Décès de l’ancien bourgmestre de Bruxelles Freddy Thielemans
L’ancien bourgmestre socialiste de Bruxelles Freddy Thielemans est décédé samedi soir à l’âge de 77 ans, a annoncé dimanche son successeur Philippe Close.
« C’est avec une grande émotion et une grande tristesse, que la famille de Freddy Thielemans me demande d’annoncer son décès. Suite à un accident domestique il y a 5 ans, Freddy Thielemans avait vu sa santé fortement se dégrader. Il est décédé ce samedi soir à 23h », a publié l’actuel bourgmestre de la capitale via Twitter.
« Je veux exprimer toute ma tendresse et mon affection à Cécile sa femme et à ses 2 filles Myra et Camille qu’il aimait tellement. Bruxelles pleure aujourd’hui. Repose en paix Freddy. Ton chef de cabinet inconsolable », a-t-il ajouté.
M. Thielemans a occupé la fonction de bourgmestre de la capitale d’avril 1994 à janvier 1995, puis de janvier 2001 à décembre 2013, avant de céder le relais à Yvan Mayeur. Il avait également été député bruxellois et européen.
Pluie d’hommages de tous bords à l’annonce du décès de Freddy Thielemans
La disparition de l’ex-bourgmestre emblématique de Bruxelles Freddy Thielemans a suscité dimanche une pluie d’hommages allant au-delà de sa famille politique.
La ministre des Pensions, Karine Lalieux, évoque un « grand humaniste, vrai homme de gauche et bourgmestre apprécié de tous ». « Freddy Thielemans était une figure incontournable de Bruxelles. Il incarnait ce Bruxelles que l’on aime: ouvert à la culture, à la diversité et à la fête. Tu m’as tant appris, Freddy. Tu vas nous manquer. »
Pour le chef de groupe socialiste à la Chambre, Ahmed Laaouej, l’ancien bourgmestre était une « personnalité unique, attachante et populaire », qui « incarnait l’esprit bruxellois et nos valeurs de progrès ».
La co-présidente d’Ecolo, Rajae Maouane, déplore la perte d’un « vrai ket », « qui aura marqué la Ville de Bruxelles par sa gouaille, son bagout et sa personnalité ».
François De Smet, président de Défi, souligne que « Freddy Thielemans a marqué l’histoire de la Ville de Bruxelles. Sa personnalité attachante a beaucoup oeuvré au service de tous les habitants de sa Ville, qu’il aimait tant ».
Le président du MR bruxellois David Leisterh rend hommage « au grand Monsieur, au grand Bruxellois, au Grand qu’était Freddy Thielemans. Bruxelles perd une de ses belles figures emblématiques ».
Didier Wauters, chef de groupe cdH/CD&V à la Ville de Bruxelles, salue un « homme de convictions et de dialogue ».
Côté flamand, Egbert Lachaert, président de l’Open Vld, adresse ses condoléances à la famille socialiste, qui perd une « figure haute en couleur ».
Un Bruxellois pur jus plus d’une décennie à la tête de la capitale
Né le 11 septembre 1944 à Laeken, Freddy Thielemans, était enseignant de formation, et gradué en sciences commerciales. Il disposait d’une agrégation pour l’enseignement secondaire inférieur en langues germaniques. Pratiquant son métier d’enseignant de 1966 à 1973, il avait été détaché auprès des Jeunes Socialistes, qu’il avait présidés de 1966 à 1970, et représentés auprès des organes internationaux auxquels adhérait l’organisation. Il avait ainsi travaillé comme expert en matière de jeunesse auprès du Fonds Européen pour la Jeunesse.
Il était devenu secrétaire de l’EUSY (branche européenne de l’Union internationale des Jeunesses socialistes) ainsi que de l’Union des Jeunes Socialistes de l’Europe des neuf. En 1976, il avait réintégré l’enseignement.
En 1983, le bourgmestre de Bruxelles, Hervé Brouhon, le détache aux fonctions de chef de cabinet.
Il fait son apparition sur l’échiquier politique public au niveau communal à l’issue des élections de 1988. A chaque fois réélu depuis lors, il n’a cependant jamais siégé comme conseiller, ayant depuis lors toujours été, soit échevin, soit bourgmestre.
En 1988, il devient échevin chargé des Beaux-Arts, et hérite, en sus, à partir de 1993, de l’Instruction Publique. D’avril 1994 à janvier 1995, il achève la mandature communale en tant que bourgmestre, à la suite de la démission de Michel Demaret (PSC).
Il réintègre ensuite ses fonctions d’échevin. Il est élu au parlement bruxellois à l’issue du scrutin de mai 1995.
En 2000, plus d’un an après son élection au parlement européen, il accède au maïorat, en coiffant sur le poteau François-Xavier de Donnea (MR). Fort de son score électoral, celui-ci s’y était revu un peu trop vite. Pour le PS emmené par Freddy Thielemans, la constitution d’une majorité de type olivier (PS, cdH, Ecolo) représentait une belle opportunité de ravir le maïorat aux libéraux.
Au terme de l’élection de 2006, Freddy Thielemans conforta sa position de bourgmestre à la tête d’une coalition PS, cdH, sans Ecolo relégué dans l’opposition.
Le scrutin d’octobre 2012 redistribua les cartes en faveur d’une coalition socialiste libérale, toujours avec Freddy Thielemans à sa tête. Entre 2009 et 2014, l’ex-bourgmestre de la Ville avait une nouvelle fois siégé également au parlement régional.
Bruxellois pur jus, Freddy Thielemans maniait les langues avec une grande aisance, agrémentant ses interventions avec force figures de style, et références étymologiques et littéraires. Ce militant de la laïcité avait plusieurs facettes, et de multiples passions dont la peinture, ou les arts. C’est ainsi qu’il avait rencontré son épouse, ex-ballerine dans la troupe de Maurice Béjart.
Ses détracteurs le disaient autoritaire dans sa gestion du conseil communal.
Agnostique, à l’aise dans les salons comme dans les bistrots, cet amateur de motos mythiques n’avait jamais dévié de sa trajectoire de socialiste bon teint, depuis avant le temps où il tenait ses permanences sociales dans un établissement de Laeken dénommé « Le Rouge et le Noir ». Bon vivant, il avait été intronisé en 2001 dans la confrérie des « Buûmdroegers » (ndlr: porteurs d’arbre) pour soulever l’arbre du Meyboom quasi chaque année jusqu’en 2015. Sa santé l’avait empêché de le faire depuis lors.
A la Ville de Bruxelles, il était très proche de l’actuel bourgmestre Philippe Close qui, au-delà de leur passion commune pour le rugby, fut son directeur de cabinet. Ce fut toutefois le président du CPAS, Yvan Mayeur, que la section du PS de la Ville avait désigné pour lui succéder au maïorat, du moins, en 2013, car depuis le 20 juillet, l’histoire a donné corps à son voeu, resté longtemps secret, de voir émerger Philippe Close avec lequel il était resté en contact étroit jusqu’à la fin de sa vie.
C’est ce dernier qui a annoncé le décès de l’ancien bourgmestre, dimanche, via les réseaux sociaux.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici