Une manifestante tient une pancarte sur laquelle est écrit "Une seule planète", septembre 2022. © Getty

Aucun chef d’Etat ne se rendra au sommet crucial de la COP15 Biodiversité

Aucun chef d’État ou de gouvernement ne participera à la conférence biodiversité de l’Onu en décembre à Montréal, a annoncé jeudi la cheffe de la Convention sur la diversité biologique (CDB).

Traditionnellement, notre conférence des parties s’est déroulée au niveau des ministres », a justifié la secrétaire exécutive de la CDB, Elizabeth Maruma Mrema, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse en ligne à un mois de l’ouverture de la COP15 Biodiversité, prévue du 7 au 19 décembre au Canada.

En 2021, « nous avons organisé un sommet où les chefs d’État ont adopté la déclaration de Kunming », en Chine, « qui indique clairement leur engagement en faveur de l’adoption d’un cadre mondial pour la biodiversité », a-t-elle rappelé, se voulant rassurante, mais « nous n’aurons aucun chef d’État ou de gouvernement » pour l’ultime et décisive partie des négociations à Montréal, a-t-elle annoncé.

Elizabeth Maruma Mrema a insisté sur le fait qu’elle n’était « pas du tout inquiète » quant à la conclusion d’un accord, tout en renouvelant son appel à des engagements ambitieux des nations. « Il sera important de disposer d’un cadre substantiel, et non d’un cadre sur papier sans ambition, sans innovation, sans transformation », juste bon « à décorer nos étagères. »

Depuis trois ans, les signataires de la CDB – 195 pays et l’Union européenne mais pas les États-Unis – tentent de définir un cadre mondial jusqu’en 2030 pour la protection de la nature et de ses ressources indispensables aux humains. Les observateurs espèrent que l’accord final sera l’équivalent pour la biodiversité de l’accord de Paris sur le climat, alors que la communauté internationale a échoué, sur la décennie écoulée, à tenir ses engagements pris à Aichi, en Chine, en 2010.

« Il y a un risque que les négociations ne soient pas fructueuses »

Le projet de cadre comporte actuellement 22 objectifs – dont deux seulement sont pour l’instant approuvés, a précisé Mme Mrema – et le nombre final d’objectifs pourrait changer. Parmi eux, le placement sous protection de 30% des terres et des mers est la cible la plus emblématique du projet d’accord. Celui-ci prévoit aussi des objectifs de réduction des pollutions, de pêche et d’agriculture durable, de restauration des espaces naturels ainsi que des financements.

« Il y a certainement un risque que les négociations ne soient pas fructueuses à Montréal », avait déclaré début novembre le directeur de l’ONG « Campaign for nature », Brian O’Donnell, appelant les hôtes des pourparlers, le Canada et la Chine, à inviter les dirigeants du monde. « Sans cet engagement de haut niveau, nous risquons de ne pas progresser lors de la COP15″, avait-il déclaré.

« L’une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas vu autant de progrès que nécessaire dans le passé est que trop souvent les gouvernements laissent cette tâche aux seuls ministères de l’Environnement », a souligné jeudi David Cooper, secrétaire exécutif adjoint de la CDB.

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