Dérives sectaires: par manque de moyens, le CIAOSN se met à l’arrêt
Le Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) suspend ses activités à partir du 1er juillet. En cause, un manque structurel de personnel, qui nuit «gravement» à sa capacité à remplir ses missions.
C’est un petit coup de tonnerre qui parvient du CIAOSN, le Centre d’information et d’analyse sur les organisations sectaires nuisibles. Il informe «le public et ses partenaires de la suspension temporaire de ses activité à partir du 1er juillet 2024».
Cette décision est prise en raison d’un manque structurel de moyens, singulièrement de personnel, qui affecte « gravement sa capacité à remplir les missions qui lui sont confiées par la loi du 2 juin 1998», fais encore savoir le CIAOSN. Un manque criant de moyens est donc constaté, le centre regrettant l’absence dans son équipe d’analystes néerlandophones et de bibliothécaire. Sous le seuil de fonctionnement, il ne peut tout simplement plus travailler.
Malgré quelques signaux encourageants à l’époque, la directrice du CIAOSN, Kerstine Vanderput regrettait déjà un manque de financement et un état de sous-effectif chronique dans un dossier que Le Vif consacrait aux dérives sectaires, en 2022.
La décision de suspension temporaire des activités s’inscrit dans la continuité de constats maintes fois établis ces dernières années. « Cette pénurie chronique de personnel compromet la qualité de notre travail envers le public et les autorités. Elle met également en danger la santé des agents encore en activité et ce, en raison de la pression psycho-sociale ainsi que la charge de travail excessive», fait savoir le CIAOSN.
Attaché au SPF Justice, cet organisme a été fondé en 1998, dans la foulée de la commission d’enquête «sectes» instaurée par le Parlement en 1996, qui faisait elle-même suite à une série de faits d’actualité retentissants à propos des dérives sectaires, dans le courant des années nonante.
L’essentiel des missions du CIAOSN consiste à fournir des avis et informations aux citoyens ou aux autorités qui en font la demande, sur certains mouvements ou certains phénomènes potentiellement sectaires. Il établit alors des fiches détaillées sur ces sujets de préoccupation.
L’équipe du CIAOSN évoque une décision «difficile» et prise «jusqu’à nouvel ordre», mais espère dans le même temps que «cette situation pourra être résolue et que nous pourrons reprendre nos activités dans de meilleures conditions à l’avenir». C’est-à-dire avec des moyens humain à la hauteur des enjeux que posent les dérives sectaires, dont la prise en compte relève d’une «mission essentielle», comme le fait savoir l’équipe.
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