Climat: le monde ne se prépare pas suffisamment au pire, alertent des scientifiques
L’éventualité d’un enchaînement de catastrophes à cause du réchauffement de la planète est « dangereusement sous-exploré » par la communauté internationale, alertent des scientifiques dans une étude publiée mardi, appelant le monde à envisager le pire pour mieux s’y préparer.
Dans un article publié dans la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences), les chercheurs affirment que trop peu de travaux ont été consacrés aux mécanismes susceptibles d’entraîner des risques « catastrophiques » et « irréversibles » pour l’humanité : par exemple, si les hausses de température sont pires que prévues ou si elles provoquent des cascades d’événements non-encore envisagés, voire les deux.
« C’est sur les scénarios qui comptent le plus que nous en savons le moins », écrit Luke Kemp, du Centre d’étude du risque existentiel de Cambridge.
Plus les recherches sur les points de basculement du climat de la Terre – comme la fonte irréversible des calottes glaciaires ou la perte de la forêt amazonienne – se multiplient, plus il devient nécessaire de prendre en compte les scénarios à haut risque dans la modélisation du climat, explique Johan Rockström, directeur de l’Institut de Potsdam sur les impacts climatiques et co-auteur.
« Les voies de la catastrophe ne se limitent pas aux impacts directs des températures élevées, tels que les événements météorologiques extrêmes. Les effets d’entraînement tels que les crises financières, les conflits et les nouvelles épidémies pourraient déclencher d’autres calamités, et entraver le rétablissement après des catastrophes potentielles telles que la guerre nucléaire », ajoute Luke Kemp.
L’équipe propose en réponse un programme de recherche pour aider les gouvernements à combattre les « quatre cavaliers » de « l’apocalypse climatique » : la famine et la malnutrition, les phénomènes météorologiques extrêmes, les conflits et les maladies à transmission vectorielle.
Les auteurs soulignent que les rapports scientifiques successifs des experts climat de l’ONU (Giec) se sont principalement concentrés sur les effets prévus d’un réchauffement de 1,5 à 2°C.
Mais les actions actuelles des gouvernements placent plutôt la Terre sur la trajectoire d’un réchauffement de 2,7 °C d’ici la fin du siècle, loin des 1,5 °C visés par l’accord de Paris en 2015.
L’étude suggère qu’une certaine tendance scientifique à « privilégier le moins pire scénario » a conduit à ne pas prêter suffisamment attention aux impacts potentiels d’un réchauffement de 3°C ou plus.
Ces chercheurs ont calculé que les zones de chaleur extrême – avec une température moyenne annuelle supérieure à 29 °C – pourraient concerner deux milliards de personnes d’ici à 2070.
Ces températures posent un risque majeur de « pannes de grenier » dues à des sécheresses comme celle qui frappe actuellement l’Europe occidentale et à des vagues de chaleur comme celle qui a frappé la récolte de blé en Inde en mars/avril.
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