COP27: les tensions mondiales ne peuvent être le prétexte d’un recul climatique, avertit l’Égypte
Hôtesse de la conférence mondiale 2022 sur les changements climatiques (COP27), qui s’ouvre le 6 novembre à Charm el-Cheikh, l’Égypte a averti les nations participantes que les tensions mondiales ne pouvaient servir de prétexte à un éventuel recul des engagements climatiques.
Il y a des craintes, dans la situation actuelle, que des pays fassent marche arrière« , a mis en garde le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukry. « Reculer en raison des circonstances politiques défavorables… en raison de la pression de l’état général de l’économie mondiale, avoir recours à de prétendues circonstances atténuantes pour justifier une marche arrière… Ce serait, je pense, une attitude qui irait à l’encontre du but poursuivi », a déclaré M. Choukry dans un entretien à l’agence de presse allemande DPA.
La « conférence des parties » (COP27) se tiendra cette année sur fond de guerre en Ukraine et de crise des prix de l’énergie et de l’alimentation, des États pouvant être tentés de rogner sur leurs engagements budgétaires pour le climat, alors que, d’autre part, des événements climatiques extrêmes ont ravagé certaines parties du monde. L’Égypte, de son côté, a promis un sommet de « l’action ». « Nous voyons la COP27 comme celle de la réalisation, où les États, les parties, souligneront leur engagement à concrétiser leurs promesses précédentes, et à préparer le terrain à des engagements supplémentaires qui permettront de relever les défis », ajoute le chef de la diplomatie égyptienne.
À ses yeux, le succès dépend de la détermination et de la volonté politique des parties impliquées, ainsi que de la prise de conscience que les pays riches et pauvres sont tous frappés par le changement climatique, « quelles que soient les mers qui les séparent ». Le ministre voit dans les inondations meurtrières au Pakistan, les vagues de chaleur en Europe ou encore les ouragans aux États-Unis, des événements susceptibles de catalyser l’action des parties prenantes.
« Des gens en meurent« , insiste Sameh Choukry, qui présidera la COP27. « Si la communauté internationale, si les parties ne sont pas à la hauteur, elles seront responsables de la détérioration de la situation et de la souffrance continue d’une large part de la population mondiale », avertit-il. M. Choukri dit espérer que les divergences géopolitiques « ne seront pas importées » dans le processus de la COP27. « Il y a d’autres endroits pour discuter de ces sujets. Ici, le focus doit être mis sur le changement climatique ».
Toutefois, le ministre aperçoit « un déficit de confiance » dû à l’incapacité à tenir les promesses passées. En 2009, les pays développés ont promis de fournir 100 milliards de dollars par an pour financer avant 2020 la protection climatique des pays pauvres, une promesse largement non tenue. Pourtant, cet engagement à 100 milliards de dollars est « minuscule » à l’échelle mondiale, vu les capacités des pays développés, dont les budgets atteignent parfois des milliers de milliards de dollars, souligne l’Égyptien. « Cela n’a certainement pas d’impact réel sur les défis du changement climatique. C’est un montant minuscule, qui aurait déjà dû être rempli. Bien sûr, tenir cet engagement reste important, mais nous devons aussi être pragmatiques: il faut en faire bien davantage si cela doit avoir un impact ». Pour Sameh Choukry, délivrer ces fonds est une question de volonté collective.
La COP27 doit examiner comment atteindre l’objectif, fixé dans les accords de Paris en 2015, de limiter l’élévation des températures à 1,5°C. Selon M. Choukry, il est évident que cet objectif est depuis longtemps hors de portée. « Nous devons évaluer les déficiences du passé, mais je pense que cela ne doit pas nous empêcher de maintenir l’ambition pour l’avenir, sinon nous nous retrouverons dans un cercle vicieux d’inefficacité. » Le fait que le sommet se tienne en Égypte renforce les espoirs de l’Afrique de voir les pays riches injecter plus d’argent dans la lutte contre le changement climatique. « Il y a de l’ambition et des attentes, non seulement de la part des États africains, mais aussi plus largement des pays en développement, avec leur capacité à prendre leurs responsabilités et tenir leurs engagements dans un contexte de responsabilités partagées, mais distinctes ».