Arabie saoudite: le défi environnemental du hajj
Des milliers d’employés de nettoyage s’affairent à séparer des bouteilles en plastique du reste des détritus: l’Arabie saoudite est confrontée à un véritable défi environnemental après le passage de plus de deux millions de pèlerins dans la région de La Mecque.
Le camp de Mamouniya est parsemé de barils de différentes couleurs –noire pour les déchets organiques et bleue pour les canettes et les bouteilles ou sacs en plastique– dans le cadre d’une initiative pour réduire l’empreinte écologique du hajj, l’un des plus grands rassemblements religieux du monde.
Selon Mohammed al-Saati, responsable de l’assainissement à la municipalité de La Mecque, plus de 42.000 tonnes de déchets sont produites pendant le pèlerinage annuel musulman.
« Nous sommes confrontés à de vrais défis, principalement le volume de déchets produits, le nombre de pèlerins, l’espace limité autour des lieux saints, les différentes nationalités et la météo », a expliqué à l’AFP M. Saati.
« L’islam, en tant que religion, n’encourage pas l’excès », a-t-il dit. « Les pèlerins peuvent être des amis de l’environnement. Ça commence par une prise de conscience dans son pays ».
Le hajj, qui a commencé dimanche et se termine vendredi dans l’ouest de l’Arabie saoudite, a attiré cette année près de 2,4 millions de musulmans du monde entier, selon des chiffres officiels.
Plus de 13.000 agents et superviseurs ont été embauchés par les services d’assainissement pour la période du pèlerinage qui a vu les températures atteindre 44 degrés Celsius.
– « Hajj vert » –
Pendant la semaine, des rues et des allées étaient parfois jonchées de détritus en tous genres après le passage des fidèles.
Une poignée de camps de pèlerins dans la localité de Mina, site du rituel symbolique de la lapidation de Satan, a commencé à mettre en oeuvre des projets pour rendre le hajj « vert », réduire le nombre de déchets et inciter les pèlerins à faire preuve de responsabilité et d’autodiscipline.
Les autorités visent à réduire de deux tiers le volume des déchets d’ici 2030, a dit M. Saati, avec un plan qui tient compte à la fois de l’éthique environnementale et des croyances religieuses.
Les déchets collectés et triés sur les lieux du pèlerinage seront vendus à des entreprises qui s’occupent du recyclage.
Tous les profits seront remis à des organisations de bienfaisance en accord avec la croyance musulmane de la « sadaqa » (charité volontaire).
Alors que le hajj touche à sa fin, des employés, vêtus de gilets vert vif, traversent les ruelles, ramassant des canettes de soda et des bouteilles en plastique pendant que les pèlerins font leurs bagages pour rentrer chez eux.
Des panneaux encourageant les pèlerins à trier eux-mêmes leurs déchets peuvent être vus à travers le camp de Mamouniya, ainsi que des panneaux indiquant « sadaqa, pas d’ordures ».
« L’idée d’un camp respectueux de l’environnement est vraiment importante pour nous afin de préserver le caractère sacré du site », a déclaré Hatem Moumena, directeur général du camp de Mamouniya qui accueille les pèlerins saoudiens ou ceux résidant dans le royaume.
Mais il souligne qu’il reste beaucoup à faire, alors que l’Arabie saoudite espère accueillir d’ici 2030 quelque 30 millions de pèlerins par an.
« Ce n’est que le début », a-t-il dit à l’AFP.
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