Pour un blanchissement dentaire avec du peroxyde d'hydrogène à une dose suffisamment élevée, une seule adresse: celle de votre dentiste. Lui seul pourra juger si l'intervention est susceptible d'avoir un effet dans votre cas. © GETTY

Blanchiment des dents: pourquoi les résultats sont très variables

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

Le blanchiment dentaire est une technique simple pour retrouver confiance en son sourire. Elle est peu risquée si elle est pratiquée dans de bonnes conditions.

S’il ne manque probablement à personne, il faut bien avouer que le masque qu’on nous a fait porter pendant la crise sanitaire avait tout de même deux gros avantages: celui de limiter le risque de contagion, évidemment, mais aussi de camoufler les boutons de fièvre, les appareils dentaires et nos petits ou gros problèmes de dentition, dont un émail terne ou jaunissant.

Plusieurs facteurs expliquent cette particularité. La coloration de base de la dent dépend des terrains héréditaires – familial ou génétique. Elle peut être parfaitement blanche ou légèrement colorée. Tandis que les colorations externes dépendent des habitudes de vie (brossage) et des aliments que nous consommons, comme le café ou le thé, par exemple. Le tabac, lui, est responsable de l’apparition de taches jaunes ou noires sur l’émail.

Avoir – et garder – une denture d’un blanc éclatant n’est pas une préoccupation récente. Comme l’écrit le journaliste Olivier Cyran, auteur de Sur les dents (éd. La Découverte, 2021), les dents symbolisent toutes les inégalités sociales. L’histoire de l’hygiène et de la cosmétique des dents foisonne d’ailleurs de recettes de pâtes blanchissantes éprouvées. Dans la Chine antique, on préconisait d’appliquer une poudre à base de musc et de gingembre. Chez les Aztèques, c’était le tlaxocotl, un produit blanc astringent fabriqué à base d’alun. En Occident, au Moyen Age, on appliquait une poudre composée d’un mélange de pierre ponce brûlée, de sel, de cannelle et de clou de girofle, ou encore un broyat de cannelle, de girofle, de nard, de mastic, d’encens, de blé, d’absinthe, de pattes de crabe et de noyaux de dattes et d’olives.

La technique permet de rendre à la dent son potentiel blancheur mais il est difficile de prévoir le résultat.

Aujourd’hui, la botanique et l’herboristerie ont cédé la place à des techniques moins rudimentaires dont les effets sont immédiats, bien que les préparations à base de citron, de bicarbonate de soude et de carbone végétal fassent toujours recette malgré leur côté acide ou abrasif qui risque de déminéraliser et user l’émail.

Le blanchiment dentaire en ambulatoire ou à domicile

Autre évolution, le blanchiment des dents peut se pratiquer dans plusieurs lieux: à domicile, dans un salon d’esthétique ou dans un cabinet dentaire, et par différents types de professionnels, dentistes ou esthéticiennes, qui ne sont pas soumis aux mêmes réglementations et utilisent des produits différemment dosés.

Il existe deux techniques permettant d’atténuer l’effet dents jaunes ou grises. La première consiste à réaliser une gouttière sur mesure sur la base d’une empreinte dentaire. Cette gouttière devra être portée au moins trois heures par jour (ou de nuit) pendant deux semaines environ, afin de laisser agir le gel qu’elle contient. Un seul composant actif est utilisé: le peroxyde de carbamide (dont le principe actif est l’eau oxygénée). Seuls les produits de blanchiment dentaire qui contiennent jusqu’à 0,1% de peroxyde d’hydrogène, présent ou libéré, sont autorisés à la vente libre en Belgique. Les produits contenant d’autres formes de peroxyde, comme le peroxyde de zinc, le sodium perborate ou le sodium percarbonate doivent respecter la même limite en substance active. Par exemple: 0,1% de peroxyde d’hydrogène correspond à 0,27% de peroxyde de carbamide ou à 0,28% de peroxyde de zinc. Le taux de peroxyde d’hydrogène autorisé peut monter jusqu’à 6% si l’acte est posé par un dentiste.

«Le produit contenu dans la gouttière libère de l’eau oxygénée qui vient casser les molécules pigmentaires, ce qui entraîne l’éclaircissement des dents, résume la Pr Amélie Mainjot, cheffe de clinique dans le service de prothèse fixe au CHU de Liège. La technique permet de rendre à la dent son potentiel blancheur mais il est difficile de prévoir quel en sera le résultat

Une large gamme de produits contenant 0,1% de peroxyde d’hydrogène et promettant au consommateur de retrouver un sourire de star est disponible dans la grande distribution et en parapharmacie. Ils peuvent dès lors agir en surface, sur l’émail, mais n’ont aucun effet sur la dentine. Il y aura peut-être une légère amélioration mais pas d’effet waouh. Sur les sites de vente en ligne, on trouve également des gouttières standard. Comme elles ne sont pas réalisées sur mesure, le produit de blanchiment risque d’être moins bien appliqué sur la dent et de déborder sur la gencive.

Risque de sensibilité

Une autre technique peut être utilisée en cabinet dentaire. Elle est davantage employée dans ce qu’on appelle les bars à sourire. Après avoir appliqué le gel sur les dents, le client doit exposer sa dentition pendant 15 à 20 minutes devant une lampe de blanchiment dentaire qui activera le processus, les rayons UV agissant comme catalyseurs. «Cette technique a l’avantage d’être plus rapide mais présente un risque plus élevé d’engendrer des sensibilités dentaires au froid et au chaud, ce qui constitue l’effet secondaire le plus fréquent et transitoire du blanchiment dentaire», met en garde la Pr Mainjot.

Il n’existe pas de réelles contre-indications au blanchiment des dents mais il est important de savoir que la technique ne fonctionne que sur une dent naturelle et non sur des facettes, des couronnes, ni même sur un plombage blanc. En ce qui concerne les colorations externes qui peuvent apparaître sur les dents, elles peuvent être éliminées avec un détartrage ou un polissage dans un cabinet dentaire.

Purement esthétique, le blanchiment des dents ne fait l’objet d’aucun remboursement et, depuis janvier 2022, il est soumis à la TVA. Il vous faudra donc débourser quelques centaines d’euros selon la technique choisie et le cabinet dentaire auquel vous vous adressez. Pour le blanchiment à base de peroxyde d’hydrogène, il sera sans doute nécessaire de faire un «refresh», plus court et moins coûteux, en entretien après deux ou trois ans. Mais ne dit-on pas qu’un sourire vaut tout l’or du monde?

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