La déesse de la route
Le Vif Information Services vous emmène dans le monde des marques iconiques. Rencontrez ‘la déesse de la route’ : la Citroën DS, le modèle le plus célèbre de la marque française.
Lorsqu’elle est présentée au public lors du salon de l’auto de Paris après plusieurs années de développement dans le plus grand secret, le 6 octobre 1955, la DS19 fait l’effet d’une bombe. Plusieurs milliers de visiteurs découvrent, ébahis, une voiture avant-gardiste d’une formidable originalité qui réunit plus de nouvelles idées et techniques qu’aucun autre modèle avant elle. À une époque où la conduite sur les routes nationales recouvertes de pavés constitue un plaisir très discutable, la DS gomme littéralement les inégalités du terrain grâce à sa suspension hydropneumatique qui permet d’ajuster automatiquement la garde au sol et lui assure une tenue de route et un confort exceptionnels. Dévorer les kilomètres pendant des heures sans se faire secouer dans tous les sens : avec la DS, c’est désormais possible ! C’est toutefois loin d’être la seule révolution introduite par le modèle, qui applique notamment pour la première fois à grande échelle un système répartissant les forces de freinage sur les quatre roues pour en maximiser l’effet tout en évitant le blocage des roues. Les producteurs de la DS vont même jusqu’à affirmer que sa force de freinage totale égale celle d’une Ferrari. Son pare-brise très bombé aussi présente une foule d’avantages, dont celui d’éviter le problème de l’angle mort. En outre, un pneu crevé à haute vitesse n’est désormais plus synonyme d’une mort certaine, puisque sa géométrie de suspension très particulière permet à la DS de continuer à rouler en ligne droite sans difficulté. Charles De Gaulle aurait pu en témoigner : le 22 août 1962, prise sous le feu de commandos d’extrême-droite, sa voiture reste parfaitement stable malgré deux pneus crevés et prend le large à 100 km/h, semant ses poursuivants.
Les 12.000 commandes enregistrées dès le premier jour s’expliquent certainement aussi en partie par la carrosserie aérodynamique et les lignes futuristes de la DS. Son statut de pionnière est encore renforcé par la possibilité de combiner deux couleurs (aubergine pour le toit et beige pour le reste de la carrosserie, par exemple), à une époque où la quasi-totalité des voitures ne se déclinent qu’en noir ou en gris. En vérité, le modèle est si radicalement différent qu’un journaliste déclare qu’il vient en un coup de rendre obsolètes la moitié des véhicules en circulation de par le monde. Dans les années qui suivent, il sera rejoint par plusieurs autres, dont l’ID19, plus simple mais aussi moins chère. L’Élysée commande même en 1968 une voiture présidentielle basée sur la DS, en spécifiant qu’elle doit absolument être plus longue que la Lincoln du président américain.
Le modèle est si radicalement différent qu’un journaliste déclare qu’il vient en un coup de rendre obsolètes la moitié des véhicules en circulation de par le monde.
Quoique la DS ait été définitivement remplacée par la CX en 1975, la gamme compte à nouveau trois modèles, les DS 3, 4 et 5. L’originale reste toutefois à ce jour la Citroën par excellence, plus encore que la tout aussi légendaire 2CV… et même en cette année 2015, la belle ancêtre n’a pas à rougir de la modernité de son look intérieur ou extérieur. À 60 ans, il faut le faire !
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