Conner Rousseau, président de Vooruit, est né le 13 novembre 1992 à Saint-Nicolas, en Flandre occidentale. Il a grandi entre Saint-Nicolas et la station balnéaire de Nieuport, en Flandre orientale : son père y est directeur d’un centre de vacances pour enfants défavorisés. Il est l’arrière-petit-fils de la première sénatrice de Flandre occidentale, Marie De Smet. Sa mère, Christel Geerts, a été sénatrice et bourgmestre socialiste de Saint-Nicolas.
Son ascension politique a été fulgurante. Sa licence en droit à peine obtenue, il est engagé par l’ancienne ministre Freya Vandenbossche, puis par l’ancien président du SP.A, Johan Crombez. Jusqu’à son élection comme député flamand en mai 2019, il est directeur de la communication du parti. Devenu député régional flamand, puis, brièvement, chef de groupe, il est élu en novembre 2019 à la présidence de son parti, le SP.A, qu’il rebaptise quelques mois plus tard en Vooruit. En juin 2023, son mandat est reconduit pour une durée de cinq ans, mais il démissionne de sa présidence en automne 2023 à la suite de la révélation de propos racistes et sexistes, ainsi que de menaces, tenus un soir d’ivresse dans un café de Saint-Nicolas. C’est la députée fédérale Melissa Depraetere qui lui a succédé à la tête de Vooruit.
2. Ses tops/flops
Conner Rousseau aura réussi à ramener la gauche flamande à l’avant-plan du jeu politique.
Homme de communication à qui on a souvent reproché de privilégier la forme sur le fond, il a d’abord misé sur son style, tranchant avec celui de ses collègues : exit costumes et chemise, place au t-shirt et aux baskets. Surfant sur l’infotainment exploitée par d’autres avant lui (comme Bart De Wever, qui avait participé en 2010 à l’émission « De slimste mens ter wereld »), Conner Rousseau n’a pas hésité à se déguiser en lapin en 2022 pour concourir dans l’émission « The Masked Singer », sur VTM. Cela a contribué à ce côté grand public de « simple gars qui veut aussi parfois faire autre chose que travailler », et qui appelle tout le monde « mateke » (« mon pote »).
Pour son parti, le changement de style doit passer par un changement de nom : fin 2020, le « parti classique » (dixit Rousseau) qu’était le sp.a est devenu Vooruit, un « mouvement qui se bat contre l’immobilisme » et qui « vise à rassembler tous les Flamands progressistes ». Il ne mise pas seulement sur de nouveaux noms : Conner Rousseau est à l’initiative du retour du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, qui avait quitté la politique en 2011. Une annonce faite sur Instagram, via un très commenté « He’s back, bitches ».
Les petites phrases, le socialiste flamand connaît : en 2022, il avait lancé « ne pas se sentir en Belgique » lorsqu’il roulait à Molenbeek. Les critiques avaient fusé, y compris dans sa propre formation politique, mais il n’a jamais regretté ses propos. Conner Rousseau est régulièrement critiqué pour ses positions peu à gauche, certains l’accusant de courtiser la N-VA.
En juin dernier, Conner Rousseau a créé un énième buzz en faisant son coming-out, via une vidéo diffusée sur YouTube. Une annonce dont le timing n’avait rien d’un hasard : certains médias flamands enquêtaient suite à deux plaintes déposées au parquet d’Anvers pour « faits de mœurs » sur de jeunes hommes. Les deux n’ont abouti à rien. Mais un autre scandale causera la chute de la nouvelle star des sondages. Le 17 novembre 2023, il démissionne, après plusieurs semaines de révélations consécutives à son comportement lors d’une soirée d’été à Saint-Nicolas. Ivre, il s’en était pris à des policiers, les invitant notamment à plutôt s’occuper « des bruns », « les Roms et les Tsiganes », à coup de « matraque ». Conner Rousseau avait d’abord empêché, via des actions judiciaires, la presse flamande de publier ces révélations. Il a ensuite minimisé les faits, présenté des excuses et promis de suivre une formation de sensibilisation au racisme. Mais la reconstitution précise des faits ont détruit une défense devenue inopérante, rendant sa démission inévitable.
3. Vie privée en bref
Si Conner Rousseau aime s’exposer sur les réseaux sociaux, postant régulièrement à propos de ses sorties et de ses aventures en-dehors du monde politique, sa vie privée reste assez mystérieuse et aucune relation officielle ne lui est connue.L’annonce, soigneusement orchestrée, de sa bisexualité, avait été pensée pour atténuer le scandale qu’allaient provoquer la révélation des deux plaintes déposées contre lui. Si Conner Rousseau aime s’exposer sur les réseaux sociaux, postant régulièrement à propos de ses sorties et de ses aventures en-dehors du monde politique, sa vie privée reste assez mystérieuse et aucune relation officielle ne lui est connue. L’annonce, soigneusement orchestrée, de sa bisexualité, avait été pensée pour atténuer le scandale qu’allaient provoquer la révélation des deux plaintes déposées contre lui.
4. Sa place sur les listes électorales en 2024
Après sa démission, un suspense a agité la Flandre politique. Conner Rousseau et son parti y ont mis fin au moment du dépôt des listes : il occupera la dernière place effective sur la liste régionale de Vooruit en Flandre Orientale. Il voudra profiter de ce qui lui reste de popularité pour se faire élire grâce aux voix de préférence. Et, peut-être, amorcer un incertain come-back.
5. Ce que prédisent les sondages
Les conséquences des scandales autour de sa personnalité, et de sa démission, sont très sensibles sur sa popularité. Il suffit de comparer le sondage La Libre-RTBF d’octobre 2023, dans lequel 43% de Flamands souhaitaient le voir continuer à jouer un rôle en politique, ce qui faisait de lui l’homme politique le plus apprécié de Flandre avec la dernière livraison d’avril 2024 : il y perd 12 points, à 31%, et a dégringolé à la dixième place.
La cote de Vooruit, elle, n’avait fait que croître depuis 2019. Le parti avait gagné environ 6% d’intentions de vote depuis 2019, et était devenu la troisième formation politique de Flandre. Mais Vooruit, en six mois, est passé de 16,5% à 11,5% des intentions de vote selon le sondage que réalise Kantar pour La Libre et la RTBF.