
Colruyt, Delhaize ou Bayer paralysés ce week-end? Pourquoi ces entreprises sont dans le viseur de Code Rouge
De vendredi après-midi à dimanche, les militants de Code Rouge organisent une action de désobéissance civile contre l’agrobusiness. Les secteurs de la grande distribution, de la pomme de terre et des pesticides pourraient être touchés. La police se prépare à intervenir.
Code Rouge, clap 5. Les militants écologistes adeptes de la désobéissance civile reviennent ce week-end pour une nouvelle action. Après avoir visé les secteurs des énergies fossiles et de l’aviation, les activistes se tiendront cette fois aux côtés des agriculteurs pour lutter contre l’agrobusiness et les multinationales.
«Les sociétés basées sur l’agrobusiness perpétuent un système fondé sur la surexploitation des ressources naturelles et sur des technologies à forte consommation énergétique, dénonce Chloé Levain, porte-parole de l’action. L’agrobusiness est donc un facteur déterminant de la crise climatique et environnementale.» Code Rouge entend cibler les entreprises qui «tirent les ficelles» du secteur, en imposant leurs pratiques et leurs prix aux agriculteurs, «victimes principales» du système.
1.000 participants attendus
En préambule de l’action, les militants se sont entretenus pendant de longues heures avec des producteurs et des agriculteurs, pour mieux comprendre leurs revendications. Elles se résument en quatre points: des revenus décents («indispensables à la transformation des pratiques agricoles»), la fin du libre-échange pour éviter la concurrence déloyale, l’interdiction de la spéculation sur l’alimentation et l’utilisation des fonds de la PAC à destination d’une agriculture écologique et à plus petite échelle.
Comme à l’accoutumée, les cibles exactes du mouvement sont gardées secrètes jusqu’au début de l’action, prévue vendredi en fin de journée. Sur leur page Instagram, les organisateurs ont toutefois déjà livré quelques indices. Quatre secteurs principaux pourraient ainsi être paralysés par le millier de participants attendus:
La police anticipe
Pour les organisateurs, l’objectif est de s’en prendre aux «personnes qui ont du pouvoir» dans ces entreprises. «L’idée, c’est de contraindre concrètement nos adversaires à changer leurs pratiques, rappelle Chloé Levain. Pour ça, il faut devenir un problème pour eux, en déployant des blocages qui mettront à l’arrêt certaines activités qu’on considère comme nuisibles. Mais l’objectif n’est pas de mettre la pression sur les travailleurs, ni d’embêter les consommateurs dans leur quotidien.» L’accès aux supermarchés devrait donc a priori être garanti, contrairement aux dépôts ou aux sièges des entreprises concernées.
Les forces de l’ordre, déjà présentes en nombre lors des précédentes actions, anticipent ces perturbations. La zone de police de Charleroi a par exemple décidé de reporter un match de football de l’Olympic Charleroi en raison de Code Rouge. Originellement programmée samedi, la rencontre aura finalement lieu dimanche à 18 heures, afin de garantir un maximum d’effectif pour l’action. «On ne sait pas où le blocage est prévu, ni quelle cible exacte il visera, mais nous devons rester disponibles et attentifs pour gérer la situation», confirme Franco Meggetto, porte-parole de la police de Charleroi.
Une «acculturation mutuelle»
De leur côté, les organisateurs de Code Rouge rappellent vouloir «à tout prix» éviter la confrontation avec les forces de l’ordre. «Notre mantra, c’est de garantir la sécurité de tous, insiste Chloé Levain. Mais, souvent, dans ce genre de mobilisation, c’est la police qui dicte le niveau de confrontation. Et, malheureusement, on s’attend à une augmentation de la répression sous ce nouveau gouvernement.»
Concrètement, les blocages (souvent simultanés sur différents sites) pourraient durer jusqu’à 48 heures, de vendredi après-midi à dimanche. L’action sera accompagnée d’une manifestation légale, dimanche matin, et se clotûrera sur une note plus positive par une après-midi de formation, de rencontres et de débats avec les agriculteurs. «Notre objectif, c’est de permettre une acculturation mutuelle entre militants écolos et agriculteurs, pour développer une véritable alliance entre nos deux mondes, insiste Chloé Levain. On espère que cette action pourra raviver leur mouvement de grogne, qui s’est un peu essoufflé en fin d’année dernière, et pourra donner lieu à un enchaînement de manifestations.»
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici