Protéines solitude
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Protéines de la solitude: comment le fait de se sentir seul modifie notre corps

Stagiaire Le Vif

D’après une récente étude, la solitude et l’isolement social pourraient être des facteurs de mortalité au même titre que le tabac ou l’obésité.

Et si l’isolement et la solitude pouvaient entraîner des changements génétiques chez les êtres humains? C’est ce qu’une étude menée par six scientifiques de l’Université de Cambridge, au Royaume-Uni, et de l’Université Fudan, en Chine, a démontré récemment.

La solitude affecte la génétique

L’étude a été menée sur plus de 40.000 personnes. Un total de 2.920 protéines présentes dans le sang ont été analysées. Pour rappel, les protéines sont des macromolécules, c’est-à-dire de grosses molécules qui jouent un rôle structural dans l’organisme. Elles permettent la croissance et le renouvellement des tissus.  

Parmi les personnes étudiées, 9% indiquaient être isolées socialement et 6% ressentaient de la solitude. Les scientifiques ont pu observer quelles protéines étaient présentes en plus grande quantité chez ces personnes. Cinq protéines particulières ont été identifiées comme liées à l’isolement et à la solitude: GFRA1, ADM, FABP4, TNFRSF10A et ASGR1. L’hypothèse des scientifiques est que celles-ci pourraient directement être influencées par le niveau de solitude. Selon Gérald Deschietere, psychiatre et professeur à l’université de Louvain, «le fait que la solitude diminue l’espérance de vie en bonne santé a déjà été démontré. Ce qu’on voit avec cette étude, c’est que le sentiment de solitude et d’isolement social va avoir un retentissement au niveau des protéines».

Ces protéines influencent divers processus biologiques, comme l’inflammation ou le système immunitaire. Leur taux affecte des pathologies telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, les AVC… Une présence accrue de ces protéines, selon l’étude, augmenterait les risques de développer ces maladies, ce qui expliquerait le lien entre solitude et plusieurs maladies chroniques.

Les liens entre solitude, protéines et santé physique

Les protéines identifiées présentent de larges associations avec d’autres biomarqueurs sanguins. Elles montraient également des changements dans le volume de certaines zones du cerveau impliquées dans les émotions et les interactions sociales. Sur son compte X, Barbara Sahakian, l’une des chercheuses à l’origine de la recherche, confirme: «La solitude est liée à des risques accrus de maladies cardiovasculaires et d’accidents vasculaires cérébraux ainsi qu’à une plus grande vulnérabilité aux infections».

Gérald Deschietere tient à rassurer. Si la solitude et l’isolement social ont un impact génétique, un changement d’environnement peut également réguler un taux trop élevé de certaines protéines. Ainsi, si ces facteurs tendent à disparaître, les protéines se réguleront et leur impact sur la santé aussi.

Néanmoins, les résultats de la recherche soulignent que la solitude n’est pas qu’une expérience subjective: elle se traduit par des effets biologiques et physiologiques mesurables qui augmentent les risques de maladies graves. Ces données rappellent l’importance de stratégies sociales et de santé publique pour lutter contre cette «épidémie silencieuse».

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