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COP22 : les ONG belges optimistes à Marrakech malgré l’élection de Trump

Difficile de le nier, malgré le soleil généreux qui berce Marrakech: la victoire du milliardaire républicain Donald Trump à l’élection présidentielle américaine a jeté comme un froid sur la 22e conférence de l’Onu sur le climat. Mais les ONG belges présentes dans la cité marocaine veulent croire que l’élan vers un monde décarbonisé initié par la communauté internationale est irréversible.

Ces derniers mois, les choses avaient plutôt bien avancé. Après l’adoption par 195 pays, à Paris (COP21), du premier accord universel et juridiquement contraignant sur le climat, les ratifications sont intervenues à une vitesse éclair, permettant à l’accord de Paris d’entrer en vigueur le 4 novembre dernier, soit quelques jours à peine avant l’ouverture, le lundi 7 novembre, de la COP22 à Marrakech.

Et puis patatras: les Américains élisaient le lendemain, à la surprise quasi générale, Donald Trump qui avait qualifié quelques semaines plus tôt de « canular » le réchauffement climatique. Ce même Donald Trump qui veut relancer l’industrie du charbon aux Etats-Unis et a menacé, une fois élu, d' »annuler » l’accord de Paris.

De quoi jeter un froid, donc. « Il est indéniable que c’est un choc important et que cela crée beaucoup d’incertitude quant à l’avenir de la dynamique internationale en matière de climat. Mais il faut rester prudent, il est trop tôt pour dire quel sera l’impact réel de cette élection », analyse Noé Lecocq, chargé de mission « Energie-Climat » à la fédération Inter-Environnement Wallonie.

Pour autant, si de nombreux participants à la COP22 ont oscillé entre déception, découragement voire déprime, les ONG ne veulent pas baisser les bras. Et se veulent même optimistes. « Cela doit galvaniser encore plus tous ceux qui veulent que les choses changent dans le bon sens », croit Brigitte Gloire, d’Oxfam Solidarité. « Ce qui a prévalu lors de la réussite de Paris est toujours là, cela n’a pas été porté par un seul pays. »

Car des éléments positifs, il y en a, souligne-t-on. Premier émetteur mondial de gaz à effet de serre devant les USA, la Chine a réaffirmé à Marrakech ses engagements pour lutter contre le réchauffement climatique. Tout comme, par exemple, l’Arabie saoudite.

Plusieurs pays ont ratifié l’accord de Paris depuis l’élection de Trump, ce qui porte désormais à 109 le nombre de ratifications enregistrées par les Nations unies. Et un retrait des Etats-Unis des négociations climatiques pourrait voir certaines parties s’affirmer davantage dans la lutte climatique. « L’Union européenne doit reprendre le lead sur la scène internationale et mener la transition énergétique avec les pays émergents comme la Chine et l’Inde », plaide Véronique Rigot, du CNCD-11.11.11, tout en soulignant les nombreux emplois créés par les énergies renouvelables et la transition vers une économie bas carbone.

Histoire de relativiser quelque peu le « désastre » que représente l’élection de Trump, selon les termes mêmes de Ségolène Royal, Véronique Rigot rappelle au passage que les Etats-Unis forment un Etat fédéral et que certains Etats, comme la Californie, se sont déjà engagés dans la transition énergétique.

Enfin, l’élévation du niveau des mers crée de nombreux problèmes dans des villes côtières et, même, de premiers « réfugiés climatiques » au pays de l’Oncle Sam. « Les habitants de l’île de Jean-Charles, en Louisiane, voient leur territoire sombrer et se rendent à l’évidence: ils vont devoir être relogés ailleurs sous peu », constate Véronique Rigot, pour qui « il n’est donc pas exclu que le président Trump soit rattrapé à terme par la réalité des faits et par leurs conséquences concrètes sur les populations qui l’ont porté au pouvoir ».

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