Les signalements pour harcèlement et harcèlement sexuel ont doublé autour de 2023. © Getty images

Deux fois plus de signalements pour harcèlement et harcèlement sexuel

Plus de 1.000 signalements de discriminations liées au genre ont été constatées en 2023. Les femmes sont à l’origine de plus d’un signalement sur deux, tandis que 25% émanent d’hommes.

L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes a traité, l’année dernière, plus de 1.000 signalements de discriminations liées au genre, soit plus du double par rapport à l’année précédente, lit-on mercredi dans son rapport annuel 2023. Le domaine du travail est le plus touché.

Deux tendances se dégagent plus particulièrement: les signalements de harcèlement ont plus que doublé l’an dernier, à l’instar de ceux de harcèlement sexuel. Les signalements de harcèlement sont ainsi passés de 55 en 2022 à 118 en 2023 (+115%). Ils concernent principalement le harcèlement au travail sur base du genre, de la maternité, de l’identité de genre ou de l’expression de genre.

La tendance est similaire pour les signalements pour harcèlement sexuel: de 47 en 2022, ils sont passés à 96 en 2023 (+104%). « Ces chiffres ne constituent que la pointe émergée de l’iceberg », souligne le directeur de l’Institut, Michel Pasteel. « Toutefois, ils indiquent que la société dans son ensemble prend progressivement conscience du caractère inacceptable du harcèlement et du harcèlement sexuel ».

Le domaine du travail reste celui faisant l’objet du plus grand nombre de signalements (32%). Les femmes sont à l’origine de plus d’un signalement sur deux, tandis que 25% émanent d’hommes. L‘accès à l’emploi (37%), les conditions de travail et de rémunération (34%), et la rupture des relations de travail (26%) forment les griefs les plus fréquents. Un tiers des signalements dans le domaine du travail concernaient la maternité au sens large. « Malgré une évolution certaine, le milieu du travail demeure fondamentalement inégalitaire, au détriment des femmes et des minorités de genre. Les biais inconscients dans le recrutement, la rémunération, ou l’attribution des postes à responsabilité continuent de pénaliser ces groupes. L’arrivée d’un enfant au sein de la famille exacerbe encore trop souvent ces stéréotypes de genre », observe Michel Pasteel.

Outre les discriminations, près d’un signalement sur cinq concernait le droit pénal et le droit pénal sexuel, à savoir des faits de diffusion non consentie de contenus à caractère sexuel, de sextorsion (qui consiste à extorquer de l’argent en effectuant du chantage sexuel) ou de voyeurisme. Cette catégorie est en hausse continue depuis l’attribution de cette compétence à l’Institut en 2020.

Sur le terrain de l’égalité hommes-femmes, l’Institut constate quelques avancées positives. Les pères et coparents, par exemple, se disent majoritairement favorables à ce que le congé de naissance soit rendu obligatoire. En 20 ans, le nombre de congés parentaux pris par des hommes a été multiplié par dix. « Toutefois, ces progrès, lents pour certains, se heurtent à un contre-mouvement toujours plus virulent, où des voix antiféministes, masculinistes, et ultra-conservatrices essayent de plus en plus d’imposer leur agenda », estime l’Institut dans son rapport. « Ces mouvements, qui cherchent à contrer les progrès en matière d’égalité de genre et à restaurer un modèle de société sexiste, menacent ainsi les acquis des dernières décennies », souligne-t-il.

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