Une santé globale pour prévenir les futures crises sanitaires
La pandémie a prouvé l’étroite connexion entre la faune et les humains dans un monde bouleversé par le changement climatique. Face à ce constat, des organisations internationales s’allient pour éviter d’être surpris par la prochaine catastrophe sanitaire.
Ce grand projet, baptisé « Une seule santé » et dont le premier plan quinquennal d’action (2022-2026) a été publié lundi, doit aussi permettre de favoriser le développement durable de la planète. Cette collaboration est « essentielle pour faire face aux menaces sanitaires mondiales, telles que la variole du singe, le Covid-19 et Ebola », ont indiqué dans un communiqué les quatre organisations impliquées dans le projet, à savoir l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les organisations partent du constat que la déforestation à grande échelle, l’agriculture intensive, la dégradation des sols et la perte de biodiversité, parmi d’autres facteurs, menacent l’intégrité des écosystèmes et posent des risques sanitaires accrus au niveau de l’interface homme-animal-plante-environnement, qui touchent plus particulièrement les communautés les plus vulnérables.
Ces risques sont exacerbés par l‘urbanisation croissante, les modes de production et de consommation non durables, la mauvaise gestion des déchets, l’essor des voyages et du commerce, la pollution… autant de modifications de comportements humains qui offrent de nombreuses opportunités aux agents pathogènes de coloniser de nouveaux territoires et d’évoluer sous de nouvelles formes qui peuvent être dangereuses pour tous. Pour la directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen, la pandémie de Covid-19 « démontre sans équivoque que la dégradation de la nature entraîne des risques sanitaires dans tous les domaines« .
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« Chacun a droit à un environnement propre et sain – le fondement de toute vie sur Terre », a-t-elle ajouté dans le communiqué. Un des objectifs est d’accroître la surveillance afin de détecter les menaces plus rapidement, et pouvoir ainsi aider les autorités à prévenir les futures crises sanitaires et à mieux y répondre.
Pas de mur de Berlin
Le Covid-19 a révélé combien il pouvait être difficile de trouver l’origine d’un virus. Mais plus de deux ans après le début de la pandémie, deux études publiées fin juillet dans la prestigieuse revue Science ont conclu qu’elle avait commencé sur le marché de la ville de Wuhan, en Chine, pointant ainsi vers une très probable origine animale du virus. Une théorie remise en cause par les tenants de la théorie d’une fuite d’un laboratoire de la ville. Il n’en demeure pas moins que selon l’OMSA, 75 % des agents pathogènes humains émergents sont d’origine animale.
La gestion des risques sanitaires mondiaux ne peut incomber à un seul acteur et nécessite au contraire la pleine coopération des secteurs de la santé animale, humaine et des écosystèmes, selon les experts. « Il est clair que l’approche +Une seule santé+ doit être au coeur de notre travail commun pour renforcer les défenses du monde contre les épidémies et les pandémies, telles que celle du Covid-19 », a insisté le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans le communiqué.
Cette approche est d’ailleurs « l’un des principes directeurs » du nouvel accord international sur les pandémies que les Etats membres de l’OMS négocient , a-t-il spécifié. Le plan d’action sera officiellement présenté mardi lors d’une conférence internationale sur la santé à Berlin.
Il est axé sur le soutien et le développement des capacités dans six domaines:
- les systèmes de santé
- les épidémies zoonotiques émergentes et réémergentes
- les zoonoses endémiques
- les maladies tropicales et les maladies à transmission vectorielle (comme par exemple le paludisme transmis par les moustiques)
- les risques liés à la sécurité sanitaire des aliments
- la résistance aux antimicrobiens et l’environnement.
L’objectif est de mettre en place des systèmes sanitaires et alimentaires durables, de réduire les menaces sanitaires mondiales et d’améliorer la gestion des écosystèmes. « L’initiative +Une seule santé+ devrait commencer par une bonne gestion des terres et l’arrêt de la déforestation », a assuré le directeur général de la FAO Qu Dongyu.