Agriculture: les 27 reconduisent l’exemption des droits de douane pour les importations d’Ukraine
Les Etats de l’UE ont approuvé mercredi la reconduction de l’exemption des droits de douane pour les importations agricoles ukrainiennes, mais assortie de « mécanismes de sauvegarde » renforcés pour limiter leur impact, au cœur des récentes manifestations d’agriculteurs à travers l’Europe.
Les ambassadeurs des Vingt-Sept ont validé la proposition de la Commission européenne visant à renouveler pour un an, à partir de juin, cette suspension de droits douaniers pour les produits d’Ukraine et de Moldavie entrant dans l’UE.
Le texte doit désormais être approuvé par les eurodéputés lors d’un vote en séance plénière en avril.
« Nous montrons notre soutien inébranlable à l’Ukraine, tout en protégeant notre marché intérieur d’une augmentation excessive d’importations de certains produits agricoles sensibles« , a réagi Hadja Lahbib, ministre belge des Affaires étrangères, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE.
Les importations d’Ukraine, au cœur de la colère des agriculteurs
Les agriculteurs accusent l’afflux de céréales, œufs et poulets d’Ukraine de plomber les prix locaux, notamment dans les pays riverains, et d’entretenir une concurrence « déloyale » faute de satisfaire certaines normes (volailles élevées en masse…). Les importations de produits agricoles ukrainiens ont bondi de 11% en valeur sur un an en janvier-septembre 2023.
Un sujet particulièrement sensible en Pologne, où le blocage de la frontière par des agriculteurs en colère a provoqué ces derniers jours une violente crise entre Varsovie et Kiev.
Pour répondre à leurs préoccupations, la proposition de la Commission européenne comprend « des mesures correctives » pouvant être rapidement adoptées en cas de « perturbations importantes » sur le marché, y compris si elles ne touchent qu’un seul Etat membre.
Surtout, pour trois produits qualifiés de « sensibles » –volaille, œufs et sucre–-, un « frein d’urgence » est prévu pour « stabiliser » les importations aux volumes moyens importés en 2022 et 2023, niveaux au-delà desquels des droits de douane seraient réimposés.
Pas de quoi satisfaire les agriculteurs européens
Entériné tel quel par les ambassadeurs, cet arsenal de restrictions restera supervisé par Bruxelles, à rebours de l’embargo imposé unilatéralement courant 2023 par des Etats voisins de l’Ukraine au grand dam de la Commission, gendarme de la politique commerciale.
Le secteur agricole juge cependant ces nouveaux garde-fous insuffisants.
Outre la colère toujours très forte des agriculteurs polonais, le Copa-Cogeca –la puissante organisation réunissant les syndicats agricoles majoritaires– et cinq associations sectorielles ont appelé mi-février à durcir drastiquement les restrictions.
Le plafonnement proposé pour trois produits correspond à des volumes élevés « qui ont précisément provoqué » la crise actuelle, tandis qu' »aucune restriction n’est prévue (automatiquement) pour les céréales et le miel malgré l’importante capacité de production ukrainienne », ont-ils déploré dans un communiqué commun.
« Cette approche ne parviendra pas à répondre aux préoccupations des agriculteurs, et entraînera probablement de nouvelles manifestations », ont-ils averti.