Le luxe sur commande
Take the best that exists, and make it better, aurait déclaré un jour Henry Royce. Des paroles prophétiques, puisque rares sont les voitures qui personnifient avec tant d’élégance la notion de perfection et de qualité à toute épreuve… Elle a donc certainement mérité sa place dans le dossier sur les marques iconiques de Le Vif Information Services.
Le 4 mai 1904, au Midland Hotel à Manchester, l’aristocrate Charles Rolls et le fils de meunier Frederick Henry Royce ont rendez-vous avec l’histoire. Passionné d’automobile avant la lettre, Rolls est le propriétaire de la firme C.S. Rolls & Co, qui commercialise principalement des modèles étrangers. Conscient de l’importance future de ce moyen de transport, il est à la recherche du meilleur fabricant du pays pour développer le bolide made in Britain de première qualité qui lui permettra de doper ses ventes. Royce, lui, est un cerveau technique mais aussi et surtout un vrai perfectionniste qui a créé de ses mains un moteur à la fois fiable et silencieux. Rolls voit en lui l’associé idéal, et c’est ainsi que Rolls-Royce Ltd. voit le jour en 1906.
Pour les revêtements en cuir, la firme utilise exclusivement des peaux de bovins élevés dans une zone sans barbelés, buissons épineux ou taons.
La quête permanente de qualité voire de perfection allait devenir le leitmotiv de l’entreprise. Aujourd’hui encore, une Rolls-Royce n’est pas assemblée par des machines mais par des travailleurs en chair et en os (techniciens, spécialistes en design intérieur, menuisiers, forgerons, etc.) qui consacrent en moyenne trois mois à la fabrication d’une voiture. Le soudage de la grille en acier inoxydable à elle seule demande près d’une semaine de travail. Chaque élément a une histoire et répond aux normes les plus sévères : pour les revêtements en cuir, par exemple, la firme utilise exclusivement des peaux de bovins élevés dans une zone sans barbelés, buissons épineux ou taons. Le tableau de bord est fabriqué à partir d’une unique pièce de noyer afin d’assurer la symétrie parfaite des nervures du bois. Chaque exemplaire est unique et la majorité sont d’ailleurs produits sur commande en fonction des desiderata du client. Ce lien qui unit le propriétaire à son véhicule contribue évidemment à la renommée de la marque, mais il est aussi à l’origine du célèbre emblème qui surmonte le radiateur, » the Spirit of Ecstasy « . C’est Sir Scott Montagu qui, suivant la mode de l’époque consistant à doter sa voiture d’une sorte de figure de proue, a fait dessiner cette statuette inspirée par sa maîtresse Eleanor Thornton. Pour limiter la prolifération de mascottes de toutes sortes (et parfois d’un goût douteux), l’entreprise décide à partir de 1910 de doter toutes ces voitures de cette ravissante » Flying Lady « . Initialement en argent, les figurines sont aujourd’hui réalisées en acier inoxydable, quoiqu’une version en or 24 carats soit également disponible en option.
Au cours de ses 110 années d’existence, Rolls-Royce a produit nombre de modèles mythiques. Le plus célèbre est sans doute la Phantom, qui apparaît notamment (en jaune et noir) dans » Goldfinger « , le troisième volet des aventures de James Bond. Si la marque continue à ce jour à séduire nombre de célébrités, de Coco Chanel à David Beckham, il faut bien admettre que ses voitures restent un modèle de grâce, de confort et de conduite silencieuse en dépit de leur masse (un poids de 2.400 kg n’est pas exceptionnel et la force de traction du moteur est légendaire). Le prix est évidemment à l’avenant… mais, comme l’a dit un jour en boutade un ancien porte-parole de l’entreprise, » ceux qui ont besoin de le demander ne sont vraisemblablement pas capables de le payer « .
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