Marchés émergents : un investissement mesuré
Après une année 2017 fructueuse, de nombreux arguments continuent de plaider en faveur des marchés émergents.
L’année 2017 a été un bon cru pour les bourses émergentes, l’indice MSCI* Emergents ayant été soutenu par un contexte d’accélération de croissance globale, plusieurs réformes économiques et une amélioration de croissance bénéficiaire dans les pays émergents.
« L’impact a été important sur les différents pays », constate Marc Danneels (Chief Investment Officer chez Beobank). « La Chine pèse aujourd’hui 30% de l’indice, et la valorisation de sociétés telles que Tencent, Alibaba ou Baidu a provoqué une montée en puissance du secteur technologique qui dépasse désormais le secteur financier avec un poids de 28,5% dans l’indice. De plus, ces différentes sociétés (souvent cotées à New York et Hong Kong) ont suivi le mouvement haussier des valeurs technologiques américaines au cours des derniers mois ».
Casse-tête chinois
La Chine est souvent pointée comme étant un risque important pour les investisseurs qui souhaiteraient s’exposer sur les marchés émergents. Selon Marc Danneels, cette crainte doit toutefois être relativisée. « Il est vrai que l’endettement a fortement progressé depuis 2008 (à plus de 270% du PNB), mais la grande majorité de cette dette est dans les mains de nationaux. Le gouvernement chinois devrait être en mesure d’assurer la stabilité du système et il ne va pas lâcher son économie du jour au lendemain ».
Un tel niveau d’endettement n’est pas non plus anormal dans le contexte d’une économie en pleine transition qui vise à renforcer le secteur des services et la consommation privée. Enfin, le fonctionnement de ce pays permet de prendre des décisions rapides et marquées visant des orientations stratégiques à long terme. De plus, la Chine a désormais pris le flambeau dans le domaine des énergies renouvelables.
Le placement de capitaux sur les marchu0026#xE9;s u0026#xE9;mergents doit u0026#xEA;tre en accord avec le profil de risque de l’investisseur.
Politique
Un autre facteur à prendre en compte avant de s’exposer sur les marchés émergents est l’omniprésence du risque politique et des problèmes de gouvernance. « Ces éléments peuvent provoquer de violentes sorties de capitaux qui peuvent faire varier fortement les cours. Il est donc nécessaire d’avoir un horizon d’investissement à long terme », précise Marc Danneels qui estime également qu’une exposition sur ces marchés doit rester dans les pondérations d’actifs associées au profil de risque de l’investisseur.
Il recommande également d’utiliser des fonds de placement gérés activement. « Premièrement, certains marchés sont difficilement accessibles aux investisseurs privés. Deuxièmement, la diversification est un must. Il est important d’éviter d’être exposé dans un seul pays en raison des « moteurs » économiques qui peuvent varier d’une pays émergent à l’autre. Et troisièmement, il est préférable d’avoir un gestionnaire qui dispose d’une expertise reconnue, qui a des équipes d’analystes sur place et qui pourra s’adapter en fonction des circonstances du marché ».
Monétaire
La politique monétaire mise en place aux Etats-Unis est également un élément qui affecte ponctuellement la tendance sur les marchés émergents. En 2013, l’annonce d’un changement d’orientation avait provoqué une correction sur l’ensemble des actifs émergents (actions, obligations, devises). « L’attente de nouvelles hausses de taux aux Etats-Unis pourrait provoquer des rapatriements de capitaux vers les marchés américains. Dans les prochains mois, nous nous attendons toutefois à ce que le rythme de normalisation de la politique monétaire américaine reste graduelle, sans provoquer de panique sur les actifs émergents », souligne Marc Danneels.
Enfin, un dernier argument en faveur d’une exposition sur les marchés émergents est la valorisation attractive par rapport aux marchés développés. « Les résultats des entreprises situées dans ces pays devraient également rester favorablement orientés dans un contexte de croissance globale soutenue. Sans oublier les devises qui restent valorisées à des niveaux attractifs, avec des déséquilibres externes qui ont été corrigés depuis 2013 et des niveaux d’inflation qui sont sous contrôle », indique encore Marc Danneels.
Qu’est-ce qu’un pays émergent ?
La définition d’un pays « émergent » se base sur deux approches. D’une part, celle du Fonds Monétaire International qui prend en compte des critères économiques, comme le produit intérieur brut par habitant ou le degré de diversification des exportations. Et d’autre part, celle du MSCI qui utilisera des critères plus financiers, comme l’accès des marchés aux investisseurs internationaux, le nombre d’actions pouvant être investies ou le volume d’échanges journaliers.
Les pays émergents ne constituent pas un ensemble homogène. Certains d’entre eux sont fortement dépendants des matières premières, comme la plupart des pays d’Amérique latine ou la Russie. D’autres ont une croissance alimentée par l’émergence d’une économie de services qui s’accompagne d’une hausse des dépenses de consommation. Enfin, un dernier groupe rassemble 158 pays dont les marchés financiers ne sont pas encore suffisamment développés. Ceux-ci sont généralement appelés des marchés frontières.
*Indice boursier mesurant la performance des marchés boursiers de pays économiquement développés
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