Conduite électrique : la Belgique fait la course en tête
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Nous le constatons tous au quotidien : les voitures électriques sont de plus en plus nombreuses sur les routes belges. La barre des 200 000 véhicules électriques a été franchie cette année et on enregistre 10 000 nouvelles immatriculations chaque mois. Pourquoi une accélération aussi soudaine ? Comment évolue le réseau de recharge ? Les voitures électriques vont-elles devenir plus abordables ? Les experts Jochen De Smet (EV Belgium), Christophe Dubon (Febiac) et Filip Rylant (Traxio) lèvent un coin du voile.
Le parc automobile belge a, pour la première fois, franchi la barre des 100 000 voitures électriques à batterie début 2023. La croissance n’a fait que s’accélérer depuis. « La Belgique est sur la bonne voie en matière de mobilité électrique », se réjouit Christophe Dubon, directeur de la communication de la fédération automobile Febiac. « On recensait déjà 179 800 voitures électriques fin 2023 et 40 272 voitures supplémentaires sont venues s’y ajouter au premier trimestre 2024. »
Jochen De Smet, président d’EV Belgium, la fédération des entreprises qui assurent le passage à l’électrique en Belgique, entrevoit lui aussi une forte évolution : « Il devrait y avoir 250 000 voitures électriques en circulation d’ici le 1er juillet. Les véhicules entièrement électriques représentaient un peu moins de 20 % des immatriculations mensuelles de voitures neuves fin de l’année dernière ; ce chiffre dépassait déjà 26 % en avril dernier. Je m’attends à ce que 40 à 50 % de toutes les nouvelles immatriculations à venir cette année concernent des véhicules électriques. »
Deux explications
Alors que l’essor des voitures électriques a plutôt tendance à ralentir au niveau international, la Belgique s’en sort bien, cette année. « Si l’on s’intéresse au pourcentage de voitures électriques sur l’ensemble des nouvelles immatriculations en Europe, seuls les Pays-Bas, la Norvège et la France font mieux cette année », précise Jochen De Smet. Deux raisons expliquent le succès belge.
« La première, c’est le changement intervenu le 1er juillet 2023 au niveau de la fiscalité des voitures de société », avance Jochen De Smet. « De nombreuses entreprises se sont dit : “Tant qu’à y passer, autant ne pas retarder l’échéance.” Les sociétés de leasing indiquent que depuis lors, jusqu’à 90 % des nouvelles commandes concernent des véhicules 100 % électriques. Cette hausse ne se traduit pas encore dans les chiffres des immatriculations, car ces voitures n’ont pas toutes été livrées. Un grand bond en avant à l’été n’est donc pas exclu. »
Deuxième incitant : la prime flamande pour les véhicules électriques, destinée à aider les particuliers à faire le pas. Jusqu’à la fin de cette année, ceux qui achètent un véhicule électrique de maximum 40 000 euros recevront 5 000 euros pour une voiture neuve ou 3 000 euros pour un modèle d’occasion. Le budget de 26 millions d’euros initialement prévu est déjà épuisé ; la prime a donc atteint son objectif.
Des prix plus bas pour tous les Belges
Plusieurs marques de voitures ont diminué leurs prix pour rester sous le seuil des 40 000 euros. « La prime flamande fait baisser les prix des voitures électriques en Belgique. Les Flamands ne sont donc pas les seuls à bénéficier de ses effets : les Bruxellois et les Wallons en profitent aussi », souligne Christophe Dubon. « Je pense que les prix vont continuer à baisser, les voitures électriques abordables devraient se multiplier sur le marché, surtout à partir de 2025. Renault (R5), Volkswagen (ID.2) et Stellantis (Citroën ë-C3, Fiat Panda), entre autres, ont déjà annoncé des modèles moins chers. Les nouvelles technologies arrivent sur le marché par le biais des voitures les plus chères. Ce fut le cas avec les hybrides. Il en a toujours été ainsi dans l’histoire de l’industrie automobile. »
« La prime flamande fait baisser les prix des voitures électriques en Belgique. »
Christophe Dubon, directeur de la communication à la Febiac
D’après Jochen De Smet, une raison technologique explique la baisse des prix des voitures électriques : « De nombreux constructeurs automobiles adoptent des batteries dotées d’une composition chimique différente. Il reste, aujourd’hui, beaucoup de batteries NMC, composées de nickel, de manganèse et de cobalt, des métaux très rares. La tendance s’oriente clairement vers les batteries LFP (lithium-fer-phosphate) depuis quelques mois. Ces batteries constituent une avancée majeure en termes de performances, d’autonomie, de poids et de prix. Je m’attends à ce que les prix des voitures électriques continuent de baisser à mesure que les batteries coûteront moins cher. »
L’essor chinois
La montée en puissance des marques automobiles chinoises contribue peut-être aussi à faire pression sur les prix. « On craint beaucoup les marques chinoises, mais au vu des chiffres, on ne peut pas encore parler d’un impact considérable en Belgique », précise Christophe Dubon. Les nouvelles immatriculations enregistrées au premier trimestre 2024 le confirment. La marque chinoise la plus populaire chez nous est MG. Elle occupe la 26e place avec 1 069 immatriculations. Elle est suivie par Polestar (683) et BYD (579).
« Il sera compliqué de parvenir à une électrification complète à l’horizon 2035. »
Filip Rylant, porte-parole de Traxio
« De plus en plus de marques automobiles européennes vont chercher des connaissances en Chine et collaborent avec des fabricants chinois en s’inspirant du vieil adage “if you can’t beat them, join them”. C’est actuellement la Chine qui dispose des plus vastes connaissances en matière de construction de voitures électriques, mais il en ira bientôt autrement. L’Europe plaide en faveur d’une production sur le sol européen et je constate que cet appel est entendu », déclare Jochen De Smet.
« Les Chinois ont compris depuis longtemps que l’avenir était aux voitures électriques et se sont approprié l’ensemble de la chaîne, des matières premières à la production de batteries. Voilà qui donne du fil à retordre à l’industrie européenne », explique Filip Rylant, porte-parole de Traxio, la fédération du secteur automobile qui représente les concessionnaires.
« Il est impressionnant de voir à quelle vitesse ils ont réussi à fabriquer de très bons produits. Les Européens n’ont plus d’avance sur leurs concurrents chinois. C’est probablement une bonne nouvelle pour les consommateurs, qui pourront peut-être s’acheter une voiture chinoise abordable. Les marques européennes pourraient aussi se mettre à construire plus rapidement des voitures moins chères. Cela ne changera pas grand-chose pour les garagistes. Nous constatons que les grands acteurs chinois, dont BYD et désormais Chery, optent pour un modèle de distribution classique, avec des points de vente physiques », poursuit Filip Rylant.
Investir en Wallonie
La multiplication des voitures électriques nécessite, bien sûr, davantage de bornes de recharge publiques. La Belgique est aussi en bonne voie dans ce domaine, du moins en Flandre et à Bruxelles, car la Wallonie reste à la traîne. Sur les 57 942 bornes de recharge publiques (leur nombre a pratiquement doublé en un an), 45 211 se trouvent en Flandre, 7 094 en Wallonie et 5 637 à Bruxelles (situation au 31 mars 2024).
« Le nombre de voitures électriques grimpe en flèche. Il devrait atteindre environ deux millions d’ici 2030. L’infrastructure doit suivre. La recharge n’est déjà plus un problème en Flandre. EV Belgium a entamé les pourparlers avec le gouvernement wallon et les esprits mûrissent. Des appels d’offres pour des bornes de recharge publiques se préparent. Les entreprises membres d’EV Belgium sont très enthousiastes à l’idée d’investir en Wallonie », se réjouit Jochen De Smet.
La Wallonie doit installer davantage de chargeurs rapides le long des autoroutes. « La Sofico, l’opérateur qui gère les autoroutes en Wallonie, n’a pas encore commencé les concessions pour installer des bornes de recharge sur les parkings. C’est regrettable, car c’est justement la construction de ces bornes de recharge qui prend le plus de temps. Il faut, en effet, tirer une ligne à haute tension vers un endroit isolé. Il n’y a pas encore de politique structurelle en la matière. »
« La dépendance vis-à-vis du domaine public et de la recharge sur le lieu de travail va augmenter et la part de la recharge à domicile va diminuer », prédit Jochen De Smet. « De plus en plus de travailleurs disposent d’une voiture électrique. Au début, les collaborateurs qui vivent en appartement, par exemple, optaient encore pour un modèle à essence ou hybride rechargeable, mais ce n’est désormais plus possible dans de nombreuses entreprises. Ils dépendent de plus en plus de l’infrastructure de recharge publique. »
Que nous réserve 2025 ?
Reste à savoir si l’essor des voitures électriques va se poursuivre l’année prochaine. « Tout dépend des décisions du futur gouvernement, mais il est certain que la prime flamande pour les véhicules électriques sera supprimée à la fin de cette année. Les particuliers achèteront donc une voiture électrique cette année et pas dans les premiers mois de 2025 », prédit Christophe Dubon.
« En ce qui concerne les voitures de société, un cadre fiscal très clair a été défini jusqu’en 2032. Je ne pense pas que les élections auront un impact sur l’écologisation des voitures de société », estime Jochen De Smet.
Pour Filip Rylant, les voitures électriques devraient garder la cote en 2025. « Il n’y a actuellement pas de problème au niveau des voitures neuves vu l’électrification du parc de leasing. Le volume de voitures vendues reste assez constant d’année en année. Les entreprises optent de plus en plus pour l’électrification, car l’avantage de toute nature que paient les collaborateurs s’envole pour ce qui concerne les véhicules thermiques. Une mesure intermédiaire a encore été introduite cette année pour que cet avantage de toute nature n’augmente pas trop, mais à partir de 2025, vous risquez de le payer cher si vous circulez encore avec un moteur à combustion. »
Les voitures électriques d’occasion restent rares
Les ventes de voitures électriques neuves se portent bien dans notre pays, mais qu’en est-il des voitures d’occasion ? Celles-ci sont généralement plus prisées par les particuliers. Au premier trimestre 2024, à peine 2,7 % des voitures d’occasion étaient 100 % électriques (contre 1,7 % à la même période l’an dernier).
« Il devrait y avoir 250 000 voitures électriques en circulation d’ici le 1er juillet. »
Jochen De Smet, président d’EV Belgium
« L’offre de voitures électriques d’occasion reste limitée », explique Filip Rylant de Traxio. « Il faut compter quatre à cinq ans pour que les voitures de leasing arrivent sur le marché de l’occasion. Un énorme potentiel sera libéré à partir de l’année prochaine. Jusqu’à présent, les voitures électriques d’occasion disponibles étaient essentiellement des modèles pionniers. Il ne s’agissait pas encore des voitures attendues par le grand public. »
« Dans la mesure où la prime flamande pour les véhicules électriques a été ramenée de trois à un an, nous connaîtrons dès l’année prochaine l’impact sur les immatriculations de véhicules d’occasion. La prime arrive un peu trop tôt pour les voitures électriques d’occasion. Si on appliquait les mêmes conditions dans cinq ans, beaucoup plus de voitures électriques seraient concernées. Le prix catalogue initial pour la prime accordée aux véhicules d’occasion est, lui aussi, limité à 60 000 euros, mais combien de voitures électriques coûtaient moins de 60 000 euros, il y a quelques années ? »
L’électrique pour tous à l’horizon 2035 ?
Si cela ne tenait qu’à l’Europe, vous ne pourriez plus acheter de nouvelle voiture thermique dès le 1er janvier 2035. Mais nous n’en sommes pas encore là. Les modalités d’autorisation des carburants synthétiques devront être précisées à l’automne 2024 ; une concession accordée à la demande de l’Allemagne. La faisabilité des projets sera, en outre, réévaluée en 2026. Les nouveaux députés européens voudront-ils mener la même politique que les précédents ?
« Il sera compliqué de parvenir à une électrification complète à l’horizon 2035 », estime Filip Rylant. « Il faut envisager diverses technologies, telles que l’hydrogène, les biocarburants ou les carburants synthétiques. Nous plaidons plutôt en faveur de la neutralité technologique. L’objectif est d’atteindre la neutralité carbone, mais il revient à l’industrie de déterminer comment y parvenir. C’est comme un portefeuille d’investissement : s’il n’est pas bien diversifié, le risque est plus grand. »
Modèles électriques les plus populaires en Belgique
- Tesla Model Y
4 769 - Volvo XC40 Recharge
2 425 - Tesla Model 3
2 339 - Audi Q4 e-tron
1 750 - BMW i4
1 750
Source : FEBIAC, immatriculations de voitures neuves au premier trimestre 2024
#RoadtoEV
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