Tina Stege
Tina Stege © Getty

COP27: un groupe de pays ambitieux, sans la Belgique, exhorte à garder en vie l’objectif 1,5°C

Une coalition hétéroclite d’une quinzaine pays qui défendent une ambition climatique élevée a insisté samedi après-midi à la COP27 sur la nécessité d’aboutir à un résultat permettant de « garder en vie l’objectif d’1,5°C », c’est-à-dire de contenir la hausse du mercure mondial à maximum 1,5°C.

Selon les rapports du Giec, chaque dixième de degré supplémentaire accentue les effets délétères du réchauffement climatique. Mais tenir l’objectif d’1,5°C nécessite d’atteindre un pic des émissions de gaz à effet de serre au plus tard en 2025 et de réduire ces rejets de plus de 40% d’ici 2030, ce qui n’est pas, loin s’en faut, la direction prise actuellement par les près de 200 pays présents à Charm el-Cheikh, dans le sud de la péninsule égyptienne du Sinaï.

   « Nous devons sortir de la COP27 avec un ensemble de résultats qui doit garder en vie l’objectif d’1,5°C et protège les vulnérables dans le monde« , a exhorté la haute représentante pour le climat de la République des Îles Marshall, Tina Stege, au cours d’une conférence de presse. Les négociations à la COP27 sont particulièrement âpres et débordent de près de 25 heures par rapport au programme initial.

   Pour la « high ambition coalition », qui réunit des petits États insulaires dont l’existence même est menacée par la montée des eaux consécutive au réchauffement climatique, « les décisions de cette COP doivent mettre le monde sur le chemin d’une sortie de toutes les énergies fossiles et d’une transition juste urgente vers les énergies renouvelables », a ajouté Tina Stege, au nom du groupe de pays, parmi lesquels on retrouve également plusieurs pays européens, comme le Royaume-Uni, le Danemark, la France, le Luxembourg, l’Espagne ou encore l’Allemagne. La Belgique n’en fait par contre pas partie.

   Alors que la guerre en Ukraine a contraint les Européens à revoir leur approvisionnement énergétique pour se passer du gaz russe, certains pays rallumant des centrales à charbon très polluantes, les membres de la coalition se disent déterminés à ce que les mesures à court terme pour répondre à la crise énergétique « n’affectent pas » leur ambition climatique.

   Cette coalition appelle également les pays, « spécialement ceux du G20 », à renforcer leurs engagements climatiques (les contributions déterminées au niveau national, ou NDC dans le jargon des négociations climat) et à une transformation de certains secteurs-clefs, comme le transport maritime et l’aviation.

   Ces pays, parmi lesquels on trouve encore le Chili, la Jamaïque ou les Iles Fidji qui avaient présidé la COP23, appellent encore à la mise en place d’un fonds dédié au financement des pertes et dommages, ces dégâts climatiques, parfois irréversibles, déjà constatés dans de nombreux pays, surtout du Sud, à la suite du dérèglement climatique.

   En matière de financement climat, la « high ambition coalition » rappelle la nécessité de doubler à terme les moyens alloués aux pays du Sud pour s’adapter aux conséquences des changements climatiques.

   Cette sortie de la « High ambition coalition » intervient alors que la COP27 joue les prolongations, dépassant de plus de 26 heures son programme initial. Outre le sujet des pertes et préjudices, celui des efforts d’atténuation, via la réduction des émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, figurait au cœur d’âpres négociations entre les près de 200 pays représentés à Charm el-Cheikh.

Toujours pas de fumée blanche

Censée se terminer vendredi à 18h, la 27e conférence climat de l’Onu (COP27) était toujours en cours samedi soir, les près de 200 pays qui négociaient âprement à Charm el-Cheikh, en Égypte, peinant à se mettre d’accord.

Plusieurs sujets sont toujours au cœur des discussions: la question d’une diminution voire d’une sortie des énergies fossiles et l’atténuation du changement climatique, qui passe par une diminution des émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement de la Terre, mais aussi le sujet brûlant des pertes et préjudices, qui concerne les dégâts déjà provoqués par le dérèglement climatique. Les pays du Sud réclament à cor et à cri un financement pour les dégâts climatiques, parfois irréversibles, qu’ils subissent. Les pays du Nord ont renâclé pendant longtemps sur ce point mais un possible accord semblait sur la table samedi.

   Mais rien n’est acquis tant que les négociateurs ne sont pas d’accord sur l’ensemble des points de discussion. L’Union européenne ferraillait notamment pour arriver à un niveau d’ambition le plus important possible sur l’atténuation du réchauffement climatique et ne pas concéder de recul par rapport au « Pacte de Glasgow » conclu l’an dernier à la COP26. Ce pacte vise principalement à « garder en vie » l’objectif de limiter la hausse du mercure mondial à +1,5°C, sachant comme l’enseignent les rapports du Giec que chaque fraction de degré peut accentuer les effets les plus négatifs du changement climatique.

   A 22 heures locales (21h, heure de Bruxelles), aucune séance plénière n’était encore en vue, la présidence égyptienne de la COP27 poursuivant des consultations tous azimuts, notamment avec les chefs de délégation.

   Les COP climat sont habituées à jouer les prolongations, très peu d’entre elles ayant terminé dans le temps prévu. Le record en la matière est détenu par la COP25 à Madrid qui avait débordé d’une quarantaine d’heures.

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