La montée vertigineuse du sans alcool
Il est à présent plus viril de dire que l’on a passé un mois sans boire que de fanfaronner en prétendant que l’on s’est encore saoulé. Celui qui ne consomme pas d’alcool n’est plus une mauviette ou l’homme/la femme providentiel(le) qui a accepté de jouer les Bob. Une mode ou un renversement de valeurs ?
O tempora, o mores. Après avoir constaté qu’il peut y avoir de l’ambiance dans un bistrot où l’on ne fume pas, on se rend compte aujourd’hui que la bière sans alcool ou le mocktail ne gâtent pas non plus la convivialité. Ce n’est pas parce qu’on ne boit pas qu’on est un mollasson. Au contraire : commander une boisson non alcoolisée, c’est s’affirmer. Ce tabou appartient au passé
On a vendu en 2017, plus de 30 millions de litres de bière non alcoolisée ou pauvre en alcool.
Les chiffres le confirment : on a vendu en Belgique, en 2017, plus de 30 millions de litres de bière non alcoolisée ou pauvre en alcool. C’est le double de ce qui se vendait deux ans plus tôt, et 5 % des ventes totales de bières. Les brasseurs considèrent qu’il est réaliste de prévoir à terme une part de marché de 10 %. Les marchands de boissons et les chaînes de supermarchés constatent une hausse de 30 % dans le segment NOLO (No or Low) des bières, vins, mousseux et cocktails. Avec tout autant de qualité gustative.
Le fait que les variantes non alcoolisées soient extrêmement proches des originaux et que les alternatives ne se limitent plus aux sodas stimulent cette tendance. La nouvelle génération de bières sans alcool répond bien aux attentes des connaisseurs de bières. C’est ainsi que la Maes 0.0% a remporté le World Beer Award 2018 dans la catégorie Lager Light. Les barmen, mixologues et restaurateurs relèvent le gant et développent les créations 0,0 % les plus surprenantes. Car nous restons malgré tout des amateurs de bonnes choses.
Cool, le sans-alcool
La tendance à la sobriété est provoquée par la conscience sociale qu’il est inacceptable de prendre le volant après avoir bu quelques verres. Ceci, grâce aux années de campagnes BOB et à une multiplication des contrôles. Par ailleurs, il y a les initiatives à succès et abondamment partagées et commentées sur les réseaux sociaux, comme la Tournée Minérale, dans le cadre de laquelle plus de 100 000 participants jurent de ne pas boire une goutte d’alcool pendant tout un mois. Par parenthèse, huit sur dix y parviennent !
Moins d’alcool, c’est aussi moins de calories.
Le NOLO est très tendance auprès de la génération du millénaire car il est en ligne avec son style de vie sain. De même, les babyboomers et les générations X et Y poursuivent de plus en plus volontiers l’idéal d' »un esprit sain dans un corps sain ». Moins d’alcool, c’est aussi moins de calories. La Maes 0.0% contient 20 kcal/100 ml, soit à peine la moitié d’un soda.
S’agit-il d’une mode ou d’un véritable renversement ? La pression sociale et les arguments liés à la santé, c’est bien beau, mais les gens restent des êtres irrationnels. Il ne suffit pas de savoir qu’il est absurde d’abuser de quelque chose pour cesser d’y être asservi. Nous trouvons-nous face à un véritable renversement dans notre attitude face à l’alcool ou allons-nous bien vite oublier ces 0,0 %, se demandent les psychologues. Ils sont tentés de penser que nous avons dépassé le point de non-retour : plus nous boirons de produits sans alcool, plus cela deviendra la norme. L’époque où nous devions nous justifier de rester sobre et « faire comme tout le monde » est révolue.
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