Bart De Wever est l’historique président de la N-VA, parti qui a été fondé en 2001 et qu’il dirige depuis 2004. Il y a été réélu pour une cinquième fois en novembre 2020, en étant le seul candidat, alors qu’il avait annoncé, lors des trois derniers scrutins internes, qu’il ne se présenterait plus à la présidence. Bart De Wever est aussi bourgmestre d’Anvers depuis 2013 et député régional au Parlement flamand.
Actif depuis plus de 20 ans dans la politique belge, il a tout connu, sauf la fonction de ministre : les négociations gouvernementales en 2010 et 2014, le parlement flamand dès 2004, le parlement fédéral entre 2007 et 2009, puis entre 2014 et 2019, avant de retourner au parlement flamand en 2019. L’homme de 53 ans est citoyen de Deurne, dans l’est d’Anvers.
2. Ses tops/flops
En son titre personnel de bourgmestre d’Anvers, le mandat de Bart de Wever a été marqué par une augmentation croissante des violences, principalement dans le milieu de la drogue, des règlements de compte et autres fusillades qui ont fait plusieurs victimes. Le port d’Anvers, poumon économique de la Flandre, est en effet un des plus gros points d’entrée de la cocaïne adressée au Vieux Continent.
Il a aussi été épinglé indirectement dans l’affaire de la pollution au PFOS de l’usine 3M à Zwijndrecht (banlieue d’Anvers), dont son cabinet était au courant depuis 2017.
Encore du côté des flops, on se souvient dans le cadre du Covid, des difficultés que les entités fédérées ont rencontré à se mettre d’accord avec le fédéral. En décembre 2021, Bart de Wever avait poussé Jan Jambon, Ministre-président flamand, à provoquer un comité de concertation pour renforcer les restrictions dans le domaine de la culture. Il semble que Bart De Wever voulait empêcher qu’un concert organisé à Anvers ait lieu. Une volte-face politique qui avait provoqué l’indignation des spécialistes, des analystes et du milieu de la culture.
Au niveau fédéral, le renvoi de la N-VA dans l’opposition a impliqué un retrait partiel de Bart de Wever des affaires fédérales, au profit du groupe N-VA à la chambre, de son chef de groupe Peter De Roover et de députés très populaires en Flandre tels que Sander Loones ou Theo Francken. Sans être au pouvoir, la N-VA aura réussi quelques coups politiques, comme la provocation de la démission de la secrétaire d’état l’Égalité des Chances, à l’Égalité des Genres et à la Diversité Sarah Schlitz en avril 2023 ou, quelques mois plus tôt, les révélations sur les erreurs dans les tableaux budgétaires qui ont coûté son secrétariat au Budget, Eva De Bleeker.
La ligne choisie par Bart De Wever, devenu ultra-populaire en Flandre pendant la première décennie du siècle, pour faire croître son parti, plus conservatrice que séparatiste, a contribué dans un premier temps à assécher le Vlaams Belang, qui faisait 25% en Flandre au moment où Bart De Wever est devenu président de son parti. Mais le mimétisme a ses limites, et les vases communicants entre les deux partis de la droite nationaliste flamande semble bénéficier aujourd’hui au Vlaams Belang, aux dépens de la N-VA. La réduction du résultat de l’extrême droite est probablement un top dans la carrière de Bart De Wever. Les records que le Belang atteint dans absolument tous les sondages depuis lors sont incontestablement un flop. La concurrence entre ces deux partis à contribué à droitiser le paysage politique flamand, et à marginaliser les grands partis libéral et social-chrétien qui dominaient auparavant la scène politique au nord du pays. Mais elle pose Bart De Wever face à un dilemme historique, compte tenu du succès annoncé du Vlaams Belang et de la place centrale de la N-VA sur l’échiquier flamand : les deux partis nationalistes flamands vont-il gouverner ensemble ?
3. Vie privée en bref
Bart De Wever est marié de longue date à Veerle Hegge et ont ensemble quatre enfants. Son frère, Bruno De Wever, historien à l’université de Gand, estconnu en Flandre pour ne pas partager les mêmes idées politiques que lui.Pas, ou plutôt plus. Car tous les deux sont issus du même moule nationaliste flamand. Leur père, employé des chemins de fer, a été sanctionné après la Deuxième Guerre mondiale pour faits de collaboration. Et Bruno De Wever a terminé sa thèse de doctorat sur les milieux nationalistes flamands pendant la Seconde Guerre mondiale, tandis que son frère cadet en avait entamé une, très complémentaire, sur les milieux nationalistes flamands après la Seconde Guerre mondiale. Thèse qu’il ne termina pas, happé qu’il fut par la politique, engagé à et par la Volksunie, le parti familial, dont la N-VA est l’héritière.
4. Sa place sur les listes électorales en 2024
Bart de Wever se présentera aux élections fédérales au niveau de la circonscription d’Anvers. Il devrait laisser le leadership régional à Jan Jambon, ministre-président flamand.
Ce choix est en droite ligne avec la volonté de la N-VA de gouverner à nouveau au niveau fédéral dans l’espoir de faire passer une septième réforme de l’Etat. En effet, ces derniers mois, Bart de Wever a remis l’ouvrage du confédéralisme sur le métier, déclarant entre autresque « le bateau belge est en train de couler, il faut arrêter ça ». Le président nationaliste, coutumier des déclarations contradictoires, avait un peu avant ça expliqué qu’il n’y avait rien à faire au niveau fédéral. En 2019, par exemple, il avait mené la liste régionale à Anvers comme candidat ministre-président et Jan Jambon était tête de liste fédérale, comme candidat Premier ministre. Quelques semaines plus tard, Jan Jambon devenait ministre-président flamand.
5. Ce que prédisent les sondages
La bataille entre la N-VA et le Vlaams Belang promet d’être très serrée en 2024, tant en Flandre qu’au niveau fédéral. L’écart entre les deux formations n’a cessé de se réduire depuis 2019 et les deux derniers sondages, «De Stemming » effectué par la VRT et De Standaard au mois de mars, ainsi que « Le Grand Baromètre » Le Soir-RTL Info-Ipsos-Het Laatste Nieuws-VTM du mois de juin, confirment la tendance.
Tous deux placent le Vlaams Belang en tête devant la N-VA, mais avec nuance. Selon « De Stemming », l’avance de l’extrême droite serait de 3,6%, soit au-delà de la marge d’erreur (24,6% VS 21% pour la N-VA). Le « Grand baromètre » met plutôt en lumière une différence de 0,9% entre les deux formations, à la faveur du Vlaams Belang : 22,7% contre 21,8% pour la N-VA. Du vrai coude à coude.
Concernant les personnalités préférées, ce n’est pas par la droite que Bart De Wever est menacé, mais bien par la gauche. Selon le « Grand baromètre », Conner Rousseau (président de Vooruit) arriverait devant Bart De Wever et Tom Van Grieken (président du Vlaams Belang). A l’inverse, « De Stemming » positionnait au mois de mars 2023 Bart De Wever personnalité la plus populaire, devant Conner Rousseau et… Alexander De Croo (Open VLD). Tom Van Grieken était lui au pied du podium.