Agriculture : pourquoi le prix des pommes de terre a tant augmenté
Près de 66% de la production de pommes de terre sont actuellement conservés dans des hangars. Pour permettre des paramètres de conservations optimaux, les agriculteurs doivent aérer et maintenir une température ambiante stable. Un coût qui se répercute sur le prix des pommes de terre.
La proportion de pommes de terre stockées dans les hangars est en hausse. Selon les estimations des fédérations belges de la pomme de terre (Fiwap, Carah et CPA), il resterait près de 66% de la production des pommes de terre. Une étude réalisée auprès de 200 de leurs membres, à la date du 1 er février 2023. Soit près de 2,44 millions de tonnes de pommes de terre.
Un chiffre élevé que tient à modérer le président de la Fiwap, Pierre Lebrun. « Il faut préciser que la saison de commercialisation a commencé plus tard. Ensuite, il ne s’agit pas de l’ensemble des pommes de terre. Ce ne sont que les pommes de terres de conservation, principalement la variété Fontane. Elles sont destinées à la transformation et sont actuellement stockées dans des hangars ».
Les pommes de terre stockées peuvent continuer à se vendre jusqu’en juin, à condition que la conservation soit optimale. « Il faut que l’entrepôt dans lequel se trouvent les pommes de terre soit correctement ventilé. Cela permet d’éliminer l’humidité et le CO2. Il faut aussi veiller à ce que la température soit constante», détaille le président de la Fiwap, qui ajoute que depuis quelques années, les moyens dont disposent les agriculteurs se sont améliorés, permettant une conservation plus longue.
Le prix augmente, la production baisse
Une conservation qui engendre des coûts pour les agriculteurs. « Avec la hausse des coûts de l’énergie, le prix pour entreposer les pommes de terre a doublé voire triplé. Cela a eu un impact sur le montant que vont payer les citoyens pour des pommes de terre ».
Depuis le début de la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, la valeur moyenne de la pomme de terre est passée de 1,31 € à 1,38 €. Une augmentation moyenne de 7 centimes, soit 5,34%.
Mais il n’y a pas que l’augmentation des tarifs énergétiques qui a eu une incidence sur l’évolution du prix de la pomme de terre. Les deux dernières années, la Belgique a subi de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique. « L’an passé, notre récolte n’a pas été extraordinaire, dévoile Pierre Lebrun. Nous n’avons récolté que 3 millions et 700 000 tonnes de pommes de terre en Belgique. Un chiffre qui est en baisse par rapport aux années précédentes. C’est principalement dû à la sécheresse et aux maladies qui ont sévi dans les plantations de pommes de terre », ajoute-t-il.
Pas d’impact direct sur les agriculteurs
Si 66% de la production est toujours stockée dans des hangars, cela ne signifie pas que les deux tiers de la production ne sont pas encore vendus. « L’essentiel des productions se vend déjà en présaison. Étonnement, si la production a été basse pour l’année 2022, les acheteurs ont été présents et la part libre (NDLR : le pourcentage de pommes de terre qui doivent encore trouver acquéreur) est la plus basse des cinq dernières années. Elle ne représente que 21 % du stock total », soit 510.000 tonnes.
Dans quelques mois, les agriculteurs récolteront de nouvelles pommes de terre. « On espère que la saison de cette année sera meilleure que l’année précédente. On devrait commencer la récolte au début du mois de juillet. Cela veut dire qu’il nous reste encore cinq mois pour écouler les stocks restants. La situation n’est donc pas préoccupante, pour l’instant », espère Pierre Lebrun.
Des disparités en fonction des provinces
Le prix moyen d’un kilo de pommes de terre avant Covid était d’1,28 €. Au fur et à mesure des années, le prix a augmenté.
Il est intéressant de noter qu’il existe des disparités tarifaires en fonction de l’endroit. Le prix moyen est moins élevé au nord qu’au sud du pays. La faute à un taux d’occupation des terres agricoles par les producteurs de patates plus élevé en Flandre qu’en Wallonie. Plus spécifiquement, il y existe des disparités en fonction des provinces. C’est en région wallonne que l’on trouve le tarif le plus cher au kilo, en province de Liège (1,92 €). Pour le kilo le moins cher, il s’agit de la Flandre occidentale (0,87 €), presque deux fois moins cher qu’en province de Liège.
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