusement et devrait représenter plusieurs milliards d’euros en Europe d’ici quelques années », pronostique même Antoine Hubert. Le marché mondial de la nourriture animale est en effet en croissance rapide. En 2017, il était déjà estimé à 500 milliards de dollars par an. Sentant le filon, Ynsect a déjà déposé 25 brevets. Le français Ynsect ambitionne de devenir le premier fournisseur de protéines alternatives pour l’alimentation animale. L’entreprise a également décidé de rajouter des sites de production en France, mais aussi aux États-Unis pour atteindre les 20.000 tonnes de protéines d’insecte par an.
Une bonne nouvelle pour les poissons
L’entreprise souhaite aussi créer « une filière agroalimentaire durable », peut-on lire dans l’Echo, et de « répondre à la demande mondiale croissante de consommation de protéines ».
L’augmentation de la prospérité dans le monde signifie que la demande de viande et de poisson ne cesse d’augmenter. Selon Ynsect, la consommation de protéines augmentera de 52 % entre 2007 et 2030. La pression sur les terres agricoles pour qu’elles cultivent suffisamment de fourrages riches en protéines ne fera elle aussi qu’augmenter. Pour rappel : un kilo de poulet nécessite deux kilos de nourriture, un kilo de porc quatre kilos et un kilo de boeuf six kilos.
Jusqu’à présent, cette demande croissante d’aliments pour animaux a été principalement comblée par la production d’une plus grande quantité de soja. Sauf qu’on ne peut produire du soja à l’infini, car il demande beaucoup d’espace et qu’il est particulièrement sensible aux sècheresses.
La demande en farine de poisson est elle aussi en hausse tout comme son prix : en 2005, une tonne de farine de poisson coûtait 615 dollars, aujourd’hui le prix fluctue autour de 1 500 dollars la tonne. Pour 2025, on s’attend à une pénurie de 3 millions de tonnes de farine de poisson. Une pénurie qu’Ynsect et ses larves espèrent combler.
La farine de poisson étant utilisée pour nourrir leur congénère d’élevage, « chaque tonne de notre protéine d’insectes économise environ cinq tonnes de poissons pêchés », dit Hubert sur FranceInter.
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