Anne-Sophie Bailly

L’édito d’Anne-Sophie Bailly: une interdiction des jeux de hasard, juste pour faire sortir Bouchez de ses gonds ?

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Qu’on l’aborde sur le fond ou sous le prisme politique, le projet d’interdiction des jeux de hasard raconte une histoire différente.

C’est peu dire que le projet du ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), d’interdire la publicité pour les jeux de hasard (casino, paris sportifs, machines à sous…) d’ici à la fin de l’année agite tant la majorité gouvernementale que les acteurs du secteur.

Selon ces derniers, bannir la publicité pour les sociétés ayant pignon sur rue reviendrait à ouvrir grand la porte aux acteurs illégaux et digitaux. En plus de mettre à mal la survie financière de beaucoup de clubs sportifs, cette interdiction s’apparenterait à prendre une mesure drastique et radicale pour protéger des cas problématiques qui resteraient, somme toute, très minoritaires. Elle imposerait à un échelon national, une décision qui devrait être au moins européenne.

On peut entendre certains de ces arguments, et notamment celui du champ libre laissé à ces acteurs non contrôlés dont les moyens sont inversement proportionnels à leur éthique. Mais cette crainte doit-elle empêcher l’Etat de protéger ses citoyens les plus fragiles, surtout quand les joueurs dépendants s’avèrent de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes? Est-ce qu’interdire une chose empêche de lutter contre une autre?

Une concertation avec les acteurs du secteur et la Commission des jeux de hasard n’aurait néanmoins pas été superflue afin d’explorer les moyens, tant privés que publics, d’accompagner cette addiction, d’apprendre des initiatives comparables mises en place en Espagne ou en Italie où certaines grandes compétitions sportives sont désormais vierges de ce type de publicités.

Mais visiblement, la volonté était d’avancer rapidement pour faire aboutir un dossier prévu dans l’accord de gouvernement. Ce qui expliquerait le passage par la case arrêté royal pour acter cette interdiction.

Sous l’angle politique, c’est une autre lecture de la polémique qui se dessine. Préparer un arrêté royal, le soumettre à la signature de certains membres de la majorité mais pas par tous, sortir des déclarations dans la presse. On aurait voulu faire sortir de ses gongs et exposer les petits conflits d’intérêts d’un président d’un parti libéral membre de la majorité, président d’un club de foot et équipier de la Ladbrokes Racing Team qu’on n’aurait pas procédé autrement.

On voudrait isoler le MR qu’on ne s’y serait pas mieux pris.

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