Pourquoi les maths peuvent provoquer un mal de tête

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Les maths restent la bête noire des élèves, même les meilleurs s’empressent de les oublier une fois devenus adultes. Ils sont nombreux, en effet, à avoir éprouvé ou à ressentir encore cette véritable phobie, la terreur à chaque nouvelle interro, à craindre les résultats sous les 50%, devenus une habitude.

Les enquêtes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montrent ainsi que les mathématiques jouent un rôle central dans le mal-être des jeunes Belges. Près de deux tiers (dont 82% des filles et 65% des garçons) se déclarent «inquiets à l’idée d’avoir de mauvaises notes en mathématiques», contre 7% des Finlandais, 28% des Italiens et 30% des Allemands.

En plus d’être redoutées, les maths peuvent, physiologiquement, provoquer un mal de crâne. C’est un peu le serpent qui se mord la queue… Une étude très sérieuse, menée par le département de psychologie de l’université de Chicago et publiée dans la revue scientifique Plos One, révèle que l’anxiété que peut causer la pratique des mathématiques déclencherait des céphalées.

Les chercheurs ont eu recours à l’IRMF (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) chez une quinzaine de volontaires pour examiner l’activité du cerveau avant et pendant la réalisation d’exercices mathématiques ardus. «Plus le sujet est anxieux à l’idée de réaliser une tâche mathématique, plus l’activité cérébrale augmente dans des zones associées à la douleur physique», confirment les auteurs, les psychologues Sian Beilock et Ian Lyons, ajoutant que la pratique des maths elle-même n’est pas responsable.

Lorsque les volontaires se préparent à résoudre les problèmes, l’insula postérieure est sollicitée. Une zone qui s’enclenche également quand le corps fait l’expérience de la douleur ou fait face à une menace physique. Précision: l’activation cérébrale ne se produit pas pendant que le sujet exécute ses calculs. Mais le simple fait d’anticiper la tâche redoutée peut entraîner des douleurs cérébrales.

Des maux de tête peuvent ainsi rapidement apparaître, par exemple lorsque les individus ouvrent un manuel ou se rendent en cours. Des tests supplémentaires, effectués par Sian Beilock et Ian Lyons, mettent en évidence que les sujets n’étaient pas de nature anxieuse en général et que leurs angoisses étaient spécifiquement liées aux mathématiques. Des travaux précédents révèlent d’ailleurs que ce type d’anxiété remonte au plus jeune âge, et peut même débuter dès l’entrée en primaire. Toujours selon les auteurs, les institutrices – 83,5% du personnel en Fédération Wallonie-Bruxelles – «auraient la particularité de transmettre leurs angoisses aux jeunes écolières».

Ces résultats pourraient prêter à sourire. Pourtant, les chercheurs sont formels: «L’anxiété liée aux maths est réelle et devrait être traitée comme n’importe quelle autre phobie, afin de fournir une aide concrète aux étudiants qui en souffrent.»

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