Carte blanche

Les déclarations de Conner Rousseau renforcent l’extrême droite (carte blanche)

Les déclarations de Conner Rousseau sur Molenbeek ne sont pas des erreurs de communication mais une gifle à chaque habitant de Molenbeek, estime ce collectif de signataires habitant dans cette commune bruxelloise. La nouvelle direction prise par Vooruit ressemble à un étrange cocktail de communication flashy, de quelques idées sociales et d’une série d’insinuations et de propositions de droite voire même d’extrême droite. Mais suivre l’extrême droite ne résoudra pas les problèmes sociaux, au contraire.

« Quand je traverse Molenbeek, je n’ai pas l’impression d’être en Belgique. » Ce n’est pas Tom Van Grieken ou Theo Francken qui a fait cette déclaration dans Humo, mais Conner Rousseau, le président de Vooruit. Dans la matinée, Rousseau a réaffirmé sa position sur Radio 1 et ne s’est pas excusé auprès des habitants de Molenbeek. En tant qu’habitants de Molenbeek, de Bruxelles et de Belgique, de telles déclarations nous touchent profondément. Molenbeek est diversifiée. Molenbeek compte aussi des ouvriers du bâtiment qui construisent des stations de métro, des professeurs qui enseignent, des infirmières qui s’occupent des personnes âgées, des étudiants qui veulent poursuivre leurs études. Ce sont des personnes qui font partie intégrante de la classe ouvrière et qui contribuent à façonner la Belgique.

Personne ne niera qu’il y a des problèmes à Molenbeek. 40 % des habitants n’ont pas de médecin généraliste, et les soins primaires sont quasi inexistants dans certains quartiers, tout comme dans plusieurs autres communes pauvres de Bruxelles. Le manque d’investissement dans l’éducation a conduit à une pénurie croissante d’enseignants. Ce phénomène se fait sentir à Molenbeek, mais peut-on en vouloir à un groupe de population ? Les loyers ont fortement augmenté au cours des dernières décennies, affectant le budget de nombreuses familles, les salaires sont bas et le chômage est élevé. La commune de Molenbeek reste une municipalité très diversifiée où de nombreuses langues sont parlées. Mais n’est-il pas un peu trop facile de réduire les défis sociaux d’une commune comme Molenbeek à un problème linguistique touchant une minorité de sa population ?

Des mesures sont prises. Les cours de langue et d’intégration civique, par exemple, sont gratuits dans la Région de Bruxelles. Mais le vrai problème est qu’il n’y a pas assez d’enseignants et qu’il y a des listes d’attente pour les cours de français et de néerlandais. Comme chaque année, il y a des enfants qui ne trouvent pas de place dans une école. Les enfants de Molenbeek n’ont parfois pas d’enseignant pendant des semaines. Pourquoi Rousseau ne vise-t-il pas les dirigeants politiques qui ne parviennent pas à trouver des solutions pour assurer à la fois une bonne éducation (linguistique) et un cadre de vie socialement juste ?

La déclaration de Conner Rousseau n’est pas une erreur de communication. Elle fait partie d’une série de positions qui montrent clairement le virage à droite du parti Vooruit.

Ses déclarations se limitent à montrer du doigt un groupe de population dans une municipalité qui a déjà été stigmatisée par des politiciens tels qu’Éric Zemmour, Donald Trump, Filip De Winter ou Geert Wilders pour leur propre intérêt politique. Au lieu de se concentrer, comme il se doit, sur le manque d’investissement dans le travail, les salaires décents et les services sociaux, les cours de langue et la formation, les projecteurs sont braqués sur un groupe de population issu de l’immigration et sur des enseignants arabophones dont personne ne sait s’ils existent vraiment.

Qui en profite ? Pas la majorité de la population de Molenbeek qui travaille jour après jour pour faire avancer sa commune. Pas les bâtisseurs de ponts qui travaillent à une société où chacun se sent chez lui, quelle que soit son origine ou sa religion. Qui font en sorte que les gens puissent vivre, travailler, apprendre et défendre leurs droits ensemble. Pas les jeunes programmeurs de Molengeek, les athlètes du club d’athlétisme Atlemo ou l’équipe de football du RWDM. Mais Tom Van Grieken et Filip De Winter n’ont pas hésité à féliciter Rousseau pour son point de vue « sobre ».

La déclaration de Conner Rousseau n’est pas une erreur de communication. Elle fait partie d’une série de positions qui montrent clairement le virage à droite du parti Vooruit. Il suffit de penser à sa position sur la privation de certains parents du droit d’avoir des enfants ou à ses commentaires sur les nouveaux arrivants qui ne veulent pas apprendre le néerlandais. Et il s’inspire du « modèle danois », où les sociaux-démocrates se rapprochent de la droite dans l’espoir de regagner les voix des partis d’extrême droite, sans en combattre les idées. Un discours strict contre la migration. Et une attaque « forte » contre la diversité « non assimilée ». Une ligne pour son parti qui révèle une stratégie délibérée pour s’approprier une partie du discours de la droite (extrême).

Une stratégie qui permet de recevoir l’approbation de l’extrême droite mais qui détourne le débat des causes sociales et politiques. Ce n’est pas de cela que la gauche a besoin, mais d’un récit social clair et inclusif qui ose viser plus haut, et non rabaisser davantage.

Marie De Leener, habitant et assistante sociale Molenbeek 

Yasmina Benhammou, inwoner en jeugdwerker van Molenbeek

Johan Leman, Foyer vzw 

Amal Amjahid, championne du monde de Jiu-Jitsu

Aziza El Miamouni, inwoner Molenbeek

Selma Belhadj, assistente sociale et habitante de Molenbeek

Jean Winants, délégué syndical CSC à Molenbeek

Hanne Bosselaers, huisarts bij Geneeskunde voor het Volk Molenbeek

Henri Piccinni, habitant de Molenbeek

Mostafa Mesnaoui, asbl Autour du four 

Adrien Vranken, assistant social à Médecine Pour Le Peuple Molenbeek 

Taghi Khadija Cens Academy 

La maison de quartier Bonnevie Molenbeek

Kris Denys, enseignant Keerpunt Freinetschool Molenbeek 

Khadija Boujnane, animatrice Maison de la Femme en inwoner Molenbeek 

Tine Declerck, habitante Molenbeek

Rachida Aziz, écrivaine

Houry Khalid, Cens Academy 

Estelle Ceulemans, secrétaire général FGTB Bruxelles

Felipe Van Keirsbilck, Secrétaire général de la CNE

Stefaan De Cock, Secrétaire général de la LBC-NVK

Jean-François Tamellini Secrétaire fédéral FGTB

Stéphane Deldicque, vice-président CSC services publics

Pascal Debruyne, Dr. en sience politique, rechercheur Odisee Hogeschool. Président Uit De Marge VZW & Saamo Gent VZW 

Amal Amjahid, Cens Academy 

Azzedine Amjahid Cens Academy 

Jan Busselen, député parlementaire 

Hilde Sabbe, député parlementaire

Lotte Stoops, député parlementaire

Liga Salvador Cens Academy

Marwa Lamrani Cens Academy 

Selma Benkhelifa, avocat

Jacoba Kint, enseignante et habitant de Molenbeek

Adllal Mohamed, Délégué permanent CSC services publics Molenbeek

La Rue asbl – Molenbeek

Philippine Hoegen, artist and teacher

Nicolas Galeazzi, artiste et coach

Els Silvrants-Barclay, kunstcurator en inwoner Molenbeek

Miguel Steel Lebre, architect en inwoner Molenbeek

Marios Bellas, theatermaker in Brussel

Gosie Vervloessem, kunstenaar en inwoner van Molenbeek

Katrien Reist, cultureel werker iMAL

Wouter Hillaert, cultuurjournalist

Lieve Franssen, chorale Bruxellois Brecht-Eisler

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