Barbara Rosenwein: «Est-il possible pour un homme d’embrasser une femme spontanément sans l’exploiter?» (entretien)
L’historienne des émotions, Barbara Rosenwein décortique l’histoire longue, agitée et complexe de l’amour.
L’essai de Barbara Rosenwein sur l’amour est-il l’ouvrage de trop? On dirait que les essayistes, surfant sur les métamorphoses contemporaines des relations de couple, ne dissertent et ne pensent plus qu’à «ça».
Platonicien ou charnel, extatique ou paisible, idéaliste ou matérialiste, éphémère ou pérenne, le sentiment amoureux reste cependant souvent abordé sous un prisme psychologique. L’universitaire américaine contourne ce sillon, fort labouré, en s’y attelant autrement qu’en termes psychologiques et philosophiques. C’est en historienne des émotions, une spécialité encore timidement développée dans le monde francophone, mais déjà auréolée et reconnue outre-Atlantique, qu’elle décortique l’histoire longue, agitée et complexe de l’amour. Dans une époque qui ne jure que par le désir et le sexe, on se réjouit que cette professeure émérite d’histoire médiévale à l’université Loyola de Chicago donne à l’amour, sous toutes ses formes, une place centrale. Dans Love. Histoire d’un sentiment, elle retrace l’histoire passionnante, et passionnée, des différentes représentations que les femmes et les hommes ont pu se faire des relations amoureuses au cours de l’histoire.
Attention, le lecteur qui escompte de la lecture de son essai ou de cet entretien des réponses définitives quant aux comportements à adopter en matière d’amour risque férocement d’être déçu. Barbara Rosenwein, et c’est le plus beau, ne prétend pas savoir ce qu’est l’amour, encore moins ce qu’il devrait être. Munie d’une solide connaissance historique, elle s’en tient à donner à voir les nombreuses possibilités et formes que peut épouser le sentiment amoureux, de l’Antiquité jusqu’à notre époque, bouleversée par la soif d’égalité entre les sexes et la révolution MeToo. L’amour, «c’est merveilleux et terrible ; c’est parfois une vertu, dans d’autres cas un vice», résume l’autrice.
Il n’y a pas d’amour heureux, titre d’un poème de Louis Aragon, repris en chanson par Georges Brassens, pourrait-il servir d’exergue à votre livre? C’est l’impression qui s’impose à la lecture…
Je ne dirais pas ça. Il y a bien sûr beaucoup d’amours qui deviennent aigres et douloureuses et, parfois, les gens s’accrochent à tout prix à leur relation amoureuse comme s’il y avait de la vertu dans leur douleur (comme ce fut le cas des troubadours médiévaux). Mais mon livre, dans son ensemble, parle des nombreuses possibilités de l’amour, certaines amours sont extatiques (l’amour transcendantal), d’autres plus tranquilles (l’amour à long terme théorisé par les vœux de mariage), et d’autres encore où les amants se fréquentent d’une manière qui apporte un mélange de bonheur et de tristesse. Ce que mon livre montre, ce sont toutes les différentes variétés d’amour. J’essaie de montrer que nous pouvons, dans une certaine mesure, utiliser l’histoire de l’amour comme une sorte de thérapie, pour nous aider à acquérir une nouvelle perspective sur nous-mêmes et nos bien-aimés.
Vous êtes historienne des émotions. Qu’est-ce qui vous a amenée à traiter l’amour, cette matière «inflammable»?
Pendant de nombreuses années, j’ai été attirée par des sujets moins «inflammables»: le monastère de Cluny à son apogée, les privilèges accordés par les papes médiévaux, etc. Pourtant, j’ai toujours trouvé quelque chose d’«inflammable» dans ces sujets à première vue placides. Ce qui m’a amenée à penser à l’amour, c’est sa complexité. L’amour est merveilleux et terrible en même temps. Il nous laisse sans voix et tremblant et, en même temps, il nous pousse à chanter. Pour une historienne des émotions, l’amour comme sujet d’étude est un plaisir extraordinaire tant il est si bien documenté. Il a été le sujet de la poésie, de la philosophie et de la science depuis au moins l’âge d’Homère.
Dans votre livre, vous dites néanmoins que vous êtes «devenue historienne en partie pour [vous] rebeller contre les limites des théories de Freud». Qu’entendez-vous par là?
Selon moi, à l’époque où j’étais étudiante, les théories de Freud limitaient les mécanismes du cœur au point de perdre complètement de vue la complexité de l’expérience humaine. Je me suis rebellée contre la tyrannie du complexe d’Œdipe. Mais je n’ai pas tout rejeté chez Freud, car il m’a appris à penser ce qui «se passe sous la surface» de nos vies conscientes, à savoir dans notre inconscient. En étudiant l’histoire de l’amour, j’ai compris toute l’importance des fantasmes. Freud avait identifié les multiples façons dont ces derniers fonctionnaient dans la psyché humaine. En tant qu’historienne, j’ai pu voir comment des fantasmes ont fini par donner sens à de nombreux sentiments qui nourrissent l’amour.
Chez certains psychanalystes et philosophes, demeure cette idée que l’amour ne serait qu’un mensonge dissimulant la réalité prosaïque et instinctive du sexe. Que vous inspire cette idée?
J’ai récemment entendu un neuroscientifique dire ce genre de chose. Mais c’est plus rare d’entendre un psychanalyste réduire Eros à l’impératif darwinien de se reproduire. Selon moi, on ne peut affirmer une telle chose, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, il y a le rôle de l’ambivalence dans toutes sortes d’amours. Ce qui caractérise l’amour, c’est son ambivalence et évolution à travers les époques. Il n’est pas «une» chose, mais plusieurs. L’amour est – et n’est pas – l’attachement, l’obligation et l’idéalisation. Il n’a pas d’essence unique, il est construit sur la biologie, l’expérience, les histoires entendues et, parfois, fantasmées.
Nous ne sommes pas aussi libres qu’on aimerait le croire dans nos relations amoureuses.
Le moraliste François de La Rochefoucauld disait qu’«il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler de l’amour». Des observateurs contemporains estiment aussi que l’amour ne serait qu’une construction culturelle…
Les Réflexions ou sentences et maximes morales de La Rochefoucauld avaient pour but de faire réfléchir les gens, et cette maxime fait admirablement bien le travail. Il veut que nous nous demandions si tomber amoureux est simplement une question de l’époque dans laquelle on vit. En effet, dans la France du XVIIe siècle, il observait une culture de salon dans laquelle les gens parlaient constamment – et souvent malhonnêtement – de l’amour. L’amour est une construction culturelle, mais ce n’est pas seulement cela. Il doit y avoir, je pense, un substrat biologique dans tout être humain, qui nous donne le potentiel d’aimer. Mais la façon dont ce potentiel est façonné est culturelle. Prenons l’exemple d’un monastère médiéval, où un jeune novice entendait constamment parler de la façon dont il devrait aimer Dieu de tout son cœur et de toute son âme alors qu’il devait totalement résister à la tentation d’aimer (ce qui dans le monastère était assimilé à «avoir des relations sexuelles avec») une femme. On peut aussi prendre l’exemple de notre société, dans laquelle «tout ce dont vous avez besoin est amour», et dans laquelle le célibat est presque diabolisé.
En tant que médiéviste, vous vous intéressez à la galanterie comme rituel de la relation amoureuse. Aujourd’hui, surtout après le mouvement MeToo, certaines autrices estiment que «la culture du viol se nourrit de la galanterie». Que vous inspire cette thèse?
Je n’ai pas lu le livre de Valérie Rey-Robert auquel vous faites implicitement allusion, dans lequel elle avance cet argument. Mais il n’est pas difficile de comprendre ce qu’elle veut dire. Quand le troubadour Guillaume IX d’Aquitaine décrit ses exploits sexuels avec les épouses de Sire Garin et Sire Bernard, ou quand Peire Vidal se vante d’avoir volé un baiser à Dame Vierna pendant qu’elle dormait, nous pourrions comprendre ces scènes comme des invitations aux hommes à violer les femmes. Mais si c’est le cas, nous oublions de replacer ces sources dans leur contexte historique. Ce n’était pas la poésie troubadour qui justifiait l’hostilité envers les femmes au Moyen Age, plutôt l’Eglise médiévale du XIIe siècle (qui était antipathique au sexe) et aussi la culture masculine centrée sur les hommes de l’aristocratie. A la lumière de ces deux forces, les poètes troubadours et les galants qui les suivaient élevaient l’amour. Vidal, que j’évoquais tout à l’heure, a souffert l’exil pour ce baiser volé.
MeToo peut conduire les hommes et les femmes à se méfier les uns des autres
D’une manière générale, quel bilan tirez-vous de la révolution MeToo sur les relations amoureuses?
Ses répercussions ont été généralement utiles. Les femmes ont été victimes d’abus, et elles le sont encore au moment où nous parlons. Mais je me demande si MeToo a eu l’impact révolutionnaire que vous laissez entendre dans votre question. Je suis plus sceptique sur ce point. Cependant, si MeToo a rendu les hommes et les femmes plus conscients de la nature et de l’implication morale de leurs relations, tant mieux. Mais le sujet est trop compliqué pour en rester là. Car MeToo peut conduire les hommes et les femmes à se méfier les uns des autres d’une manière qui mène précisément au genre de relations que MeToo était censé combattre. Est-ce possible pour un homme d’embrasser une femme spontanément sans l’exploiter? Une femme peut-elle flirter avec un homme qu’elle aime sans le considérer comme du harcèlement? Et que signifie MeToo pour la communauté LGBTQIA+? Je pense que MeToo a signifié beaucoup pour les femmes. Elles ont été encouragées à acquérir une plus grande estime de soi. Ce mouvement a également participé à une sensibilisation accrue parmi les hommes, désormais plus attentifs à la dignité des femmes. Mais je pense que seule une petite partie de la population a été touchée par le phénomène. Cependant, l’histoire du mouvement est trop récente pour savoir exactement quelle en sera l’influence.
Vous soutenez que, contrairement aux idées reçues, l’amour d’aujourd’hui n’est pas forcément plus libre que celui du passé…
Je soutiens dans mon livre que les gens n’ont pas été aussi contraints dans le passé que nous pouvons l’imaginer, et nous, dans le présent, ne sommes pas aussi libres qu’on aimerait le croire. Je parle ici principalement des relations durables à long terme. Mais même celles qui sont éphémères sont limitées par de nombreuses règles sociales – dans le passé les règles de la cour, aujourd’hui celles du rendez-vous galant, le date. Historiquement, il est vrai que la plupart des relations à long terme furent des mariages, et les mariages ont probablement toujours inclus des obligations explicites et implicites – en bref, les contraintes – pour chaque conjoint. Dans L’Economique, Xénophon parle du mari et de la femme modèles. Comme la reine des abeilles, l’épouse doit présider la «ruche», la sphère domestique, tandis que le mari a pour tâche de superviser les travailleurs qui fournissent à leur maison les matières premières dont elle a besoin. Dans ce dispositif, l’idée est que cette coopération fait partie du devoir mutuel des époux de s’aimer. Cet idéal de séparation stricte des sphères et de division du travail ne semble plus souhaitable pour certaines couches de notre société aujourd’hui. Certains sont convaincus des avantages de l’amour sans contrainte, ce qui signifie qu’en pratique, il n’y a pas d’obligations clairement définies pour l’un ou l’autre des partenaires. Si «l’amour est tout ce dont vous avez besoin», alors tout ce que vous faites doit être motivé par l’amour seul, pas par la contrainte. Pourtant, souvent, ces tâches non obligatoires nous coûtent davantage que celles du mariage.
A propos du mariage, auquel vous consacrez un chapitre important. En 2010, l’essayiste français Pascal Bruckner publiait Le Mariage d’amour a-t-il échoué? Il estime que c’est le cas. Diriez-vous la même chose?
Bruckner est un merveilleux essayiste, qui nous mord avec des déclarations scandaleuses, nous mettant au défi de réagir. Mais à certains égards, il est très démodé. On ne peut pas concilier l’amour passionnant avec l’amour monotone d’un mariage à long terme. Bruckner défend le modèle d’un partenariat stable pimenté par des aventures extérieures. Il ne fait aucun doute que nous assistons aujourd’hui à des expériences par des couples dont certains sont très ouverts. Permettez-moi toutefois de souligner que cela se limite à certains groupes. Les mariages traditionnels restent toujours la forme dominante, même si beaucoup ne durent pas longtemps.
Une certaine littérature associe l’amour à la mort. En français, les mots sont d’ailleurs proches. Certains estiment que cette proximité phonétique n’est pas due au hasard. On parle d’ailleurs de «mourir d’amour»…
Je ne sais pas s’il y a un lien linguistique, mais l’idée de mourir d’amour était bien connue des médecins depuis la Grèce antique. La maladie de l’amour était une maladie grave et si elle n’était pas guérie, une personne pouvait mourir. Je ne pense pas que l’association des deux soit entièrement due au hasard, bien que Goethe et Wagner soient allés trop loin quand ils en ont fait une sorte d’idéal, comme si le «véritable amour» était l’amour jusqu’à la mort. Je suppose que c’est aussi un idéal chrétien, le Christ mourant pour sauver l’humanité à cause de son amour parfait… Certains psychologues assimilent le mal d’amour à une dépendance. C’est peut-être le cas, mais s’il l’est, c’est une dépendance qui, à certaines périodes (par exemple l’ère romantique), a été valorisée et, à d’autres, dénigrée (comme c’est souvent le cas aujourd’hui).
Dans l’ouvrage La Fin de l’amour, la sociologue Eva Illouz soutient que notre époque se caractérise par l’incertitude palpable qui entoure chaque rencontre, chaque couple. Selon elle, il est difficile de commencer une histoire qui dure, tout comme il serait quasi impossible d’en maintenir une. Que pensez-vous de ce diagnostic?
Il est certainement vrai que le taux de divorce a augmenté et le taux de mariage a diminué au cours des trente dernières années. En ce sens, la «liberté de se désengager» est incontestable. Mais les Etats ont un bon accès aux statistiques sur le mariage et le divorce ; ils ne nous disent rien sur les motifs et le contexte et donc très peu, voire rien, sur l’amour. Les riches n’ont aucune difficulté à se marier ou à divorcer. Les plus modestes peuvent être incapables de se marier. Cela signifie-t-il qu’ils n’aiment pas? Beaucoup de gens vivent ensemble pendant de longues périodes sans enregistrer ce fait auprès de l’Etat. Je ne crois pas que cela veuille dire que «l’incertitude entoure chaque couple». Plutôt que de jeter un regard critique sur l’interprétation de ces statistiques, Illouz conclut rapidement qu’il y a «un désarroi contemporain» quand il s’agit d’amour. Bien qu’elle soit sociologue, elle est encore plus moraliste. J’admire Illouz et j’aime la manière dont elle associe la liberté sexuelle à la consommation. Mais comme elle le sait elle-même, pour parler d’un changement qui s’applique à un groupe non défini aujourd’hui, elle balaie toutes les différentes classes et communautés qui continuent à s’accrocher à telle ou telle tradition d’amour et de sexualité.
S’agissant de liberté sexuelle, plusieurs études récentes rapportent que les jeunes ont de moins en moins de rapports et de partenaires sexuels, malgré la libération sexuelle et la prolifération des applications de rencontre.
J’aimerais d’abord savoir comment ces études ont été menées. J’aimerais savoir combien de jeunes y ont participé. En supposant que ces rapports soient exacts pour tous les groupes de jeunes, hommes et femmes, de tous les milieux, j’aimerais réaliser des entrevues approfondies. Certains jeunes peuvent vivre à la maison avec leurs parents, ce qui expliquerait pourquoi leurs possibilités de relations sexuelles pourraient être réduites. Ils peuvent être déprimés et suicidaires, comme beaucoup de jeunes le sont aujourd’hui, une situation peu propice aux relations amoureuses. Je leur demanderais s’ils adhèrent aux mœurs religieuses qui sont soudainement de nos jours devenues importantes pour eux — et si oui, quelle est la source de cette nouvelle importance.
D’une manière générale, que peut-on apprendre aujourd’hui de l’amour tel qu’il se pratiquait au Moyen Age? On estime qu’il est dépassé. Or, vous soutenez, en substance, qu’il nous hante encore…
La littérature et l’imaginaire du Moyen Age continuent de façonner – pour le meilleur ou pour le pire – nombre de nos idéaux, fantasmes et même identités. Je pense, par exemple, à l’énorme popularité de Disneyland. On peut aussi prendre l’exemple des foules qui se ruent sur le dernier étage du musée du Moyen Age, à Paris, fascinées par les tapisseries de La Dame à la licorne. On peut aussi penser aux histoires qu’on raconte, aujourd’hui encore, aux enfants et avec des récits peuplés de princesses et de châteaux. De la même manière, l’héritage de la période médiévale façonne la manière dont nous comprenons et ressentons l’amour. C’est non seulement la littérature médiévale qui est en jeu aujourd’hui, mais aussi l’Eglise médiévale. Ses notions de hiérarchie, de droits naturels, d’anthropologie ou autre, ont marqué durablement notre monde. Sur le thème de l’amour, l’Eglise médiévale a établi une notion très développée de la transcendance de Dieu qui a aujourd’hui été transférée dans la sphère séculière comme l’amour de sacrifice et l’amour inconditionnel. Dans le même temps, il ne faut pas oublier que la notion de convoitise, qu’on retrouve aujourd’hui encore dans l’amour et les approches de séduction, a été élaborée à l’origine par l’Eglise médiévale.
Votre ouvrage traite de la relation amoureuse. Peut-on envisager l’affect de l’amour à une échelle collective? Par exemple, l’amour comme émotion politique, ou sous une autre forme?
Ce serait un excellent projet. L’amour pour les vedettes de cinéma et les politiciens charismatiques, l’amour de la patrie, l’amour des animaux de compagnie: ces sujets formeraient une annexe très intéressante de mon livre. Je suggérerais même que de tels amours dépendent aussi de fantasmes et de fictions, et je me demande s’ils recoupent les récits que nous avons puisés dans nos relations amoureuses. Si je vis assez longtemps, j’essaierai peut-être de l’écrire!
Bio express
1945
Naissance, à Chicago.
1968
Obtient un master en histoire médiévale à l’université de Chicago.
1974-2014
Professeure d’histoire médiévale à l’université Loyola de Chicago.
2002
Devient membre de la prestigieuse Medieval Academy of America.
2009
Rejoint The Centre for the History
of the Emotions
de la Queen Mary University of London.
2015
Nommée professeure émérite à l’université Loyola de Chicago.
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