Une activité artistique, une façon de se recentrer sur soi. © getty images

Comment trouver son être essentiel, le « Soi en soi »

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

«Prendre soin de soi» ne concerne plus que le corps. Et si on se souciait de notre âme? exhorte la psychologue Inès Weber.

Psychologue, Inès Weber voit beaucoup de ses patients, ayant pourtant «tout pour être heureux», lui dire qu’«il leur manque l’essentiel». C’est à la recherche de cet essentiel qu’elle nous convie dans Etre soi (1). Qu’on se rassure, ceci n’est pas un énième manuel de coaching personnel…

L’autrice constate que la quête intérieure a rarement été aussi peu explorée qu’aujourd’hui parce que dans notre époque sécularisée et matérialisée, «les questions existentielles et les aspirations essentielles de l’être humain ne sont plus centrales ni même constitutives de notre projet de société». Elle l’explique par le processus de sortie de la religion qui s’est développé en Europe occidentale. Résultat: il a laissé un espace vacant plutôt que la véritable liberté spirituelle qu’il était censé faire éclore. «Rien d’autre n’a pris le relais pour assurer différemment et plus efficacement la même fonction d’élévation des consciences», déplore Inès Weber. L’accès à notre intériorité n’en a pas été facilité.

Le marché de l’ego ne nous aide pas à devenir ce que l’on est.

D’autant que «par le travail interchangeable-fonctionnel et la consommation de masse, le capitalisme industriel a […] entraîné en quelques décennies la dépersonnalisation et l’uniformisation de millions d’êtres humains sur toute la planète. Naturellement, cela a fait renaître encore plus puissamment le besoin contraire d’être unique et différent. Loin de s’en émouvoir ou de s’en inquiéter, les marchés économiques se sont empressés de répondre aux nouveaux besoins qu’ils avaient eux-mêmes créés.» C’est ainsi qu’a prospéré le marché de l’ego. Or, celui-ci nous pousse à construire une identité selon des modèles de référence. Mais il ne nous aide pas à devenir ce que l’on est… A la pression sociétale prônant la recherche du «moi», il faut substituer la quête véritable de «soi», recommande Inès Weber pour répondre à cette demande d’essentiel.

Elle avance quelques pistes pour y arriver: s’interroger sur les moments où l’on a été au mieux dans notre vie, s’imposer des pauses quotidiennes de méditation, même brèves, pour «se rassembler en soi-même», réapprendre à apprécier le silence, pratiquer une activité manuelle, artistique… Le chemin vers la connaissance du «Soi en soi» n’est pas une sinécure. Mais, au contraire de celui pour satisfaire son ego, il est, selon l’autrice, une ouverture aux autres et, en ce sens, «une quête essentielle au service du monde».

(1) Etre soi. Une quête essentielle au service du monde, par Inès Weber, Gallimard, 256 p.
(1) Etre soi. Une quête essentielle au service du monde, par Inès Weber, Gallimard, 256 p. © National

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