Paul Magnette, né le 28 juin 1971 à Louvain, est bourgmestre de Charleroi, président du PS et professeur de théorie politique à l’ULB.
Sa carrière politique commence en juin 2007, lorsqu’il est chargé par Elio Di Rupo de résoudre les problèmes du PS de Charleroi. Le PS sort lessivé des élections législatives de 2007, qui voient le MR le dépasser en Wallonie, et cette défaite historique doit beaucoup à la succession de scandales politiques, appelée « affaires », qui ont frappé les socialistes carolorégiens. Dans la foulée, en juillet 2007, Paul Magnette est nommé ministre wallon de la Santé, de l’Action sociale et de l’Egalité des chances. Une ascension éclair, qui se poursuit quelques mois plus tard, lorsqu’il devient ministre fédéral du Climat et de l’Energie.
Il y reste jusqu’en janvier 2013. Il quitte alors ses fonctions de ministre des Entreprises publiques, de la Coopération au développement et de la Politique scientifique dans le gouvernement fédéral d’Elio Di Rupo, pour succéder à Thierry Giet à la présidence intérimaire du Parti socialiste. Entre-temps, en octobre 2012, il était devenu bourgmestre en titre de Charleroi, mandat pour lequel il sera réélu sans peine en octobre 2018.
A la suite des élections législatives, régionales et européennes de 2014, il est désigné ministre-président wallon. A l’été 2017, sa majorité PS-cdH explose, et est remplacée par une majorité MR-cdH. Le PS est renvoyé dans l’opposition. Paul Magnette redevient député wallon, tout en étant bourgmestre de Charleroi.
Paul Magnette a été réélu président du Parti socialiste en mars 2023, après un premier mandat complet débuté à l’automne 2019, lorsqu’il succéda à Elio Di Rupo, parti pour un troisième mandat à la tête du gouvernement wallon.
2. Ses tops/flops
Paul Magnette peut être considéré comme un des principaux concepteurs de la Vivaldi, qui s’est installée au terme de la mission de formation qu’il menait en duo avec Alexander De Croo. Mais qui deviendrait Premier ministre une fois l’accord de gouvernement validé? « On a tiré à pile ou face », répondit avec un grand sourire Paul Magnette. Ce fut Alexander De Croo. Les échecs et les succès du dernier gouvernement fédéral sont donc aussi les siens. Avant cette ultime mission, le Roi l’avait chargé de plusieurs mandats, un d’informateur, à l’automne 2019, puis un de préformateur avec Bart De Wever à l’été 2020.
Tant dans les régions qu’au fédéral, les sorties de Paul Magnette sur le travail gouvernemental ont souvent été particulièrement vocales. Il a plusieurs fois publiquement mis en cause la méthode du gouvernement De Croo. Il a participé à sa volte-face sur le nucléaire et a enclenché celle sur la loi anti-casseurs notamment.
Paul Magnette a aussi parfois fait peser la menace de majorités alternatives dans les entités fédérées, comme sur le décret Crucke en Wallonie, ou le master en médecine à l’UMons en Fédération Wallonie-Bruxelles, où, il a, avec Ecolo et le soutien du PTB, fait modifier une réforme du décret paysage qui mécontentait beaucoup d’étudiants. L’image de Paul Magnette s’écharpant avec un Georges-Louis Bouchez déchaîné sur le plateau de Sacha Daout sur la RTBF, entre un Jean-Marc Nollet dépité de tous ces palabres, a fait le tour de la toile belge, et restera comme un des symboles de cette législature.
Pour ce qui relève de la gestion de son parti, Paul Magnette a dû faire face aux problèmes judiciaires de Marc Tarabella et aux suspicions autour de Marie Arena dans l’affaire du Qatargate, ainsi qu’aux ennuis de Jean-Claude Marcourt, mis en cause dans le scandale du Parlement wallon, et que Paul Magnette, dit-on, a fait démissionner. Plusieurs personnalités ont ainsi été évincées par un président qui avait promis de se montrer « robespierriste », mais ces affaires succèdent aux nombreuses précédentes et ne contribuent pas à la confiance des militants, ni des électeurs.
Comme nous l’écrivions au mois de mars 2023, Paul Magnette a certes été réélu à 93,5% des voix, mais le nombre de votants était à peine d’une dizaine de milliers. Sa présidence n’est pas contestée en interne, mais les attentes de beaucoup de socialistes n’ont pas vraiment été satisfaites. Si la militance, dans l’ensemble des partis, diminue, la tendance touche spécialement l’ancien parti de masses qu’était le PS. Il est aussi un parti de gouvernement, et il souffre de la concurrence du PTB, un parti au programme similaire qui n’est pas confronté aux difficultés de l’exercice du pouvoir.
Enfin, du côté de Charleroi, on notera le flop de l’arrivée finalement annulée du parc Legoland sur l’ancien site de Caterpillar ainsi que la triste renommée de Charleroi comme 6ème ville la plus dangereuse d’Europe selon Numbeo. Un bad buzz international notamment aux Pays-Bas, dont le Palais royal lui-même s’est emparé, emmenant les souverains néerlandais dans la ville industrielle lors de leur visite au mois de juin. Les gros investissements publics (le campus universitaire, le métro, l’esplanade de la gare, la Ville-Haute) et privés dans la capitale du Pays-Noir l’ont déjà beaucoup transformée, mais elle reste une ville confrontée à de pesantes difficultés, budgétaires pour commencer.
3. Vie privée en bref
Le père de Paul Magnette était médecin et originaire de Liège, tandis que sa mère était avocate et Tournaisienne. Ils se sont installés à Charleroi après leurs études universitaires. Il est l’aîné de 4 enfants, trois garçons et une fille. Lui-même a quatre enfants : Jean, Pauline et Victoire, nés d’une première union, et Louis, fils qu’il a eu avec sa compagne actuelle, la psychologue Maude Evrard.
4. Sa place sur les listes électorales en 2024
Par sa présence régulière aussi bien au PS français que dans les médias hexagonaux, des rumeurs avaient un temps laissé penser que Paul Magnette puisse quitter la Belgique pour rejoindre l’Europe ou la France. Ces improbables rumeurs le flattaient, mais il a dû y mettre un terme. Il sera tête de liste au fédéral dans le Hainaut. Il fera face à ses homologues du MR Georges-Louis Bouchez et d’Ecolo Jean-Marc Nollet, qui mènent eux aussi la liste de leur parti dans la circonscription du Hainaut.
Paul Magnette laisse par ailleurs toutes les portes ouvertes sur son rôle après les élections : de Premier ministre si les résultats le permettent à une cure d’opposition si les résultats l’imposent.
5. Ce que prédisent les sondages
Le sondage RTL-Ipsos-Le Soir de juin 2023 plaçait le PS comme premier parti en Wallonie, avec 25,7% des intentions de vote. Un score qui serait stable à celui des socialistes aux catastrophiques élections régionales de 2019 (26,17%). Un an plus tard, en avril 2024, Kantar, pour la RTBF et La Libre, estimait le PS à 25,4% en Wallonie. A Bruxelles, la concurrence avec le MR, Ecolo et le PTB est à l’inverse extrêmement rude, au point de ne pas réellement savoir lequel des quatre l’emporterait. Mais, tendanciellement, le MR est pointé à la première place dans la capitale dans la plupart des sondages effectués ces deux dernières années.
Selon la dernière livraison du « Choix des Belges », réalisé pour La Libre et la RTBF par Kantar en avril 2024, Paul Magnette est la troisième personnalité préférée des Wallons et des Bruxellois, dans les deux cas derrière les libéraux Sophie Wilmès (MR) et Alexander De Croo (Open VLD).