Benjamin Hermann

Le lieu commun de Benjamin Hermann | Oser prendre ses responsabilités

Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Les cinq partis de l’Arizona, leurs opposants, Bart De Wever, Maxime Prévot, Georges-Louis Bouchez et tant d’autres: tous ont remarquablement pris leurs responsabilités ces derniers jours.

«Obligation qu’a une personne de répondre de ses actes, de les assumer, d’en supporter les conséquences du fait de sa charge, de sa position.» Telle est la définition du terme «responsabilité» donnée par le dictionnaire de l’Académie française. En néerlandais, le mot «verantwoordelijkheid» laisse peu de doute quant aux similitudes étymologiques. Il en est de même du «Verantwortung» allemand d’ailleurs. Est donc responsable celui ou celle qui répond de ses actes.

Il fut remarquable, ces derniers jours, d’observer à quel point chacun mit un point d’honneur à répondre de ses actes, les assumer et en supporter les conséquences.

Après avoir pris leurs responsabilités au lendemain des élections, cinq partis les ont assumées, sept mois durant, forts de leur légitimité, pour trouver un accord et doter la Belgique du gouvernement fédéral dont elle a grand besoin. «Un accord courageux et responsable», ont dit Les Engagés. «Un engagement clair pour une gestion responsable et ambitieuse», a annoncé le MR.

Parfois, prendre ses responsabilités implique aussi que l’on revienne sur sa parole.

Les partis d’opposition ont pris leurs responsabilités en dénonçant le caractère inique, selon eux, de l’accord récemment conclu. Ils tiendront les membres du gouvernement et leurs partis respectifs pour responsables de la casse sociale redoutée. Les syndicats en feront de même lorsqu’il faudra se rebiffer.

Ce bel élan consciencieux s’applique aussi aux individus.

C’est ainsi que Bart De Wever a choisi, depuis quelques mois déjà, de prendre ses responsabilités en tant que président du premier parti politique du pays, en devenant formateur, puis Premier ministre. Cette dernière décision implique que d’autres, derrière lui, sont tenus de prendre les leurs, de responsabilités. L’ancien ministre de la Défense Steven Vandeput (2014-2018) assurera l’intérim à la tête du parti, jusqu’à la tenue d’élections internes. A 35 ans, Els van Doesburg hérite du maïorat de la métropole anversoise, la plus grande du pays.

C’est également de la sorte que Maxime Prévot a choisi d’endosser le costume de ministre des Affaires étrangères. Ce n’était peut-être pas le portefeuille convoité, mais puisqu’il s’agit de prendre ses responsabilités… Cette décision implique aussi son lot de conséquences en cascade: Yvan Verougstraete devient président de parti et Charlotte Bazelaire, bourgmestre de la capitale wallonne.

C’est encore dans ce même contexte que Georges-Louis Bouchez a posé le choix de rester président du MR. «J’ai réfléchi extrêmement longuement et j’ai une responsabilité envers ma famille politique», a-t-il exprimé. Il se sentira plus utile en défendant la ligne du parti et, accessoirement, en poursuivant les indispensables négociations pour la formation d’un gouvernement bruxellois. Ce n’est pas que l’envie de monter dans  le gouvernement fédéral lui manquait, mais plutôt que les deux fonctions sont difficilement conciliables, si elles sont menées de front.

Ce qui étonne n’est pas tant le choix, parfaitement légitime, de défendre sa famille politique et ses idées, mais le fait qu’il soit posé par celui qui prônait, il y a peu de temps encore, la participation à l’exécutif des présidents de parti ayant mené les négociations. Soit l’exact inverse. Parfois, prendre ses responsabilités implique aussi que l’on revienne sur sa parole. L’essentiel étant de l’assumer.

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