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Des baptêmes étudiants plus sûrs ? «Le milieu étudiant est un gros chantier»

Thierry Fiorilli
Thierry Fiorilli Journaliste

Dans les milieux festifs, campagnes et formations antiharcèlement et violences sexuelles fleurissent. Elles débarquent dans les cercles universitaires.

Ana Seré est chargée de projet au Plan Sacha (Safe attitude contre le harcèlement et les agressions), créé par l’asbl Z! , en 2018, pour accompagner les structures festives (festivals, bars, centres culturels) à prévenir et prendre en charge les violences sexistes et sexuelles en Fédération Wallonie-Bruxelles. Un dispositif à trois axes: la formation de l’équipe organisatrice de l’événement, la sensibilisation du public à la culture du consentement et la prise en charge en cas de violences sexuelles. Nous avons demandé à Ana Seré si les baptêmes étudiants étaient réellement plus sûrs aujourd’hui.

Parmi ceux qui vous appellent, y a-t-il des cercles étudiants?

On a une demande croissante de cercles, d’administrations et d’étudiants. On a donné, au printemps, une formation à des responsables de cercles de l’UNamur. En septembre, ce seront des étudiants de Saint-Louis et de l’association des cercles de l’ULB. Nous avons aussi été contactés par Hennalux, la Haute école de Namur, Liège, Luxembourg. Le milieu étudiant est un gros chantier dans lequel on sera de plus en plus investi parce qu’on voit plus que jamais l’importance d’y être présent. C’est clair qu’il se prête à des activités pouvant facilement mener à des dérives s’il n’y a pas une formation en amont. Mais ces activités sont tout à fait possibles dans le consentement éclairé des personnes qui y participent. Il faut juste mettre des balises, pour s’assurer que ce consentement est constamment présent, pris en compte et qu’il peut être retiré à tout moment. En prenant en compte la désinhibition des comportements ; les milieux de fête étant des lieux de prédilection de prise d’alcool et autres drogues.

Ces activités sont tout à fait possibles dans le consentement éclairé des personnes qui y participent.

La formation est différente de celle proposée aux festivals ou aux bars?

Elle est globalement la même. Un modèle théorique, où l’on procède à une mise à niveau: identité de genre, violences sexistes et sexuelles, ce que c’est réellement, etc. Un module où on part de situations concrètes pour réfléchir ensemble aux solutions. Et un module où on réfléchit, toujours ensemble, aux outils pour pouvoir appliquer un protocole clair et établir une charte de valeurs.

Quel type de balises prônez-vous dans le contexte du baptême?

Nous n’avons pas un protocole prêt à l’emploi. Chaque milieu festif a ses spécificités, et on n’a pas d’autre choix que l’approcher en les acceptant, même si elles nous sont incompréhensibles. On part donc des problèmes concrets rencontrés ou redoutés, et on les travaille ensemble pour s’assurer que chaque pratique puisse perdurer dans le consentement des personnes impliquées. On ne va pas, par la seule force de notre volonté, détruire un folklore, même s’il use de pratiques d’humiliation ; on va plutôt chercher des leviers actionnables, qui feront en sorte que ces situations n’entraînent pas de conséquences désastreuses. Et les mettre en place, avec des personnes qui ne voudront pas tout lâcher mais qui seront capables d’entendre qu’il faut des balises. Notre approche pédagogique est donc: «Il y a toujours moyen d’y ajouter une couche de consentement.» Comme dans l’ensemble de la société.

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