Il faut prôner une vision sentimentale de l’entreprise
Lors du troisième opus des soirées inspirantes organisées en collaboration avec Nouveau Renault Espace, huit lecteurs du Vif/l’Express sont partis à la rencontre d’Eric Domb, directeur du parc animalier Pairi Daiza. Invités à un dîner étoilé au » Chalet de la Forêt » à Uccle, ils ont découvert un entrepreneur libéral qui n’a abandonné ni ses valeurs humaines, ni ses rêves d’enfant.
Eric Domb aurait pu faire comme beaucoup en se contentant d’une carrière tranquille de bureaucrate. Mais un jour de 1993, un coup de foudre pour une abbaye cistercienne en ruine fait basculer sa vie : » J’étais en attente d’un projet qui donnerait sens à mon énergie. » Folle pour certains, romantique pour d’autres, son idée est de créer un jardin extraordinaire. Reflet des contes de son enfance, il s’y mêleraientt monuments des quatre coins du monde et animaux sauvages en semi-liberté. A force d’idées, de travail et de ténacité, son rêve s’est transformé en réalité. Devenue la première destination touristique de Belgique, Pairi Daiza a accueilli cette année près de 1,8 millions de visiteurs. Sans la moindre subvention !
Regardez la vidéo de la soirée avec Eric Domb :
Un métier se fait avec passion, et avec éthique
La précision a son importance car, derrière ses allures de doux rêveur, Eric Domb est avant tout un entrepreneur. Au bon sens du terme : » Parce que nous évoluons dans un lieu merveilleux, on croit souvent que Pairi Daiza est un pays de Bisounours. Nous en sommes bien loin ! » Les 500 personnes qui travaillent sur le parc peuvent en témoigner : le quotidien à Pairi Daiza est aussi gratifiant qu’il est ingrat et difficile. » Nous sommes une entreprise anti-cocooning. «
Nous sommes une entreprise anti-cocooning.
» Chacun doit accepter d’y prendre ses responsabilités et de se faire mutuellement confiance. Mon objectif est de rassurer mes employés en faisant tout mon possible pour assurer la pérennité de l’entreprise et donc leur emploi. En échange, tous ceux qui travaillent ici doivent partager notre rêve de faire vivre ce jardin. Ils doivent se dévouer, avec coeur et motivation, à ce projet collectif. » Et visiblement, cela fonctionne.
L’amour de l’entreprise doit redevenir une fin en soi
Singulier dans son approche sociale, Eric Domb l’est également dans sa gestion financière. Conscient que les investissements futurs du parc ne seront pas obligatoirement rentables à court terme, il a récemment choisi de retirer Pairi Daiza des marchés. Loin de renier la Bourse, il reconnait que les fonds qu’il y a levés lui ont permis de faire en quelques années ce qu’il aurait mis des décennies à construire. Mais il voit aujourd’hui les choses différemment : » L’attachement à l’entreprise est un élément nié par l’actionnaire. Son objectif est de produire rapidement de la richesse. Pour moi, une entreprise est un être vivant qui se nourrit de nos énergies, de nos enthousiasmes, de notre épargne, de notre travail et de notre sueur pour prospérer. Je suis à son service, et non le contraire. Et j’ai la faiblesse de penser que cette vision sentimentale du rapport à l’entreprise va revenir à la mode. «
Chacun est en mesure de faire avancer le monde
Fervent défenseur de la libre entreprise, Eric Domb regrette plus globalement la mollesse de notre société : » Nous restons trop nostalgique de l’Etat providence. Nous nous sommes tranquillement installés dans une culture d’obéissance. Tant que l’on pensera que notre avenir et notre richesse dépendent des autres, on continuera à perdre du temps. Je suis cependant persuadé que cela va changer. » Heureusement ou malheureusement, parce que les transferts sociaux vont diminuer pour éventuellement disparaître. Il n’y aura, selon lui, pas d’autre solution que d’adopter une nouvelle attitude.
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