3 875 déchets flottants par km²: comment la Belgique veut lutter contre les déchets marins
Si la Côte belge est assez courte, elle est aussi exposée, comme le reste du monde, aux déchets marins. Pour lutter contre ce fléau écologique, les ministres de l’Environnement et de la Mer du Nord souhaitent prévenir leur présence, mais également éliminer ceux qui sont déjà en mer.
3 875 déchets flottants par km² : c’est ce qu’on compte en moyenne dans la mer du Nord en Belgique. Des chiffres qui sont encore plus importants dans les ports et sur les plages, dépassant largement le seuil européen. Pollution plastique, menaces sur la biodiversité… La côte belge ne s’étend que sur 67km, mais est, elle aussi, confrontée aux déchets marins. On estime que quasi toutes les espèces marines ont déjà été en contact avec des matières plastiques, par enchevêtrement ou ingestion.
« Une nouvelle étape vers une mer plus propre »
Comment s’attaquer à ce fléau ? En 2017, un premier « plan d’action fédéral » avait été mis en place. Les mesures, qui se concentraient sur la prévention des macro et micro-déchets, n’étaient pas suffisantes. Le ministre de la Mer du Nord, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), et la ministre de l’Environnement, Zakia Khattabi (Ecolo), ont donc décidé de prendre de nouvelles mesures, dans un nouveau plan d’action fédéral.
Un double objectif : prévenir les déchets marins et éliminer ceux déjà présents en mer. « Une nouvelle étape vers une mer plus propre. C’est nécessaire, car les déchets sauvages causent des dommages importants à la vie végétale et animale. Et tôt ou tard, ça finit littéralement par revenir dans nos assiettes », se réjouit la ministre de l’Environnement, qui met l’accent sur la réutilisation des produits, le recyclage et le tri. « Les déchets marins sont un problème tenace mais heureusement évitable. C’est le résultat d’une culture du jetable. Une culture que nous pouvons changer ensemble. »
La pêche dans le viseur
Parmi les 25 mesures, on retrouve plusieurs axes phare, comme la pêche, souvent pointée du doigt pour ses ravages sur les fonds marins. Le plan vise d’une part à stimuler la collecte de vieux engins de pêche, avec lesquels de nombreuses espèces (phoques, oiseaux de mer, poissons…) risquent de s’empêtrer ou d’être blessés. D’autre part, en cherchant des alternatives en termes de matériaux. Par exemple, pour éviter que les fils des filets de pêche ne s’effilochent et finissent en déchets marin, ou encore pour éviter l’utilisation du plomb, utilisé dans la pêche à la ligne, qui fait du tort à la faune et la flore. La Belgique soutient par ailleurs la proposition européenne visant l’interdiction de la vente du plomb de pêche dans tous les États membres.
Des mesures sont également prévues pour réduire l’utilisation des produits causant la pollution marine, notamment les « produits uniques évitables ». Les bateaux de plaisance, dont les rejets de déchets sont de moins en moins fréquents, seront également au cœur de la sensibilisation. A cet effet, il existe déjà le Blue Flag Initiative, une récompense pour les plages, marinas et opérateurs de vacances en bateau durables, dont bénéficient déjà 39 plages, ports de plaisance et étangs de baignade en Belgique. Les ministres veulent que ce label devienne la norme.
Que faire des épaves ?
Parfois trésors culturels, les épaves ont également un rôle à jouer. On estime qu’il en repose 280 au fond de la mer du Nord belge. Si elles sont souvent riches en histoire, elles favorisent l’accumulation de déchets marins, mettant en péril la biodiversité qui les entoure. Un programme est donc mis en place pour les nettoyer. L’an dernier, « le nettoyage du SS Kilmore a débuté, tout comme le West-Hinder, dont le nettoyage a eu lieu en 2019. Dans ce dernier cas, un total de 4,5 tonnes a été repêché », indique le communiqué.
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Le ministre de la Mer du nord souhaite que notre pays, malgré un littoral de seulement 67 km, soit ambitieux en matière de lutte contre la pollution marine : « Sur nos plages, on compte en moyenne 137 déchets par 100 mètres de ligne de marée. Avec ce plan d’action fédéral, nous devons réussir à freiner la multiplication des déchets marins. »
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